Des négociations avec les ravisseurs sont en cours

Au Nigeria, 317 adolescentes enlevées dans leur école, fortes tensions dans la localité

  • Publié le 26 février 2021 à 20:06
  • Actualisé le 26 février 2021 à 20:13

Plus de 300 adolescentes d'un pensionnat ont été enlevées dans la nuit par des hommes armés dans le Nord-Ouest du Nigeria, un nouvel enlèvement de masse dans une école déclenchant vendredi la colère de la population qui a attaqué un convoi officiel.

A 01H00 du matin vendredi, des "bandits" - nom générique donné localement à des groupes criminels qui terrorisent les populations, et mènent des kidnappings de masse contre rançon - sont arrivés en voiture dans l'internat de Jangebe, dans l'Etat de Zamfara et ont envahi les dortoirs.

Ils ont emmené 317 jeunes filles au cours de ce nouveau kidnapping d'élèves dans le Nord-Ouest du Nigeria, où la situation sécuritaire est de plus en plus précaire et où les habitants sont laissés à eux-mêmes pour assurer leur sécurité. Vendredi, une foule en colère s'en est pris au convoi du ministre local des Affaires intérieures et d'un responsable sécuritaire qui se rendaient à Jangebe.

Des villageois ont "jeté des pierres sur deux véhicules", a rapporté Umar Shehu journaliste pour le quotidien local Daily Trust, qui faisait partie du convoi, ajoutant qu'un caméraman a été gravement blessé à la tête et conduit à l'hôpital. Une cinquantaine d'élèves a réussi à s'échapper, mais leurs parents, refusant qu'elles restent sur place pour être interrogées et recensées par les services de sécurité, ont saccagé l'école.

"Ils sont devenus violents et ont commencé à casser les portes et les fenêtres, nous n'avons pas eu d'autre choix que de les laisser partir" avec leurs enfants, a rapporté un enseignant à l'AFP, sous couvert d'anonymat. Une équipe des forces de sécurité "lourdement armée a été envoyée à Jangebe pour appuyer l'opération de sauvetage en cours, sur les lieux où les écolières auraient été emmenées", a fait savoir le porte-parole de la police locale Mohammed Shehu.
Selon des témoins sur place, des villageois et des parents d'élèves se sont également joints à cette "traque" pour retrouver les jeunes filles.

- Kagara, Kankara, Chibok... -


Ce rapt est le dernier en date d'une série d'enlèvements d'adolescents et d'adolescentes, perpétrés dans le centre et le Nord-Ouest du Nigeria par ces groupes criminels appelés "bandits". Le 17 février déjà, des hommes armés ont enlevé 42 personnes, dont 27 élèves dans un pensionnat à Kagara, dans l'Etat voisin du Niger.

Le président nigérian Muhammadu Buhari a lancé une opération de sauvetage et des négociations avec les ravisseurs sont en cours, selon les autorités, mais les otages n'ont toujours pas été relâchés. Vendredi en fin d'après-midi le chef de l'Etat n'avait fait aucune déclaration au sujet de ce nouvel enlèvement.
Les bandes criminelles en cause sont en général motivées par l'appât du gain, mais certaines ont tissé des liens avec les groupes jihadistes présents dans le Nord-Est du Nigeria, à des centaines de kilomètres.

C'est notamment le cas de celles qui avaient kidnappé en décembre 344 élèves dans un pensionnat de la ville de Kankara, dans l'Etat de Katsina.
Le groupe avait agi pour le compte du groupe jihadiste Boko Haram. Les adolescents de Kankara avaient été libérés après une semaine de captivité, à l'issue de négociations.

Le 9 février, le responsable de ce rapt, un chef de groupe armé appelé Awwalun Daudawa, s'était rendu aux autorités en échange d'une amnistie.
Ce rapt avait provoqué un émoi mondial et ravivé le souvenir de l'enlèvement en 2014 par Boko Haram de plus de 200 jeunes filles à Chibok, dans le Nord-Est du pays.


- Enlèvements contre rançons -

Les bandes criminelles du Nord et du centre du Nigeria pratiquent depuis des années des enlèvements contre rançons en attaquant des villages ou des bus sur des axes routiers. Mais ces derniers mois, elles ont multiplié les attaques visant des écoles. Après l'enlèvement de Kagara mi-février, le président du Sénat Ahmad Lawan avait affirmé qu'une nouvelle "stratégie" devait être adoptée par le gouvernement pour assurer la sécurité des écoles.

Dans un communiqué publié vendredi, il a appelé à "rechercher au plus profond de notre âme comment la Nation en était arrivée à ce point de désolation".
Les violences criminelles de ces bandes ont fait plus de 8.000 morts depuis 2011 et forcé plus de 200.000 personnes à fuir leur domicile, selon un rapport du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) publié en mai 2020.

AFP

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