22 personnes sont mortes

Raids américains en Syrie contre des miliciens pro-Iran

  • Publié le 26 février 2021 à 22:14
  • Actualisé le 27 février 2021 à 08:16

L'armée américaine a mené vendredi avant l'aube des raids aériens contre des miliciens pro-iraniens en Syrie, tuant 22 combattants selon une ONG, la première opération du genre de l'administration de Joe Biden menée en réponse aux attaques antiaméricaines en Irak.

Le régime en Syrie, pays dévasté par la guerre depuis 10 ans, a fustigé une "agression" qui "constitue un signe de mauvais augure pour les politiques de la nouvelle administration américaine", mettant en garde contre une "escalade".

Ces frappes interviennent dans un contexte de tensions entre les Etats-Unis et la République islamique d'Iran, pays ennemis, sur le programme nucléaire iranien.

Selon Washington, les frappes ont visé dans l'est de la Syrie, frontalier de l'Irak, les factions irakiennes Kataëb Hezbollah et Kataëb Sayyed al-chouhada, membres de la puissante coalition de paramilitaires du Hachd al-Chaabi, intégrée à l'Etat irakien depuis des mois.

Qualifiant cette opération de "défensive", le Pentagone a affirmé que les frappes avaient détruit "de multiples infrastructures situées à un poste-frontière utilisé par des milices soutenues par l'Iran".

Trois camions de munitions arrivant d'Irak par un passage illégal au sud de la ville syrienne de Boukamal ont été détruits dans les raids, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). "Au moins 22 combattants de milices irakiennes pro-Iran ont péri, tous membres du Hachd al-Chaabi."

L'opération américaine "a été autorisée en réponse aux attaques contre le personnel américain et de la coalition en Irak, et à des menaces", a précisé le Pentagone, en allusion à la coalition internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), dirigée par les Etats-Unis et présente en Irak et en Syrie.

- "Agression barbare" -

Avec ces raids, M. Biden "envoie un message sans ambiguïté selon lequel il va agir pour protéger les Américains (...)", selon la Maison Blanche. Ces deux dernières semaines, trois attaques à la roquette ont visé des intérêts occidentaux y compris américains en Irak, faisant deux morts et plusieurs blessés.

Ces tirs ont été attribués à Kataëb Hezbollah par les Etats-Unis qui avaient fait savoir que l'Iran serait tenu "responsable des actions de ses affidés qui attaquent des Américains" en Irak.

Dans un communiqué, Kataëb Hezbollah a dénoncé une "agression barbare" et fait état de la mort d'un de ses combattants, assurant que celui-ci était "stationné à la frontière syro-irakienne" dans le cadre de la lutte contre l'EI.

Des milices irakiennes pro-Iran sont engagées depuis plusieurs années au côté du régime de Bachar al-Assad. Elles sont notamment implantées dans l'Est où les transferts d'armes transfrontaliers sont monnaie courante. Leurs positions sont aussi la cible de frappes imputées à Israël, grand ennemi de Téhéran.

Le Hachd al-Chaabi a été déployé du côté irakien de la frontière poreuse avec la Syrie depuis l'annonce en 2017 de la victoire de l'Irak contre l'EI. Le Hachd dément agir hors d'Irak, mais certaines factions qui en sont membres combattent -en leur nom propre- au côté du régime syrien.

- "Régler des comptes" -

La Russie, alliée du régime syrien, a condamné les frappes américaines et rejeté toute tentative "de transformer la Syrie en arène pour régler des comptes". En Irak, le ministère de la Défense a nié toute coordination avec Washington au sujet des frappes après que le Pentagone a assuré que l'opération avait été menée "en parallèle avec des consultations avec les partenaires de la coalition" en Irak et Syrie.

Ces frappes apparaissent comme un avertissement à l'Iran, peut-être tenté d'augmenter sa marge de manoeuvre en cas de négociations avec Washington pour relancer l'accord de 2015 censé encadrer le programme nucléaire iranien.

Côté israélien, le chef du gouvernement Benjamin Netanyahu a affirmé dans une déclaration publiée vendredi: "tant que je serai Premier ministre, l'Iran n'aura pas l'arme nucléaire. Je ferai tout pour empêcher cela, et je l'ai dit aussi au président Biden. Accord ou pas accord."

L'Iran dément chercher à fabriquer l'arme nucléaire. Fin 2019, l'armée américaine a frappé cinq bases en Irak et en Syrie des Kataëb Hezbollah, après la mort d'un Américain dans une attaque en Irak.

Le conflit syrien, déclenché par la répression de manifestations pro-démocratie, s'est complexifié avec l'implication de factions armées et de puissances étrangères et la montée en puissance des jihadistes. La guerre a fait plus de 387.000 morts.

AFP

guest
0 Commentaires