Ligue 1

Après le bol d'air Canal+, le foot français renvoyé à ses finances

  • Publié le 5 février 2021 à 19:38
  • Actualisé le 5 février 2021 à 20:15

Le football français a repris des couleurs en retrouvant un diffuseur, Canal+, mais l'accord signé jeudi avec la chaîne cryptée, financièrement dérisoire, renvoie les clubs à leurs pertes abyssales, qu'ils chercheront à limiter en demandant des aides publiques.

. Des calculs qui font peur

Depuis jeudi soir et la réattribution des droits TV de la fin de saison à Canal+, pour seulement 35 millions d'euros de plus par rapport à ce que la chaîne devait payer, les calculettes chauffent dans toutes les écuries de Ligue 1 et de Ligue 2.

En 2020-21, le foot français aura reçu environ 683 M EUR en droits domestiques, dont 367 provenant de Canal+, et environ 244 de son diffuseur défaillant, Mediapro... alors qu'il en attendait en tout 1,217 milliard. Soit un montant presque divisé par deux, proche du niveau des droits de la fin des années 2000...

A cette manne, il faudra de plus retirer la taxe Buffet (5% des revenus TV pour le sport amateur), ainsi que la redevance au football amateur (2,5% dus à la Fédération). A ajouter également: tout un tas de taxes similaires moindres, reversées aux acteurs du foot pro (syndicats de joueurs, de clubs, d'entraîneurs, administratifs, arbitres...).

"C'est la solution qui permet de continuer d'exister et de rester visible mais ce n'est pas la solution qui sauve les clubs. Cela va permettre de finir la saison. La suite sera plus compliquée s'il n'y a pas quelque chose qui se passe", a constaté vendredi Raymond Domenech, l'entraîneur de Nantes.

. Des emprunts qui pèsent

Le "sauvetage" à court terme par la filiale de Vivendi arrive au bon moment. Car depuis le printemps 2020, les clubs vivent à crédit. En effet, la LFP s'est endettée depuis le printemps 2020 de près de 350 M EUR. D'abord en souscrivant un prêt garanti par l'État (PGE) de 224,5 M EUR en mai face à l'arrêt anticipé de la saison pour cause de pandémie de Covid-19, puis en octobre, dans l'urgence, avec un prêt de court terme chiffré à 120 M EUR.

Problème: la première des trois échéances de remboursement de ce dernier emprunt, à un taux d'intérêt de 5,5%, est fixée au 16 février et doit être ponctionnée sur les versements de la Ligue auprès des clubs. Pour le PGE, l'horizon est plus dégagé car le remboursement s'étale sur quatre années.

Par chance, Canal+ a consenti à avancer tous les paiements de la fin de saison, soit 200 millions extrêmement précieux pour les clubs, qui seront versés rapidement.

"On va avoir du cash et, au moins à court terme, on va survivre. Disons qu'on a trouvé un traitement pour repousser l'échéance. Mais ça ne va pas changer les modifications prévues dans notre modèle économique", se rassure Philippe Caillot, président-délégué d'Angers, dans Le Courrier de l'Ouest.

. Des aides espérées, des efforts à faire

Comme depuis le début de la crise sanitaire, les regards des dirigeants se tournent vers les pouvoirs publics, ceux-là même qui ont accusé ces dernières semaines le foot pro de "cupidité".

"Je pense qu'il faut réactiver toutes les pistes: exonérations de charges, taxe Buffet, rémunérations d'un certain nombre d'acteurs du football", liste Jean-Pierre Caillot, président de Reims et du collège de Ligue 1, dans un entretien à l'AFP.

Les exonérations de charges patronales étant limitées à 800.000 euros sur l'année, les clubs en ont en effet déjà bénéficié au printemps dernier. Mais ils ont obtenu 48 M EUR de compensation des pertes de billetterie début décembre.

En parallèle, les écuries professionnelles se sont attaquées au périlleux sujet de la baisse des salaires des joueurs, aussi essentielle pour leurs finances qu'utile en termes d'image. Seuls quelques clubs, comme Lens, Montpellier et Reims, ont pour le moment annoncé le succès de telles procédures.

Mais la prise de conscience semble effective. "On a compris avec cette crise sanitaire que les droits TV vont baisser. La méthode des clubs doit être revue", remarque le capitaine de Bordeaux Laurent Koscielny. "Quand vous voyez des transferts à 100 millions alors qu'il y a dix ans, pour un grand attaquant, il suffisait de dépenser 15 millions... Il faut revenir un peu plus à la raison et revoir des choses à la baisse, peut-être au niveau des contrats".

AFP

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