Diffusée sur Canal +

Avec la série Ovni(s), Melvil Poupaud s'aventure aux frontières du réel

  • Publié le 9 janvier 2021 à 18:19
  • Actualisé le 9 janvier 2021 à 18:33

Une pluie de flamants roses, une boule à facettes géante, un pin's volant, des Inuits... Et un Melvil Poupaud moustachu : Canal+ dévoile lundi Ovni(s), une nouvelle série burlesque et poétique, sorte d'"X-files" ancré dans la France des années Giscard. On y suit les tribulations de Didier Mathure, un ingénieur spatial divorcé, plus préoccupé par son travail que ses enfants, qui se retrouve sur la sellette après l'explosion d'une fusée, en 1978.

Muté à la tête du Gepan, le groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non-identifiés - réellement créé par le Cnes, l'agence spatiale française, en 1977 à Toulouse -, ce cartésien dans l'âme va voir ses certitudes vaciller au contact de collaborateurs loufoques, interprétés par Michel Vuillermoz, Daphné Patakia et Quentin Dolmaire. En campant un ingénieur "rationaliste, un peu autoritaire, qui va "petit à petit partir en vrille et finir complètement illuminé", Melvil Poupaud s'est frotté au "côté très burlesque" qu'il n'avait pas "vraiment exploré" dans ses films, visant un jeu entre "Marcello Mastroianni et Louis de Funès", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.

"Didier Mathure, c'est un peu Scully (la sceptique) qui devient Mulder (l'irrationnel)", résume Clémence Dargent, 30 ans, co-autrice de la série, en référence à X-Files, programme culte des années 90. Mais "X-files, c'est la paranoïa", Ovni(s), c'est "sur l'enthousiasme", insiste son co-auteur, Martin Douaire, 36 ans.

- Age d'or de l'ufologie -

Géraldine Pailhas, Nicole Garcia ou encore Laurent Poitrenaux complètent le casting de cette fiction originale de 12 épisodes de 30 minutes, née sur les bancs de la Fémis. "C'était notre projet de fin d'études", raconte Clémence Dargent, diplômée, comme son co-équipier, de la deuxième promotion du cursus série, lancé en 2013 par la prestigieuse école de cinéma. En quête d'un "univers fort", les deux étudiants se sont plongés dans l'histoire du Gepan, dont Martin Douaire a découvert l'existence au détour d'une discussion sur les extra-terrestres... avec un chauffeur de taxi.

"Très vite, on a eu envie de faire une série d'époque" pour raconter "cet âge d'or de l'ufologie où les ovnis étaient un sujet de conversation très actuel", comme le montrent la création du Gepan ou les témoignages de "gens racontant leurs observations" dans des "images de l'Ina", selon Clémence Dargent.
En quête de possibles découvertes scientifiques à ses débuts, "à un moment où il y avait l'envie d'y croire", le Gepan, rebaptisé Geipan (pour groupe d'études et d'informations), s'apparente désormais plus à "un service public", unique en Europe, apportant des explications rationnelles aux soucoupes volantes et autres apparitions célestes, ajoute-t-elle.

- Boîte à lulu -

Dans le cadre de leurs recherches, les deux auteurs ont rencontré des membres du Gepan d'origine, des "passionnés" qui avaient l'impression d'être des "aventuriers au début d'une nouvelle science", relate Martin Douaire, ou encore le responsable de la structure de 2011 à 2016, Xavier Passot, qui gardait dans son "petit bureau" sa "boîte à lulu" contenant "les témoignages les plus farfelus". Ils ont aussi participé à des réunions ufologiques pour concevoir leur comédie, "sans plonger totalement dans le fantastique, ni être totalement sceptique", et en évitant la parodie, selon Clémence Dargent. Sur la même longueur d'ondes, le réalisateur Antony Cordier ("Gaspard va au mariage") s'est évertué à reconstituer les seventies sans s'en moquer. "On ne voulait pas faire un pastiche ou quelque chose de trop ironique", insiste le metteur en scène, qui a misé sur "l'élégance plutôt que l'humour dans les costumes".

Côté décors, l'équipe "a eu la chance de trouver assez rapidement en Belgique, dans les anciens locaux de la RTBF (...), un lieu extrêmement grand, vaste, lumineux", peuplé d'un "tas de machines et d'ordinateurs datant des années 60-70", un "jouet" idéal pour reproduire le Cnes. Autre atout de la série: la bande-son du compositeur électro Thylacine, qui s'est "enfermé plusieurs nuits dans le musée du synthétiseur en Suisse", à Fribourg, usant de "tous les vieux synthés des années 70" à sa disposition pour enregistrer "ses premiers thèmes", s'amuse Antony Cordier. Bonne nouvelle, la saison 2 est déjà sur orbite.

AFP

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