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Pérou : une présidentielle sans favori, en pleine envolée de la pandémie

  • Publié le 11 avril 2021 à 06:04
  • Actualisé le 11 avril 2021 à 07:12

Les Péruviens votent dimanche pour élire leur président parmi dix-huit candidats, dont aucun n'est favori, en pleine deuxième vague de Covid-19 qui fait s'envoler les records de contaminations et de décès.

Selon les derniers sondages, aucun des 18 candidats ne recueillerait plus de 10% des voix au premier tour. Sept sont ainsi susceptibles de se qualifier pour le deuxième tour prévu le 6 juin. "Il s'agit des élections les plus fragmentées de l'histoire, nous n'avons jamais vu autant de candidats avec la possibilité" d'être au second tour, analyse le directeur de l'institut de sondage Ipsos, Alfredo Torres.

Le nombre d'indécis dans un pays qui a connu quatre présidents depuis 2016 et des scandales de corruption à répétition atteint quelque 28%. L'ex-député de centre-droit Yonhy Lescano, l'anthropologue de gauche Veronika Mendoza et l'économiste libéral Hernando de Soto forment le trio de tête du dernier sondage Ipsos.

Mais l'ex-footballeur George Forsyth (centre-droit), l'homme d'affaires Rafael Lopez Aliaga (extrême-droite), l'enseignant Pedro Castillo (gauche) ou Keiko Fujimori (droite populiste) pourraient rester dans la course. "C'est le pire scénario possible pour dimanche : fragmentation et polarisation", a déclaré à l'AFP le politologue Carlos Meléndez.

Outre leur président, les 25 millions d'électeurs vont élire les 130 députés du Parlement, à l'origine de nombreuses crises institutionnelles ces dernières années. La dernière en date en novembre 2020 a conduit le pays à avoir trois présidents en une semaine.

Destitué par le Parlement pour "incapacité morale" sur fond d'accusation de pots-de-vins présumés, le populaire président Martin Vizcarra a été remplacé par le député d'opposition Manuel Merino, président du Parlement.

Forcé cinq jours plus tard à la démission sous la pression de la rue et lâché par la classe politique pour sa répression des manifestations, ce dernier est alors remplacé par le député conciliateur Francisco Sagasti.

M. Vizcarra avait lui-même remplacé en 2018 son prédécesseur Pedro Pablo Kuczynski, élu deux ans auparavant, démissionnaire à la veille d'un probable vote parlementaire pour le destituer.

- Candidats contaminés -

La campagne s'est achevée jeudi avec les derniers meetings qui ont rassemblé plusieurs centaines de partisans malgré les risques liés à la pandémie. Six des 18 candidats ont d'ailleurs contracté le Covid-19 pendant cette campagne. Le dernier en date, Marco Arana (gauche), a dû interrompre ses activités et ne pourra pas voter dimanche, a annoncé samedi son parti.

Yohny Lescano s'est déclaré "heureux d'avoir parcouru tout le Pérou". "L'important est d'aller aux urnes et de pouvoir choisir", a insisté Keiko, la fille de l'ancien président Alberto Fujimori (1990-2000) qui se présente pour la troisième fois. "J'appelle la jeunesse, les travailleurs, les réservistes, les agriculteurs, à faire confiance à un homme du peuple", a déclaré M. Castillo.

Le vote est obligatoire au Pérou sous peine d'amende. L'Office national électoral (ONPE) prévoit que "neuf Péruviens sur dix" se rendront aux urnes malgré les chiffres alarmants de l'épidémie de Covid-19 qui a déjà fait plus de 54.000 morts.

Le pays de 33 millions d'habitants vient de connaître la semaine la plus meurtrière en 13 mois de pandémie, avec un record de 384 décès samedi, tandis que la campagne de vaccination progresse lentement.

L'ex-président Vizcarra avait proposé en janvier de reporter les élections au 23 mai, mais la proposition n'a reçu aucun soutien et le président par intérim Francisco Sagasti a déclaré qu'"en aucun cas" le vote ne serait reporté.

Le nombre de bureaux de vote a cependant été multiplié par trois afin d'éviter les attroupements et ils seront ouverts 12 heures d'affilée, à partir de 07H00 locales (12H00 GMT), soit quatre heures de plus qu'habituellement. Chaque électeur devra s'y rendre à une heure prédéterminée, en fonction du dernier chiffre de sa carte d'identité.

Après avoir connu pendant des années une croissance supérieure à la moyenne latino-américaine, l'économie péruvienne s'est contractée de 11,12% en 2020 en raison de la pandémie. Aujourd'hui, un tiers des habitants vivent dans la pauvreté.

Les premiers résultats partiels de la présidentielle devraient être connus vers 23H30 locales (04h30 GMT lundi). Les résultats officiels des législatives prendront plusieurs jours.

AFP

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