Jugé en appel pour viols et agressions sexuelles

Verdict attendu au procès en appel de Georges Tron

  • Publié le 17 février 2021 à 14:20
  • Actualisé le 17 février 2021 à 14:58

La cour d'assises de Paris s'est retirée mercredi matin pour délibérer au procès de l'ex-secrétaire d'État Georges Tron, jugé en appel pour viols et agressions sexuelles, annonçant le probable épilogue de dix ans de feuilleton judiciaire.

Deux anciennes employées de la commune de Draveil (Essonne), accusent le maire LR de 63 ans de leur avoir imposé des attouchements et pénétrations digitales entre 2007 et 2010, généralement lors de scènes de triolisme avec son adjointe à la Culture d'alors, Brigitte Gruel.

Les deux accusés, qui clament leur innocence, ont été acquittés en première instance en 2018. Ils nient toute relation sexuelle avec les plaignantes ou même entre eux.
Le ministère public a requis cinq ans de prison, dont trois avec sursis, contre Georges Tron et demandé que la peine ferme soit plutôt effectuée sous bracelet électronique. Il a aussi requis deux ans avec sursis contre Brigitte Gruel.

"Quelle que soit la décision que la cour prendra, ces quatre semaines ont été extrêmement dures. Elles ont d'abord été physiquement dures et parce qu'elles ont obligé à aller au fin fond de soi-même", a déclaré Georges Tron, vêtu d'un costume sombre, dans ses derniers mots à la barre.

Rendu public quelques jours après l'éclatement de l'affaire Dominique Strauss-Kahn en mai 2011, ce dossier en appel s'inscrit en plein débat sociétal sur les violences sexuelles et les rapports de pouvoir entre hommes et femmes. Un contexte que les parties civiles n'ont pas manqué d'invoquer durant les longues journées de débats. Georges Tron "a le droit de ne pas être le symbole d'un autre procès que le sien", a plaidé son avocat Antoine Vey lundi soir.

Massages de pieds, mensonges, retournements de veste, enregistrements clandestins, "omerta", descriptions crues de scènes sexuelles trioliques... Pendant quatre semaines, la cour s'est plongée dans le microcosme de la mairie de Draveil, commune de banlieue parisienne que Georges Tron dirige depuis 1995. Cette affaire l'avait contraint à démissionner du gouvernement Fillon en 2011.

- "Pas la cour des Médicis..." -

L'accusation et les parties civiles ont essayé de convaincre la cour que Georges Tron a exercé une "emprise" sur ses accusatrices Virginie Ettel et Eva Loubrieu. Selon eux, cet ascendant moral constitue une forme de contrainte - l'une des caractéristiques du viol et de l'agression sexuelle dans le code pénal.

En 2018, bien que jugeant crédible l'existence de scènes sexuelles, la cour d'assises de Seine-Saint-Denis avait estimé qu'il n'y avait cependant pas de contrainte, arguant notamment de contradictions et de mensonges de la part des plaignantes.

Emmuré dans ses dénégations, Georges Tron a renvoyé durant ce procès l'image d'un homme aux ambitions politiques fauchées, profondément seul. Là où un groupe d'amis venait presque chaque jour soutenir Brigitte Gruel, le maire de Draveil est resté à l'écart lors des suspensions d'audience, sans parler à grand monde.

Connu pour prodiguer de fréquents massages de pieds aux femmes autour de lui, l'édile se défend de toute connotation sexuelle dans sa pratique de la réflexologie plantaire. "Jusqu'au 24 mai 2011, les gens voyaient en moi un réflexologue (...) Et le lendemain, les gens voient en vous un pervers sexuel", a-t-il témoigné lors de son interrogatoire la semaine dernière.

Georges Tron soutient mordicus que ces plaintes participent d'un grand "complot" destiné à le faire chuter et fomenté par ses adversaires politiques dans l'Essonne, qui semblent l'obséder jusqu'à la paranoïa. "C'est pas la cour des Médicis, Draveil...", a ironisé l'avocat général, estimant mardi dans son réquisitoire que cette thèse du "complot" s'est "délitée" au fil des débats.

Le verdict sera l'aboutissement d'une décennie de procédure judiciaire aux multiples rebondissements. Les juges d'instruction avaient initialement prononcé un non-lieu en 2013, infirmé l'année suivante par la cour d'appel de Paris. Puis, en 2017, un premier procès à Bobigny avait été ajourné après quelques jours, faute de temps pour entendre tous les témoins et acteurs.

Le procès en appel, ouvert le 19 janvier, a lui aussi connu un faux départ car Georges Tron était cas contact d'une personne contaminée par le coronavirus. Après un test négatif au Covid-19 du principal

AFP

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