Russie

Poutine se défend d'avoir un palais, l'équipe de Navalny appelle à manifester

  • Publié le 25 janvier 2021 à 19:38
  • Actualisé le 25 janvier 2021 à 20:54

Vladimir Poutine s'est défendu lundi d'être le propriétaire d'un immense palais exposé dans une enquête de l'équipe de l'opposant incarcéré Alexeï Navalny, qui a appelé à de nouvelles manifestations dimanche en Russie.

L'intervention du président russe en personne et le nouvel appel à sortir dans la rue interviennent après le succès d'une première journée d'action samedi qui a vu des dizaines de milliers de Russes braver une interdiction de manifester dans plus d'une centaine de villes. M. Navalny sera lui face aux juges dès le 2 février et risque un long séjour en prison.

Dans une vidéo vue plus de 86 millions de fois sur Youtube, il a soutenu que Vladimir Poutine profitait d'une somptueuse propriété financée par la corruption, sur les bords de la mer Noire. "Je n'ai pas vu ce film, faute de temps (...) Rien de ce qui est montré dedans comme étant mes biens ne m'appartient à moi ou à mes proches", a répondu lundi le maître du Kremlin, lors d'une rencontre télévisée avec des étudiants russes.

Dénonçant des affirmations visant à "laver le cerveau" des Russes, il a évoqué l'absence de toutes preuves. Une réaction notable de celui qui refuse de même prononcer le nom de son principal détracteur.

- "Pour la liberté !"-

M. Navalny a été emprisonné à son retour en Russie, le 17 janvier, après une convalescence de plusieurs mois en Allemagne ayant suivi un empoisonnement présumé dont il accuse le Kremlin. En réaction, il a appelé à des manifestations, accompagnant l'appel de ses accusations sur "le palais de Poutine".

Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue. Fait marquant, les manifestations étaient partout en Russie, et non pas cantonnées à Moscou.

Plus de 3.700 protestataires ont été interpellés, parfois brutalement, et un premier a été condamné lundi à 10 jours de prison, selon l'agence TASS M. Poutine a critiqué ces actions non-autorisées, estimant que chacun devait s'exprimer "dans le cadre de la loi".

Il a aussi, comme d'autres officiels, accusé les organisateurs de la contestation d'avoir mobilisé des "mineurs", les messages pro-Navalny ayant été largement relayées sur les réseaux sociaux et portées par la jeunesse, notamment des adolescents. "C'est ce que font les terroristes quand ils mettent des enfants et des femmes devant eux", a-t-il dit.

Le mouvement de Navalny compte néanmoins recommencer, appelant à manifester le 31 janvier à midi "dans toutes les villes de Russie". "Pour la liberté de Navalny, pour la liberté de tous et pour la justice", a indiqué sur Twitter Léonid Volkov, un proche de l'opposant.
 

La date a été choisie du fait de sa proximité avec le 2 février, lorsque Alexeï Navalny comparaîtra devant un tribunal qui doit décider si sa peine de trois ans et demi de prison avec sursis de 2014, sera transformée en peine de prison ferme. Il lui est reproché d'avoir violé son contrôle judiciaire russe, alors qu'il était soigné en Allemagne pour son empoisonnement présumé.

- "Ingérence" -

Les principales puissances occidentales ont appelé à sa libération. L'Union européenne a même décidé de dépêcher le représentant de sa diplomatie Josep Borrell à Moscou début février et envisage l'adoption de sanctions, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources diplomatiques.

Moscou a de son côté adressé des "protestations vigoureuses" à l'ambassadeur américain, accusant ses services d'avoir soutenu les manifestations sur son site internet.

L'ambassade avait appelé les Américains à la prudence en marge des rassemblements de soutien à Alexeï Navalny, précisant les lieux où ils se déroulaient, puis dit soutenir "le droit de tous à manifester pacifiquement".

Le ministère russe des Affaires étrangères a en outre dénoncé le rôle des acteurs numériques américains, évoquant une "ingérence dans nos affaires intérieures".

Les réseaux sociaux, notamment Instagram ou YouTube mais aussi le chinois TikTok, sont devenus en Russie un espace de contestation où les appels à manifester sont légion.


AFP

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