Près de 1.500 musulmans l'avaient attaqué

Destruction d'un temple hindou au Pakistan : 26 personnes arrêtées

  • Publié le 31 décembre 2020 à 14:41
  • Actualisé le 31 décembre 2020 à 15:25

Les autorités pakistanaises ont arrêté jeudi 26 personnes, dont plusieurs religieux musulmans, au lendemain de l'attaque par une foule de centaines de personnes d'un temple hindou auquel elles ont mis le feu dans le nord-ouest du pays, a annoncé la police. Quelque 1.500 musulmans avaient attaqué et incendié mercredi le temple - déjà détruit dans des circonstances similaires en 1997 - en signe de protestation contre de récentes rénovations dans un bâtiment adjacent appartenant à des hindous.

L'attaque a eu lieu dans un village reculé du district de Karak, à une centaine de kilomètres au sud-est de Peshawar, capitale de la province de Khyber Pakthunkhwa. "Nous avons arrêté 26 personnes dont des religieux locaux, pour avoir détruit un lieu de culte et incité les gens à l'émeute", a déclaré à l'AFP un responsable local de la police, Fazal Sher. Il a ajouté que la police recherchait une cinquantaine d'autres personnes, identifiées à partir des vidéos de l'attaque. Les discriminations à l'encontre des minorités religieuses sont habituelles au Pakistan, où les musulmans représentent 97% de la population et les hindous à peine 2%.

Le chef de la police du district, Irfanullah Khan, a confirmé ces arrestations. Il a précisé à l'AFP qu'une maison adjacente au temple avait été récemment achetée par la communauté hindoue et était rénovée, ce qui a provoqué la colère des habitants locaux. Les hindous n'ont plus habité dans la région depuis la partition de l'Inde en 1947 et la création du Pakistan, mais des fidèles hindous se rendent de temps à autre dans ce temple et sur la tombe de leur saint Shri Paramhans, mort selon eux dans le village en 1919. "Ces gens ont donné une mauvaise réputation à notre région et ont terni l'image de l'Etat", a affirmé à l'AFP un habitant, Ameen Pashteen.

A Karachi, la capitale de la province du Sindh où vivent la majorité des hindous du pays, plus de 200 personnes ont protesté devant la Cour suprême, demandant justice. "Vous devez respecter la religion des autres. Nous sommes Pakistanais, et personne n'a besoin de nous donner un certificat de loyauté", a déclaré Mangla Sharma, un membre hindou de l'assemblée provinciale du Sindh. Gopal Kamuany, président du Conseil hindou du Pakistan, a accusé les autorités locales de n'être pas intervenues alors que l'attaque était en cours.

"Dans la vidéo de l'attaque, l'administration (locale) regarde sans broncher alors que la foule démantèle le temple. De quelle justice s'agit-il?", s'est-il insurgé. Les Etats-Unis ont placé en décembre le Pakistan sur une liste de pays "particulièrement préoccupants" pour ce qui concerne les violations de la liberté de religion. "La destruction du temple hindou à Karak est un nouvel exemple des discriminations persistantes à l'égard de la commmunauté hindoue assiégée au Pakistan", a réagi Rimmel Mohydin, en charge de la campagne Pakistan à Amnesty International.

AFP

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1 Commentaires
Didier
Didier
3 ans

Croire, c'est faire l'économie de la réflexion. Les sientifiques sont humbles. Les croyants affirment avec aplomb leurs certitudes et n'acceptent pas qu'elles soient discutées, d'où leur irrascibilité contre tout ce qui est autre et leur agressivité. Ce sont de petits dictateurs en puissance qui enferment l'intelligence humaine derrière des postulats et des a priori. Insupportable !