Il s'est inspiré de l'empire romain

Rome, modèle pour Napoléon même s'il n'y a jamais mis les pieds

  • Publié le 4 mai 2021 à 11:41
  • Actualisé le 4 mai 2021 à 12:04

Napoléon, dont on célèbre mercredi le 200ème anniversaire de la mort, s'est grandement inspiré de la Rome antique pour construire son propre empire et y a laissé des traces architecturales, même s'il n'y a jamais mis les pieds.

"Depuis l'époque de sa formation au collège militaire de Brienne, l'Histoire antique a représenté pour Napoléon une source d'inspiration", explique à l'AFP Massimiliano Munzi, commissaire de l'exposition "Napoléon et le mythe de Rome" aux Marchés de Trajan dans la capitale italienne.

"Ses références étaient les personnages de la Rome antique (...) les grands empereurs, mais aussi les grands stratèges et ingénieurs militaires de l'Antiquité", raconte-t-il devant une statue du jeune Napoléon Bonaparte (1769-1821) représenté avec un exemplaire des "Vies des hommes illustres" de Plutarque. "On trouve une phase initiale dans sa jeunesse de fascination pour les héros républicains (...) mais ensuite il se dirige vers une identification avec les grands empereurs", ajoute-t-il dans un sourire plein d'ironie. Il admirait évidemment "César, Octave (Auguste), et les meilleurs empereurs: Trajan, Dioclétien, Constantin, Justinien", dont "il se sentait l'imitateur mais aussi l'héritier".

Paradoxalement, malgré cette fascination, Napoléon, souvent représenté dans ses portraits officiels sous les traits d'un empereur romain et qui est allé jusqu'à donner à son fils unique et héritier le titre de "roi de Rome", ne s'est jamais rendu dans la Ville éternelle, pourtant occupée par ses troupes de 1809 à 1814. "Il n'a pas eu le temps de venir à Rome, il était trop occupé par ses campagnes militaires et la construction de l'Etat impérial français", selon Massimiliano Munzi.

"Mais il était attendu à Rome, au point qu'au palais du Quirinal (le palais des papes aujourd'hui siège de la présidence de la République) on préparait des salles pour sa venue", ajoute-t-il. Rome était considérée comme la "seconde capitale de l'Empire, donc un lieu très important, et cela réaffirmait l'importance qu'avait eue le modèle de Rome dans la création de l'Etat impérial français".

- "Napoléon en César" -

"Si pour la Révolution française Rome était l'archétype du modèle républicain, avec Napoléon Premier consul puis empereur, il y a un saut de qualité et la France devient l'héritière directe de l'empire romain", juge l'expert. Et de quelle meilleure manière réaffirmer cette filiation qu'en restaurant les monuments de l'empire romain? Première bénéficiaire de ce mécénat intéressé, la célèbre colonne de Trajan, édifiée pour glorifier la conquête de la Dacie (l'actuelle Roumanie) par cet empereur qui régna de 98 à 117.

"Les travaux autour de la colonne de Trajan ont été parmi les premiers choisis par le gouvernement de Napoléon", souligne Nicoletta Bernacchio, autre commissaire de l'exposition, rappelant que "la colonne se présentait à l'arrivée des Français comme enfermée à l'intérieur d'un fossé malodorant rempli d'ordures dans une situation indigne d'un monument aussi important".

"Ces travaux prévoyaient de dégager la zone au sud de la colonne pour créer une grande place (...) Les travaux se poursuivirent jusqu'en 1814, quand les Français durent partir de Rome, et continuèrent au retour du pape Pie VII qui les porta à leur terme".

Napoléon ne se contenta pas de mettre en valeur le patrimoine laissé par les empereurs à Rome, il importa aussi à Paris, capitale de son empire, et notamment au Musée parisien du Louvre, de nombreuses œuvres pillées en Italie.

Il envisagea même de déménager à Paris la colonne de Trajan, mais il finit par trouver une solution bien plus simple: une copie en bronze! "La colonne de la place Vendôme, que Napoléon a fait ériger après la victoire d'Austerlitz de 1805 et qui a été inaugurée en 1810, n'est rien de plus qu'une copie de celle de Trajan", résume en souriant Nicoletta Bernacchio.

Contrairement à la colonne de Trajan, qui a perdu la statue en bronze doré de l'empereur qui la couronnait aux origines, celle de la place Vendôme est toujours surmontée aujourd'hui d'un "Napoléon en César", avec force toge, glaive et couronne de laurier.

AFP

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