Situation compliquée

Covid-19 : l'épidémie ne fatigue pas, les Français si

  • Publié le 26 mars 2021 à 16:58
  • Actualisé le 26 mars 2021 à 21:33

Nouvelles restrictions déjà décidées ou à venir, hôpitaux menacés de déborder, appels à fermer les écoles, lassitude qui s'installe : la France est dans une situation très difficile à cause d'une épidémie de Covid-19 qui n'en finit pas.

"Ces semaines qui viennent seront difficiles, nous prendrons toutes les mesures utiles en temps et en heure et il n'y a à mes yeux aucun tabou", a averti le président de la République, Emmanuel Macron, tard jeudi soir après un Conseil européen en visioconférence.

"Je n'ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d'échec", a-t-il ajouté, en défendant à la fois sa décision fin janvier de ne pas reconfiner et le confinement hybride appliqué actuellement.

Ces déclarations lui ont valu un tir nourri de l'opposition, qui y a vu vendredi une preuve d'"arrogance". Pour l'heure, 19 départements sont soumis à des mesures de "freinage renforcé": pas de déplacements à plus de 10 km sans dérogation, pas de sortie de la région sans motif impérieux, de nouveaux commerces fermés et des demi-classes en lycée.

Les trois derniers à rejoindre la liste sont le Rhône, l'Aube et la Nièvre, a annoncé jeudi soir le ministre de la Santé, Olivier Véran. Les mesures s'y appliqueront à partir de samedi, comme c'est déjà le cas dans 16 autres départements, dont toute l'Île-de-France et les Hauts-de-France.

- Français "épuisés" -

Selon M. Véran, il est encore "trop tôt" pour évaluer l'efficacité des restrictions en vigueur depuis le week-end dernier, et donc pour un éventuel durcissement. Autre critère, "l'acceptabilité" des mesures pour les Français "épuisés de lutter sans relâche depuis un an". "On observe une probable lassitude des Français face aux mesures de distanciation sociale", relève de son côté l'agence sanitaire Santé publique France dans son bulletin hebdomadaire.

Poussée par le variant anglais, jugé plus contagieux et plus virulent, l'épidémie a progressé quasiment partout en France en mars, un scénario prévu par les épidémiologistes dès janvier.

Le nombre de malades en réanimation a dépassé jeudi 4.700 personnes. Il se rapproche du pic de la deuxième vague à l'automne (4.900). La barre des 200.000 nouveaux cas par semaine a été dépassée, une première depuis début novembre, et depuis le début de la semaine, plus d'un millier de personnes touchées par le Covid-19 sont mortes à l'hôpital (93.000 décès en tout depuis le début de l'épidémie). "La dégradation de l'ensemble des indicateurs entraîne déjà, dans plusieurs régions, une très forte tension sur le système hospitalier", alerte Santé publique France.

Ce tableau épidémique sombre pousse de nombreux médecins et élus à demander qu'on serre davantage la vis, voire qu'on ferme les écoles. La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a proposé d'avancer les vacances de printemps pour fermer les classes dès le 2 avril. "Le nombre de cas ayant fréquenté le milieu scolaire a augmenté fortement", note Santé publique France, selon laquelle cela peut venir à la fois d'une hausse des contaminations en lien avec l'école et d'un meilleur dépistage.

- Vétérinaires vaccinateurs -

Signe d'une situation tendue, le Premier ministre Jean Castex a annulé un déplacement vendredi matin dans la Manche, remplacé par une nouvelle réunion avec les préfets et responsables sanitaires des 19 départements concernés par les nouvelles restrictions.

L'Allemagne, elle, va renforcer les contrôles pour les voyageurs arrivant de France, avec "tests obligatoires" et "contrôles aléatoires", selon le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

L'épidémie n'épargne pas même le gouvernement. La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, est à l'hôpital sous oxygène, et celle du Travail, Elisabeth Borne, en est sortie. "C'était angoissant. Vous avez l'impression que tout votre corps se détraque", a-t-elle confié au Parisien/Aujourd'hui en France.

M. Macron a toutefois voulu donner une "perspective raisonnable d'espoir", avec la vaccination qui "passera un premier cap mi-avril". En plus des médecins ou des infirmiers, les vétérinaires et les dentistes pourront désormais vacciner, après le feu vert donné vendredi par la Haute autorité de santé (HAS). En comptant d'autres catégories concernées par cet élargissement, 252.000 professionnels de santé supplémentaires pourront injecter les vaccins, selon la HAS.

Dans l'immédiat, "l'élément limitatif de notre campagne" de vaccination n'est pas le nombre de vaccinateurs potentiels mais "les livraisons de vaccins qui nous sont faites", a toutefois concédé M. Véran jeudi. La vaccination, qui a déjà permis de faire fortement baisser la mortalité en Ehpad, progresse (7,1 millions de premières doses et 2,6 millions de deuxièmes doses), mais trop lentement pour protéger toute la population.

AFP

guest
1 Commentaires
Prochaines élections
Prochaines élections
3 ans

Les prochaines élections présidentielles en 2022. Il faudra aller voter.