Birmanie

Aung San Suu Kyi visée par de nouvelles poursuites

  • Publié le 12 avril 2021 à 15:27
  • Actualisé le 12 avril 2021 à 16:06

L'ex-dirigeante civile en Birmanie Aung San Suu Kyi, chassée du pouvoir par une junte militaire, a été visée lundi par de nouvelles poursuites tandis que la répression continue de s'abattre sur les opposants dans la rue.

Arrêtée le 1er février lors du coup d'Etat, celle qui dirigeait de facto le gouvernement n'a pas été vue en public depuis et est tenue au secret dans une résidence de Naypyidaw, la capitale. Les généraux répriment de plus en plus durement le mouvement pro-démocratie qui a fait descendre dans la rue des milliers de Birmans et entraîné des grèves dans de nombreux secteurs de l'économie.

L'ex-dirigeante âgée de 75 ans, lauréate du prix Nobel de la paix 1991, est poursuivie dans une série de procédures pénales qui pourraient l'empêcher d'exercer de nouveau le pouvoir. "Aung San Suu Kyi a une nouvelle fois été inculpée en vertu de la section 25 de la loi sur la gestion des catastrophes naturelles", a indiqué à l'AFP son avocate Min Min Soe à l'issue d'une audience dans un tribunal de Naypyidaw où elle a comparu en visioconférence. Elle avait déjà été inculpée en vertu de cette même loi mi-février."Elle est poursuivie dans six  dossiers au total, cinq à Naypyidaw et un à Rangoun", a ajouté son avocate, indiquant qu'Aung San Suu Kyi est apparue en bonne santé.

La procédure la plus sérieuse qui pèse sur elle est celle lancée le 25 mars qui l'accuse d'avoir violé la loi sur les secrets d'Etat datant de l'époque coloniale. Elle est en outre poursuivie pour avoir illégalement importé des talkie-walkies, et pour "incitation aux troubles publics". Elle est aussi accusée d'avoir perçu plus d'un million de dollars et 11 kilos d'or de pots-de-vin, mais elle n'a pas encore été inculpée de "corruption". Si elle est reconnue coupable, elle encourt de longues années de prison, risquant d'être bannie de la vie politique.

- Plus de 700 morts -

Les manifestations quasi-quotidiennes pour réclamer sa libération et le retour de la démocratie sont violemment réprimées par les forces de sécurité. Selon le décompte tenu par l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP), la répression des manifestations a fait 701 morts depuis le 1er février. La junte fait état pour sa part de 248 morts.

Quelque 3.000 personnes ont en outre été arrêtées depuis le coup d'Etat, selon l'AAPP. Dans l'une des journées les plus sanglantes depuis plus de deux mois, la répression des forces de sécurité a fait au moins 82 morts vendredi à Bago, au nord-est de Rangoun, la capitale économique du pays.

Selon le témoignage d'un habitant auprès de l'AFP, les forces de l'ordre ont empêché les secouristes de récupérer les corps. "Ils ont empilé tous les cadavres, les ont chargés dans leur camion militaire et les ont emportés", a dit cet habitant, précisant que les autorités ont ensuite arrêté des gens aux alentours.

En dépit des dangers, les opposants continuent de se rassembler et lundi, veille de congés pour le Nouvel an bouddhiste, des manifestations se sont déroulées à Mandalay (centre), la deuxième ville du pays, comme à Kalay (Nord).

A Rangoun, des bus municipaux ont été incendiés dans la nuit. Cette répression a entraîné de nombreuses condamnations des capitales occidentales, parfois assorties de sanctions visant la junte militaire et leurs intérêts financiers.

Sur le plan diplomatique, la situation patine. L'Union européenne accuse la Russie et la Chine, alliées traditionnelles de l'armée birmane, de faire obstruction aux efforts au sein du Conseil de sécurité de l'Onu pour l'adoption d'un embargo international sur la vente d'armes à la Birmanie.

L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, a pour sa part débuté vendredi en Thaïlande une tournée asiatique qui doit la conduire aussi en Chine et dans des pays de l'Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est). Mais la Birmanie a refusé de l'accueillir.

AFP

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