Allemagne

Virus: critiquée, Merkel revoit sa copie et demande "pardon"

  • Publié le 24 mars 2021 à 17:51
  • Actualisé le 24 mars 2021 à 18:25

Le durcissement des règles sanitaires à Pâques était critiqué de toutes parts: la chancelière allemande Angela Merkel a reconnu mercredi une "erreur" personnelle et demandé "pardon" d'avoir tenté d'imposer ces fermetures aux commerces et offices religieux.

La troisième vague épidémique qui touche l'Allemagne vire au chemin de croix pour la chancelière, dont le parti est en chute libre dans les sondages, au point de rebattre les cartes à six mois des élections qui marqueront la fin de ses 16 années aux commandes de l'Allemagne. Dans une allocution solennelle convoquée au pied levé mercredi, la chancelière s'est livrée à un mea culpa. "Une erreur doit être reconnue comme telle et surtout, elle doit être corrigée", a déclaré Mme Merkel.

"Cette erreur est uniquement la mienne", a admis la chancelière, demandant "pardon aux Allemands", avant de se rendre au Bundestag, la chambre basse du parlement, pour une séance de questions-réponses qui s'annonçait tendue.

- "Pas réalisable" -

Cette "pause" avait, selon elle, "de bonnes raisons d'être mais n'était pas réalisable dans un court laps de temps". Mme Merkel avait auparavant, à la surprise générale, convoqué dans l'urgence une nouvelle réunion de crise avec les 16 Etats-régions, deux jours seulement après un sommet anti-Covid qui a cristallisé tous les mécontentements.

Il a finalement été décidé de renoncer à la principale décision prise après 12 heures de discussions : mettre le pays sous cloche pour le long week-end de Pâques avec fermeture de tous les commerces, et avec des offices religieux organisés par visioconférence.

Après un examen juridique par différents ministères, de nombreux problèmes étaient apparus dans l'organisation de cette "pause", a expliqué le président du parti conservateur CDU, Armin Laschet. "La situation est grave, très grave", avait pourtant prévenu la chancelière à l'issue du sommet de lundi. "Le nombre de cas augmente de manière exponentielle et les lits de soins intensifs se remplissent à nouveau", avait décrit Mme Merkel, les traits tirés, lors d'une conférence de presse organisée au milieu de la nuit.

L'Allemagne, où le taux d'incidence dépasse la barre des 100, avec 108,1 mercredi, a franchi la barre des 75.000 décès dus au Covid-19 et les semaines à venir ne s'annoncent pas plus favorables malgré les restrictions. Le variant britannique a en effet provoqué une "nouvelle épidémie", selon Mme Merkel, qui menace de saturer les services de réanimation

Outre la prolongation des restrictions actuelles jusqu'au 18 avril, dont une stricte limitation des réunions privées, ce sommet avait aussi débouché sur l'interdiction d'effectuer des locations de vacances à Pâques dans tout le pays. Jugé insuffisante par les scientifiques, la "pause" prévue à Pâques du 1er au 5 avril était critiquée de toutes parts, des associations de commerçants redoutant ses conséquences économiques aux chrétiens privés de messe de Pâques "en présentiel".

Transformer le jeudi 1er avril, un jour travaillé, en jour férié créait par ailleurs des difficultés dans l'organisation du temps de travail, ont relevé plusieurs organisations et élus. L'irritation a gagné les rangs du gouvernement. Le ministre de l'Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer, s'est ainsi dit "étonné que, de tous les partis, ceux dont le nom comporte un C (pour chrétien) suggèrent que les églises s'abstiennent de célébrer des offices, en particulier à Pâques".

- Sondages alarmants -

La révolte gronde aussi dans les rangs des députés conservateurs CDU-CSU, inquiets de leur éventuelle réélection au scrutin du 26 septembre. Ces critiques se traduisent par des sondages alarmants pour le camp conservateur CDU-CSU, auquel la victoire aux élections de septembre était encore promise il y a quelques semaines mais qui a depuis été éclaboussé par des scandales sur l'achat de masques impliquant plusieurs de ses membres.

Mercredi, un sondage a donné le camp conservateur à 26%, contre une dizaine de points en plus en début d'année. La CDU-CSU est dans ce sondage talonnée par les Verts, crédités de 22% des intentions de vote, selon cette enquête réalisée pour la chaîne d'information NTV.

AFP

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1 Commentaires
HULK
HULK
3 ans

Ce n'est pas demain la veille que nos dirigeants présenteront leurs excuses pour toutes leurs erreurs, voire fautes, commises. Trop imbus de leur personne, trop méprisants à l'égard des citoyens. L'énarchie dans toute sa splendeur.