Football

Super Ligue: Florentino Pérez, magnat espagnol du ballon... et du béton

  • Publié le 20 avril 2021 à 14:45
  • Actualisé le 20 avril 2021 à 14:56

Politique, économie, football... Le puissant président du Real Madrid, Florentino Pérez, joue sur tous les terrains et porte désormais le brassard de capitaine de la Super Ligue, compétition privée dissidente qui a ouvert dimanche une "guerre" dans le foot européen.

"Nous allons aider le football à tous les niveaux pour l'amener à occuper la place qu'il mérite", a déclaré dans un communiqué le premier président de cette lucrative nouvelle épreuve, fondée par douze clubs dissidents et vouée à supplanter la Ligue des champions, compétition historique du football européen depuis 1955.

"La nouvelle Ligue des champions est censée débuter en 2024"; à cette échéance, "tous les clubs seront morts!" a scandé Pérez dans la très suivie émission télévisée espagnole "El Chiringuito de Jugones", dans la nuit de lundi à mardi. "Le football doit changer", a ajouté le Madrilène de 74 ans, ajoutant qu'il "est impossible" que le Real Madrid et les onze autres clubs soient exclus des compétitions européennes organisées par l'UEFA.

Visage sérieux et manières onctueuses, celui que l'Espagne du football désigne souvent par son simple prénom est l'un des hommes les plus influents du pays.

A la tête de la "Maison blanche" du Real Madrid, où il a été réélu la semaine dernière sans opposition et où son palmarès compte 5 Championnats d'Espagne et 6 Ligues des champions, il est en effet également depuis 1997 le patron du géant du BTP et des services ACS (Activités de construction et services), un groupe pesant près de 35 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Sous sa houlette, les élites politico-économiques se pressaient avant la pandémie dans les loges VIP du stade Santiago Bernabeu, où elles sont réputées boucler des affaires: "C'est un cliché", se défendait M. Pérez en 2014 à la télévision, ajoutant ironiquement: "On y parle de football..."

- Transferts records -

C'est avec la promesse de faire du Real Madrid une marque mondiale et de relancer l'économie du club qu'il a accédé à sa présidence en juillet 2000. L'ère "galactique" commence alors au Real: l'été de son arrivée, Pérez acte la signature de la superstar Luis Figo, débauché du Barça pour 58 millions d'euros, une somme astronomique pour l'époque.

Suivent en 2001 Zinédine Zidane, qui est aujourd'hui son entraîneur, le Brésilien Ronaldo en 2002 ou Beckham en 2003...
Réputé dépensier, Pérez a réalisé quelques-uns des transferts les plus chers de l'histoire mais est souvent parvenu à les rentabiliser grâce à un certain talent pour le marketing...

Evincé en 2006 pour sa gestion du club trop tournée vers le marketing et l'absence de titre majeur entre 2003 et 2007, il revient aux manettes en 2009. Et dépense en quelques semaines plus de 240 millions d'euros pour renforcer l'équipe en recrutant notamment Critiano Ronaldo et Kaka, les deux derniers Ballons d'Or du moment.

Malgré une fortune estimée par Forbes à 2,3 milliards de dollars, Florentino Pérez assure ne pas être attaché à l'argent, préférant revendiquer "la normalité" et "le travail" comme valeurs, lui dont le père s'affairait dans ses deux parfumeries.

- Fusions-acquisitions -

Jeune ingénieur des Ponts et Chaussées sorti de l'université polytechnique de Madrid, il a en tout cas rapidement acquis le go?"t du pouvoir.
Entre 1976 et 1982, militant au parti centriste du président du gouvernement Adolfo Suarez, il se familiarise avec l'administration, comme adjoint au maire de Madrid puis directeur des Infrastructures au ministère des Transports. Mais quand le nouveau parti libéral et centriste qu'il dirige n'obtient aucun député en 1986, il quitte la politique.

En 1983, avec des amis, il rachète à bas prix une entreprise du bâtiment en difficultés.

Plusieurs fusions-acquisitions plus tard, le géant ACS naît en 1997 avec Pérez comme numéro un alors que l'Espagne investit à coups de milliards dans la construction, en grande partie grâce aux fonds européens.

Habile négociateur, très doué en relations publiques, Pérez a souvent joué sur les collaborations public-privé.
L'un de ses plus fameux "coups" remonte à 2001. Président du Real Madrid, il vend à la ville les terrains de son centre d'entraînement pour 480 millions d'euros et simultanément, ACS obtient la construction à cet emplacement de trois des quatre gratte-ciels d'un centre d'affaires.

AFP

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