Le couvre-feu à 18h désormais national

Covid-19 : la France se prépare à de longues soirées d'hiver

  • Publié le 15 janvier 2021 à 15:38
  • Actualisé le 15 janvier 2021 à 16:04

A 18H00, rideau : face à la menace de nouveaux variants plus contagieux du coronavirus, la France va avancer le couvre-feu sur tout son territoire à partir de ce week-end, avec l'espoir d'éviter un retour au confinement strict. Déjà en vigueur dans 25 départements, le couvre-feu à 18H00 va être étendu à l'ensemble du territoire métropolitain à "partir de ce samedi et pour au moins 15 jours", a annoncé le Premier ministre Jean Castex jeudi.

Objectif : "réduire encore davantage les contacts sociaux sur les heures de fin de journée, tout en permettant le maintien des activités économiques, éducatives et des déplacements pendant la journée." Les écoles resteront ouvertes, mais les activités physiques et sportives scolaires et périscolaires en intérieur sont suspendues jusqu'à nouvel ordre et le protocole sanitaire dans les cantines sera renforcé. Enfin, le contrôle aux frontières sera "renforcé".
Et "si nous constatons une dégradation épidémique forte, nous serions conduits à décider sans délai d'un nouveau confinement", a prévenu le chef du gouvernement. Ces restrictions sont motivées par l'arrivée de nouveaux variants du coronavirus, qui ont initialement émergé en Angleterre et en Afrique du Sud. Vraisemblablement plus contagieux, ils ont déjà forcé plusieurs pays du continent européen à se reconfiner.

- "Inéluctable" -

Pour l'heure, on a recensé en France 87 cas de contamination par le variant anglais (appelé VOC 202012/01) et 4 cas de contamination par le variant sud-africain, selon le ministère de la Santé. Une enquête menée sur tous les tests PCR positifs de jeudi et vendredi derniers montre que le variant anglais est à ce stade "responsable de 1 à 2% des cas de Covid-19 actuellement diagnostiqués en France", selon l'agence sanitaire Santé publique France. Mais il est "inéluctable" que ce virus mutant se substitue au coronavirus classique d'ici deux à trois mois, a prévenu le virologue Bruno Lina, qui coordonne la cartographie de ce variant.

"L'important, c'est que ça se passe sans coût pour la santé publique. En poursuivant les gestes barrière, les masques, la distanciation et la vaccination, en premier lieu des plus fragiles, cela réduira sa dynamique", a-t-il expliqué à l'AFP. Le variant anglais est suspecté d'être plus contagieux à cause d'une mutation appelée N501Y. Même s'il ne paraît pas intrinsèquement plus dangereux que le coronavirus classique, il risque de poser un problème majeur: davantage de personnes contaminées, c'est davantage de malades qui finissent à l'hôpital, avec un risque accru que le système soit submergé.

Bien que moins présent en Europe pour l'instant, le variant sud-africain préoccupe encore davantage les scientifiques. En plus de la mutation N501Y, il en possède une autre, nommée E484K, soupçonnée de pouvoir réduire l'efficacité des vaccins. Parmi les cas de contamination à ce variant repérés en France, deux concernent des personnes de retour d'un même voyage au Mozambique pendant les fêtes de fin d'année. Elles résident à Nantes et dans le Val-de-Marne. "Il apparaît d'ores et déjà que des personnes contacts à risque pourraient vivre dans d'autres départements d'Ile-de-France, ainsi que dans d'autres régions", a indiqué le ministère de la Santé. "L'apparition de nouveaux variants plus contagieux rend très probable l'intensification de la circulation virale dans les semaines à venir", prévient Santé publique France dans son point hebdomadaire.

- Vaccination élargie -

Mais même sans les variants, l'épidémie continue d'enfler. La semaine du 4 au 10 janvier est ainsi marquée par "une augmentation des indicateurs épidémiologiques" après les "rassemblements festifs de fin d'année", selon Santé publique France. La semaine dernière, on a ainsi enregistré "18.000 cas confirmés en moyenne chaque jour". Selon Santé publique France, "l'augmentation était observée dans toutes les classes d'âge, et est plus marquée chez les moins de 20 ans". Pour tenter d'enrayer l'épidémie, la course contre la montre se poursuit pour vacciner la population.

Après un démarrage poussif et critiqué, plus de 247.000 personnes ont reçu la première injection et la campagne va s'élargir lundi aux plus de 75 ans ne vivant pas en Ehpad, ainsi qu'aux personnes présentant des pathologies à haut risque (insuffisances rénales chroniques, cancer sous traitement, greffes d'organes, trisomie...). 700 centres de vaccinations seront ouverts lundi et seront tous en capacité de donner des rendez-vous pour les quatre prochaines semaines, a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran.

"Si on veut vraiment atteindre un effet minimum, la vaccination des adolescents est importante. On pourrait les vacciner pendant l'été pour retourner à l'école normalement", a estimé sur RTL Stéphane Bancel, le patron français du laboratoire américain Moderna, dont le vaccin est devenu cette semaine le deuxième disponible dans l'Hexagone après celui de Pfizer/BioNTech.

AFP

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