Ils trouvent la mesure trop légère

Covid-19 : dans l'Est, les élus veulent plus qu'un couvre-feu

  • Publié le 30 décembre 2020 à 15:37
  • Actualisé le 30 décembre 2020 à 16:47

Un couvre-feu à 18h00 dans l'Est plutôt qu'un reconfinement : la mesure choisie par le gouvernement pour freiner le rebond de l'épidémie de Covid-19 est jugée trop légère par des responsables locaux, signe de leur inquiétude à la veille d'un réveillon du Nouvel An à haut risque.

"J'aurais aimé que nous arrivions à (...) profiter de cette période de vacances (...) pour pouvoir réaliser une forme de confinement", a déclaré sur France Info le président (LR) de la région Grand-Est, Jean Rottner. "Est-ce que ça ne risque pas de nous faire prendre un train de retard et donc de voir passer de nouveau cette épidémie et courir derrière ?", craint-il. "Je reste dubitative sur la pertinence d'une demi-mesure", a renchéri sur France Bleu Lorraine Valérie Beausert-Leick, présidente (PS) du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. "J'espère que l'avenir nous donnera tort et qu'avancer ce couvre-feu sera suffisant".

Des réactions frappantes quand on se souvient que les fermetures de bars et restaurants fin septembre à Marseille avaient à l'inverse rendu furieux les élus locaux. "Nous ne voulons pas confiner à ce stade: ni un confinement généralisé, ni un confinement local", a fait valoir le ministre de la Santé, Olivier Véran, en annonçant les mesures mardi soir sur France 2. Le gouvernement privilégie plutôt un avancement du couvre-feu à 18h00 au lieu de 20h00 dans certains endroits de la moitié Est du pays, particulièrement menacés par le rebond épidémique.

- "Reprise incontrôlée" -

"Le couvre-feu, qui est un confinement nocturne, est une solution qui montre une certaine efficacité", a commenté sur RMC l'épidémiologiste Yves Buisson, président du groupe Covid-19 à l'Académie nationale de médecine. Mi-novembre, l'agence sanitaire Santé publique France avait d'ailleurs estimé que les couvre-feux imposés localement un mois auparavant avaient permis de ralentir l'épidémie, avant même le confinement du 30 octobre. Selon le ministère de la Santé, 20 départements sont concernés, depuis les Ardennes jusqu'aux Alpes-Maritimes en passant par l'Allier et le Haut-Rhin. La mesure doit prendre effet à partir du 2 janvier, après concertation avec les élus, préfets et agences régionales de santé.

"Pourquoi attendre le 2 et ne pas le faire de suite ?", s'est interrogé Jean Rottner. Le ministère de la Santé justifie ce délai par le fait que l'inflation des tests pendant les vacances de Noël risque de donner une vision faussée de la circulation du virus. Quelques jours d'observation supplémentaires sont donc nécessaires selon lui. Sur les sept derniers jours, une moyenne de 12.000 nouveaux cas quotidiens a été enregistrée, loin de l'objectif de 5.000. 24.743 malades du Covid sont hospitalisés en France, dont 2.666 cas graves en réanimation. Et une augmentation de la circulation du virus semble à craindre après les brassages de population des vacances de Noël. Une "reprise incontrôlée de l'épidémie" en janvier est "probable", avertit le Conseil scientifique qui guide le gouvernement, dans un avis rendu public mardi soir.

- Vaccination : ça traîne ? -

Pour limiter la casse, le couvre-feu national restera en vigueur pour le réveillon de jeudi, alors qu'il avait été exceptionnellement levé la veille de Noël.
"Ne gâchons pas tout avec le réveillon du 31", a exhorté dans Le Parisien/Aujourd'hui en France le patron de l'Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, Aurélien Rousseau. Outre les mesures sanitaires, le gouvernement fait face à d'autres critiques, sur le rythme de la campagne de vaccination.
Beaucoup émanent de soignants, à l'image d'Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, qui reproche à l'exécutif d'"avancer à tout petits pas".
Il faut "faire vacciner les soignants en priorité", a-t-il plaidé sur Europe 1, alors que la première vague de la campagne se concentre sur les structures pour personnes âgées.

La lenteur de la campagne est également devenue un thème politique et des critiques s'élèvent à droite, au centre et à gauche. "L'Allemagne est déjà à plus de 42.000 vaccinés, le Royaume-Uni à 900.000 et la France à moins de 200 ! Après les masques, les tests et l'isolement, un nouvel échec serait terrible", a jugé sur Twitter le responsable LR Bruno Retailleau. "Cet écart (...) dans le démarrage, il est assumé. Ce qui compte c'est que d'ici à la fin du mois de janvier nous aurons rattrapé le décalage", s'est défendu mardi M. Véran, selon qui il faut prendre "le temps de la pédagogie" dans un pays où la défiance envers les vaccins est forte.

AFP

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