Vers de nouvelles restrictions

Covid-19 : une partie de la France en sursis, le gouvernement jugé trop attentiste

  • Publié le 26 février 2021 à 15:42
  • Actualisé le 26 février 2021 à 16:24

Le gouvernement veut prendre son temps pour décider de nouvelles restrictions sanitaires dans vingt départements couvrant Paris, Lyon et Marseille, où les cas de coronavirus menacent de flamber, une stratégie de riposte graduelle qui lui vaut des critiques d'attentisme.

Alors que Nice et Dunkerque s'apprêtent à vivre leur premier week-end de l'année 2021 confinés, toute la région parisienne, le Rhône, les Bouches-du-Rhône et une partie des Hauts-de-France et du Grand Est notamment se sont réveillés en sursis vendredi, placés sous "surveillance accrue" par l'exécutif.

Déjà soumis comme le reste de la France métropolitaine au couvre-feu de 18h, ces territoires pourraient se voir imposer dans une semaine des mesures encore plus strictes, dont des confinements locaux le week-end, si la situation continuait à se dégrader, a prévenu jeudi le Premier ministre Jean Castex, en promettant la concertation avec les élus.

Après avoir plaidé dès jeudi soir pour un confinement "tout court" de trois semaines, le premier adjoint de la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, a tempéré ses propos vendredi matin, évoquant simplement "une hypothèse" à "mettre sur la table", qui ne pourrait "être prise qu'à l'échelle de l'Ile-de-France".

"Il y a assez peu de scientifiques qui considèrent que, avec un confinement de trois semaines, on peut terrasser le virus et tout ouvrir", avait répondu un peu plus tôt le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sur France Inter.

- "Décrochage" -

Néanmoins, face à la montée des nouvelles formes de coronavirus, notamment le variant anglais plus contagieux, et à une occupation toujours élevée des hôpitaux par les cas de Covid-19, plusieurs médecins et scientifiques ont critiqué le gouvernement, jugé trop attentiste. 138.771 nouveaux cas de Covid-19 ont été détectés la semaine dernière, contre 128.662 la semaine précédente, selon le bulletin hebdomadaire de Santé publique France, pour qui la situation reste "préoccupante". En Ile-de-France, le taux d'incidence a grimpé de 240 à plus de 300 cas pour 100.000 habitants sur sept jours.

"On a l'impression que c'est vraiment reculer pour mieux sauter (...). On voit bien qu'il y a un décrochage qu'on attendait, à partir du moment où le variant anglais devient majoritaire, c'est une histoire mathématique assez simple", a commenté sur RTL Karine Lacombe, la cheffe du service maladies infectieuses à l'hôpital parisien Saint-Antoine. "Dans une épidémie avec une évolution défavorable, dire à l'avance qu'on va attendre 10 jours (quoi qu'il arrive) pour décider, c'est courir à l'échec et courir toujours derrière le virus !", a aussi taclé, sur Twitter, le professeur d'épidémiologie à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Mahmoud Zureik.

De son côté, le chef du service néphrologie à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, Gilbert Deray a critiqué le "mantra présidentiel", qu'il a résumé en "+il ne faut pas que l'on dise que l'on a confiné le pays+".

"Qu'est-ce qu'il reste à Nice et à Dunkerque ? Plus rien, il leur reste le droit de travailler pendant la journée et de rentrer à 18 heures et demain c'est la moitié de la France qui va être comme ça", a-t-il mis en avant, jugeant cette politique "moins bonne que six à huit semaines du pays fermé comme ils ont fait en Italie ou en Grande-Bretagne pour redémarrer".

- Effets du vaccin -

Mais Jean Castex a réaffirmé jeudi vouloir "tout faire pour retarder" un confinement strict, afin de "laisser à la vaccination le temps de produire ses effets". Et les toutes premières lueurs d'espoirs apparaissent. Santé publique France (SpF) a ainsi relevé que "les premiers effets" de la campagne de vaccination se dessinaient chez les plus de 75 ans, avec une baisse du taux d'incidence durant la semaine du 15 février, et, surtout, une "forte diminution" des décès (-22,5%, soit -143 morts) dans les établissements sociaux, dont font partie les Ehpad, la semaine précédente.

Mais la durée des restrictions et du climat anxiogène provoqué par la pandémie se fait aussi sentir. SpF a noté "une augmentation significative des états anxieux" dans la population (19,2 à 22,7%) et des états dépressifs (19,5 à 22,7%) entre janvier et février.

A Rennes, six étudiants sur dix présentaient "des signes de détresse psychologique" à l'issue du second confinement, selon une enquête menée auprès de trois grandes écoles. Autre signe de précarisation: 9.100 étudiants ont bénéficié en janvier 2021 d'une aide spécifique ponctuelle attribuée par les services sociaux des Crous en cas de situation d'urgence ou de détresse avérée, soit une hausse de 39% par rapport à janvier 2020, a souligné vendredi la Direction de la recherche, des études, de l?évaluation et des statistiques (DREES).

AFP

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