Brésil

Plus de 400.000 morts du Covid, la vaccination patine

  • Publié le 30 avril 2021 à 01:58
  • Actualisé le 30 avril 2021 à 06:40

Le seuil des 400.000 morts du coronavirus a été franchi jeudi au Brésil, où la vaccination n'a toujours pas décollé et une commission parlementaire enquête sur la responsabilité du gouvernement Bolsonaro dans cette hécatombe.

Selon les chiffres du ministère de la Santé, sous-évalués pour beaucoup d'experts, le Brésil a enregistré 401.186 morts dont 3.001 décès et près de 70.000 nouveaux cas de contamination au cours des dernières 24 heures. Ce mois d'avril, avec celui de mars, aura été le plus meurtrier en 14 mois de pandémie dans ce pays de 212 millions d'habitants, le deuxième le plus endeuillé derrière les Etats-Unis.

Même si les courbes commencent à se stabiliser sur un plateau élévé, le taux de mortalité est le plus important des Amériques et de l'hémisphère Sud, à 189 pour 100.000, dépassant celui du Royaume-Uni (188).

Le nombre de décès a augmenté de façon exponentielle depuis le début de l'année: il a fallu plus de cinq mois pour passer de 100.000 à 200.000 morts, le 7 janvier, mais ensuite seulement 77 jours pour atteindre les 300.000 (24 mars) et 37 pour les 400.000. "Il y a eu un fort impact du variant P1", explique à l'AFP Ethel Maciel, épidémiologiste de l'Université d'Espirito Santo (UFES).

Plus contagieux et soupçonné d'être plus sévère, il a d'abord sévi en Amazonie avant de se répandre dans tout le pays. "Quand il y a eu un pic en janvier à Manaus, en Amazonie, rien n'a été fait pour contenir ce variant, les vols ont été maintenus. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il devienne dominant dans tout le Brésil", poursuit Mme Maciel, qui pointe du doigt le "manque de coordination nationale" dans la réponse anticovid.

Une commission d'enquête parlementaire a été instaurée mardi au Sénat pour étudier la façon dont le gouvernement a géré la crise sanitaire, jugée inepte par les spécialistes. L'enquête portera notamment sur la crise de Manaus, avec une grave pénurie d'oxygène et la mort de dizaines de patients asphyxiées.

Selon une étude rendue publique mardi par l'institut Adolfo Lutz, 90% des échantillons analysés dans l'Etat de Sao Paulo (sud-est), le plus peuplé du pays, ont montré la présence du variant P1, contre 80% en mars, 40% en février et 20% en janvier. "Nous avons connu le pire moment de mi-mars à mi-avril, quand tous les hôpitaux de toutes les régions du pays ont été surchargés en même temps", souligne Ethel Maciel. La deuxième semaine d'avril a été la plus dévastatrice, avec deux journées à plus de 4.000 morts enregistrées en 24 heures.

- "À la merci de nouvelles vagues" -

Néanmoins les courbes ont commencé à se stabiliser après plus de quatre mois de hausse vertigineuse: la moyenne de décès quotidiens sur les sept derniers jours est passée sous les 2.500, après avoir été supérieure à 3.000 il y a encore 15 jours, même si le plateau reste très élevé.

Autre signe encourageant: le taux de reproduction, soit le nombre moyen de personnes infectées par chaque porteur du virus, est passé mardi sous le seuil de "1" pour la première fois depuis cinq mois, selon les données de l'Imperial College de Londres. "Au Brésil, il n'y a aucune coordination nationale du combat contre la pandémie, mais chaque Etat a pris des mesures de restriction en mars, quand la situation s'est aggravée, et on voit les résultats deux, trois semaines plus tard", indique Ethel Maciel, qui s'inquiète néanmoins du fait que ces restrictions ont déjà été levées dans la plupart des régions.

"Il aurait fallu les maintenir pendant plusieurs semaines pour observer une baisse plus sensible des courbes. Elles risquent à présent de repartir à la hausse, et tant qu'on n'aura pas de vaccination de masse, on sera toujours à la merci de nouvelles vagues", résume la spécialiste.

Au Brésil, la vaccination patine, faute de doses. Selon TV Globo, les injections de la seconde dose ont dû être interrompues dans des villes de 14 des 27 Etats du pays. À ce jour, 28 millions de personnes ont reçu une première injection, soit 13,2% de la population, et 12 millions la seconde.

La vaccination a débuté à la mi-janvier, avec AstraZeneca et le chinois CoronaVac. Mais une troisième option sera bientôt disponible: 1 million de doses du sérum de Pfizer devaient arriver par avion jeudi soir.

AFP

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