Drame

Un responsable d'un centre de réfugiés de Pau tué par un Soudanais sur le point d'être expulsé

  • Publié le 19 février 2021 à 21:27
  • Actualisé le 20 février 2021 à 07:02

Le responsable d'un centre d'accueil de réfugiés et demandeurs d'asile de Pau, un père de famille de 46 ans, a été tué vendredi à coups de couteau par un Soudanais que la France s'appêtait à expulser.

La victime, depuis 12 ans chef de service au Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) Isard COS, est morte des suite de ses blessures peu après les faits, et son agresseur, un Soudanais de 38 ans, a été interpellé sans incident, a-t-on précisé de même source.

L'agresseur présumé est connu de la police pour des faits de violence, et avait effectué un passage en prison. Mais il était inconnu des services de renseignement et l'attaque n'est pas considérée comme terroriste, selon une source proche du dossier.

L'homme est un demandeur d'asile qui ne vivait pas au centre, mais y avait été pris en charge par le passé. Vers 11H00, il s'est présenté dans les locaux administratifs du Cada pour y rencontrer le chef du pôle asile. Alors qu'il était dans son bureau, "des employés ont été alertés par des cris et ont immédiatement appelé les services de police", a précisé le parquet de Pau.

Policiers et secours ont découvert la victime au sol, porteur de plusieurs plaies, principalement au thorax. L'agresseur présumé était alors gardé dans un bureau annexe par des employés du centre, a détaillé la procureure de la République de Pau Cécile Gensac dans un communiqué.

L'homme a été placé en garde à vue pour assassinat, et une enquête confiée à la sûreté départementale de la police de Pau, pour déterminer l'exact déroulement des faits et leurs motivations, a ajouté la procureure. Une cellule de soutien psychologique a été déclenchée pour le personnel du centre d'accueil.

- "Il devait quitter le territoire" -

Choquée, une employée de 47 ans, en "état de détresse pyschologique", a été transportée à l'hôpital de Pau, selon les pompiers.

Né en 1983, l'agresseur présumé "avait été suivi par le centre d'accueil pour demandeurs d'asile il y a quelques années. Son casier judiciaire fait apparaître deux condamnations exécutées pour faits de violences commis en 2017", selon le parquet.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, venu à Pau porter "la solidarité" du gouvernement, a expliqué que l'homme était arrivé en France en 2015, et s'était vu alors refuser son statut de réfugié par l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides).

Cependant, a ajouté le ministre, il avait été autorisé par la justice administrative à rester en France, une autorisation qui avait pris fin avec sa condamnation à de la prison "pour rixe à l'arme blanche".

L'agresseur présumé n'avait cependant pas répondu à deux convocations, dont une fois fin 2020, pour se faire signifier son expulsion et "c'est parce qu'il devait quitter le territoire national (...) sans doute qu'il est venu ici", a déclaré M. Darmanin devant le centre d'accueil.

Gérald Darmanin "doit maintenant sans délai décréter un moratoire sur l'immigration", a tweeté le N.2 du Rassemblement national, Jordan Bardella, assurant que "l'hospitalité accordée à la Terre entière nuit gravement à la sécurité des Français".

"Un étranger connu par la police pour des faits de violence et ayant fait de la prison en France devrait être renvoyé immédiatement dans son pays. La droite a fait l'erreur de supprimer la double peine, il nous faudra la rétablir", a affirmé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

"Qu'on ne mélange pas tout !", a répliqué M. Darmanin, dénonçant "quelques réactions qui ne font pas honneur à ceux qui les ont faites". "Il est tout à fait normal que la République soit fidèle à la vocation de la France d'accueillir des réfugiés".

A ses côtés, le maire Modem de Pau François Bayrou a exprimé le "double choc" de l'association "qui prend en charge plus de 250 personnes en recherche d'asile, de refuge, dans des moments particulièrement difficiles de leur vie". Un choc "parce qu'ils ont perdu leur collègue, leur ami, leur proche", et que celui-ci a perdu la vie "par l'un d'entre ceux" qu'ils ont vocation "à prendre en charge et aider".

AFP

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