Football

Coupe de France: Houssame l'électricien et Rumilly "n'ont pas peur" de Monaco

  • Publié le 12 mai 2021 à 20:38
  • Actualisé le 12 mai 2021 à 20:56

"Faut y aller détendu et prendre du plaisir": sur le chantier où il travaille comme électricien, Houssame Boinali écoute les recommandations de son chef avant sa demi-finale de Coupe de France jeudi avec les amateurs de Rumilly-Vallières, qui assurent n'avoir "pas peur" de Monaco.

"Je lui ai donné un placement sur les coups de pied arrêtés", professe Cédric Ferreira, conducteur de travaux, en dessinant à même le béton neuf, une combinaison qu'il estime tentable jeudi soir (21h15) face à l'ASM, que quatre divisions séparent des Hauts-Savoyards.

Imprégné du plâtre blanc de la résidence de cinq étages - "vendue sur plans" - qui bientôt accueillera des actifs ne rechignant pas à faire deux heures de route quotidiennes pour aller travailler en Suisse, Houssame Boinali s'affaire au câblage d'un tableau électrique, un métier "appris sur le tas".

"Ça me vide la tête; ça me permet de rester sur terre aussi. Je ne suis pas dans l'euphorie", confie le jeune homme né à Mayotte il y a 25 ans et arrivé en Haute-Savoie en 2019 avec sa femme, originaire d'un village de ce territoire enchâssé entre le lac d'Annecy et celui du Bourget. Avant cela, il y a eu la Réunion, où il s'est formé comme éducateur sportif et directeur de centre de vacances, et a joué attaquant dans un club local.

- Fromager, étudiant, commercial -

"J'aurais aimé ne faire que du foot mais aujourd'hui au moins j'ai quelque chose, j'ai un métier", explique celui qui officie comme latéral droit au GFA Rumilly Vallières, tout en continuant de "rêver de devenir professionnel". A l'évocation des internationaux que l'AS Monaco alignera très certainement jeudi soir, son regard se fait pétillant. "L'envie de se confronter à ce genre de joueurs" transparaît. "Dans le foot, on sait tous que tout peut aller très vite. Sur un match, une carrière peut se jouer", espère-t-il tout haut.

A 19h00, ultime entraînement sous la pluie. Les chaussures de sécurité laissent place aux crampons dans le stade d'Annecy, distant de 22 kilomètres de Rumilly, qui accueillera la rencontre. Houssame retrouve ses coéquipiers du GFA après leur journée de travail.

Parmi ces tombeurs de Toulouse (L2) lors du tour précédent, un fromager, un étudiant, un créateur de site internet ou encore un commercial dans l'immobilier.

- Chaussette fétiche -

Seuls cinq joueurs ont signé des contrats fédéraux leur permettant de se consacrer entièrement à leur sport, et moins de 10 permanents officient au club pour encadrer ses différentes équipes. "On connaît l'emploi du temps de chacun, ceux qui ont un travail difficile et ceux qui en ont un qui l'est moins. On essaie de réguler pour qu'ils soient frais mentalement et physiquement", explique le coach Fatsah Amghar, qui retrouve son effectif de National 2 trois fois par semaine.

Des garçons "qui n'ont pas peur de l'adversaire, quel qu'il soit", même si à ce stade de la compétition, l'objectif est aussi de "donner une bonne image du football amateur". "Même si notre chance (de l'emporter) est peut-être de moins de 1%, on a le droit de rêver jusqu'au jour du match", rappelle François Baudet, un des quatre co-présidents du club, qui évoque dans une phrase "les planètes pouvant s'aligner" et "la magie de coupe de France".

Dans le vestiaire, Houssame enfile une chaussette fétiche "porte-bonheur" (et trouée), avant qu'un cadre lui rappelle dans un sourire qu'elle ne sera pas réglementaire jeudi soir. Un peu plus loin, ses coéquipiers signent des cartes postales à la chaîne. "C'est pour remercier tous les bénévoles qui s'occupent de nous", commente l'un d'eux.

AFP

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