Débâcle dans deux scrutins locaux

La course vers l'après-Merkel se corse pour les conservateurs allemands

  • Publié le 15 mars 2021 à 16:24
  • Actualisé le 15 mars 2021 à 16:47

Réagir vite pour conserver le pouvoir: les conservateurs allemands de la chancelière Angela Merkel sont au pied du mur après leur débâcle dans deux scrutins locaux qui ébranle leur stratégie à six mois des législatives.

Le vote pour renouveler les parlements régionaux du Bade-Wurtemberg et de Rhénanie-Palatinat, dans le sud-ouest de l'Allemagne, a infligé dimanche aux conservateurs de la CDU le pire score de leur histoire. Il n'est désormais "plus sûr à 100%" que les conservateurs vont garder le pouvoir lorsque Mme Merkel se retirera en septembre, après 16 ans à la tête de l'exécutif, a mis en garde lundi Markus Söder, chef du parti bavarois CSU, le petit frère de la CDU, qualifiant les résultats de "signal d'alarme".

La CDU recueille seulement 24,1% des suffrages (27% en 2016) dans le Bade-Wurtemberg, devancée par les Verts, tandis qu'en Rhénanie-Palatinat, elle atteint 27,7% (31,8% en 2016) battue par les sociaux-démocrates. Un résultat qualifié de "débâcle" par le Spiegel, de "désastre" par Die Zeit.
M. Söder, favori des sondages pour remplacer Mme Merkel, a appelé à "l'unité" du camp conservateur, qui va devoir "développer des perspectives" au-delà de la crise du coronavirus, a-t-il dit, évoquant en priorité les questions écologiques. Le patron de la CDU Armin Laschet doit s'exprimer en milieu de journée.

- "Toboggan"-

Le ciel s'est assombri avec les premiers ratés de la campagne de vaccination contre le coronavirus, où le déploiement des injections semble piétiner, un peu plus de 7% de la population seulement ayant reçu une première dose. Berlin et les régions se renvoient la responsabilité d'un résultat peu flatteur, mis sur le compte de doses en nombre insuffisant, de canaux de distribution complexes et bureaucratiques.

Le recours aux cabinets médicaux pour accélérer le rythme ne devrait pas être généralisé avant mi-avril, alimentant l'impatience, alors que l'Allemagne est encore loin de proposer un dépistage massif nécessaire pour accompagner la levée progressive des restrictions. Puis en une semaine, trois députés de la CDU et de la CSU ont dû jeter l'éponge, rattrapés par des soupçons de corruption.

Au début de la pandémie, alors que le pays cherchait désespérément à se procurer des masques de protection, deux d'entre eux auraient touché des commissions pour servir d'intermédiaires entre fabricants et pouvoirs publics. Un troisième élu est soupçonné d'avoir fait campagne pour l'Azerbaïdjan en échange d'argent. "Ça ne peut pas continuer comme ça", écrit le Spiegel qui se demande "jusqu'où le toboggan va entraîner le parti" de la chancelière.

- La question du candidat -

Pour l'hebdomadaire, il est urgent que les conservateurs accélèrent leur calendrier qui prévoit de désigner d'ici fin mai le candidat devant porter les couleurs de la CDU/CSU aux élections législatives. M. Söder, qui continue d'entretenir le doute sur ses intentions, s'est contenté de réaffirmer lundi que la décision serait prise "en temps voulu". Armin Laschet, fraîchement élu à la tête de la CDU, espère convaincre qu'il est le mieux placé mais le patron de la Bavière le devance dans les sondages. "Armin Laschet doit se forger un nouveau rôle public", estime le quotidien Die Welt.

Le grand risque pour le parti d'Angela Merkel, qui gouverne avec les sociaux-démocrates (SPD), est de ne plus paraître incontournable à la tête de l'exécutif. Les deux scrutins de dimanche ont "montré que former un gouvernement sans la CDU est possible en Allemagne", a jubilé Olaf Scholz, ministre des Finances et candidat SPD à la chancellerie. La CDU et la CSU sont retombés entre 30 et 33% d'intentions de vote, leur niveau d'avant la pandémie, devançant les écologistes qui visent une entrée au prochain gouvernement.

Leur charismatique duo de leaders, Robert Habeck et Annalena Baerbock a pris bien soin de garder toutes les options ouvertes, n'excluant pas de s'allier avec les conservateurs tout en agitant l'idée d'une coalition à trois avec les sociaux-démocrates et les libéraux du FDP, ce qui pourrait même leur ouvrir la voie de la chancellerie. Les résultats aux élections régionales montrent "que les gens sont prêts à nous donner des responsabilités et des mandats, de nous donner leur confiance" en ces temps de crise, a estimé lundi M. Habeck.

AFP

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1 Commentaires
L usure du pouvoir
L usure du pouvoir
3 ans

De temps en temps l'alternance en politique et le retour.du SPD au pouvoir serait.un bon signe pour la.democratie.