Tensions croissantes

Deux assaillants palestiniens tués en Cisjordanie, manifestations à Jérusalem-Est

  • Publié le 7 mai 2021 à 21:22
  • Actualisé le 8 mai 2021 à 07:15

Les forces israéliennes ont tué vendredi deux Palestiniens et blessé un troisième, qui avaient ouvert le feu sur des gardes-frontières en Cisjordanie occupée, sur fond de tensions croissantes dans les Territoires palestiniens.

A Jérusalem-Est, une centaine de Palestiniens sont de nouveau descendus dans le quartier de Cheikh Jarrah où des familles palestiniennes sont menacées d'éviction au profit de colons israéliens. La police a tiré des grenades assourdissantes pour disperser les manifestants, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Plus au nord, près de la ville de Jénine en Cisjordanie, trois assaillants ont ouvert le feu en direction des gardes-frontières de la base de Salem, provoquant des tirs de riposte de la police aux frontières, selon un communiqué de cette police.

Deux "terroristes sont morts" et le troisième assaillant a été transféré dans un "état critique" vers un hôpital israélien, a ajouté cette source.

Le porte-parole de la police aux frontières Tamir Pero a indiqué à l'AFP que l'attaque menée selon lui par trois Palestiniens n'a pas fait de victime côté israélien.

Le ministère de la Santé palestinien a confirmé la mort de deux Palestiniens. D'après la police israélienne, trois armes à feu ont été saisies ainsi qu'un couteau sur chaque assaillant, dont l'un avait sur lui une grande quantité de balles.

- "Base terroriste" -

Cette attaque survient dans un contexte de tensions accrues dans le secteur oriental de Jérusalem et en Cisjordanie, deux territoires palestiniens occupés depuis 1967 par Israël.

Mercredi, un jeune Israélien a succombé à ses blessures infligées par les tirs d'un Palestinien trois jours plus tôt en Cisjordanie. Le même jour, un Palestinien de 16 ans a été tué par balles par l'armée israélienne selon des sources palestiniennes.

L'attaque de vendredi a coïncidé avec la "Journée d'Al-Qods (Jérusalem en arabe)" célébrée annuellement dans des pays de la région et principalement en Iran, ennemi juré d'Israël, en soutien aux Palestiniens.

A Téhéran, l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique, a prôné le combat contre Israël, qualifié de "base terroriste". Pour lui, la "chute du régime sioniste ennemi" est inéluctable.

A Jérusalem-Est, secteur annexé par Israël, des manifestations, marquées par des heurts avec les forces israéliennes, ont lieu quotidiennement depuis une semaine dans le quartier de Cheikh Jarrah. Jeudi, 15 Palestiniens ont été arrêtés et mercredi 22 Palestiniens ont été blessés et 11 arrêtés.

La dispute à Cheikh Jarrah porte sur la propriété foncière de terres sur lesquelles sont construites plusieurs maisons où vivent quatre familles palestiniennes.

Le tribunal de district de Jérusalem a rendu début 2021 une décision favorable à des familles juives qui y revendiquent des droits de propriété.

- "Crimes de guerre" -

Selon la loi israélienne, si des juifs peuvent prouver que leur famille vivait à Jérusalem-Est avant la guerre israélo-arabe de 1948, ils peuvent demander à ce que leur soit rendu leur "droit de propriété". Une telle loi n'existe toutefois pas pour les Palestiniens ayant perdu leurs biens pendant la guerre.

Pour les Palestiniens, l'affaire s'inscrit dans une campagne visant à les chasser de Jérusalem-Est, où vivent aujourd'hui plus de 300.000 Palestiniens et 210.000 colons israéliens dont la présence est jugée illégale par le droit international.

Une nouvelle audience de la Cour suprême est prévue lundi. Vendredi, le porte-parole de la présidence palestinienne Nabil Abou Roudeina a appelé Washington à faire pression sur son allié israélien pour que la situation "n'atteigne pas un niveau incontrôlable".

L'ONU a exhorté Israël à mettre fin à toute expulsion forcée de Palestiniens, avertissant que ses actions pourraient constituer des "crimes de guerre".

En Jordanie, pays qui continue d'être gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem-Est, une foule a manifesté en solidarité avec les familles palestiniennes, scandant "Nous mourrons pour Cheikh Jarrah".

AFP

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