Violence meurtrière

Israël intensifie ses raids à Gaza, combat des émeutes sur son sol

  • Publié le 13 mai 2021 à 04:41
  • Actualisé le 13 mai 2021 à 06:58

Israël avait des airs jeudi de pays plongé dans un double conflit, à l'heure d'affrontements sanglants avec les islamistes du Hamas établis dans la bande de Gaza, et d'émeutes dans ses villes judéo-arabes. Peu après minuit, les alertes à la roquette ont repris dans le sud du pays, mais aussi dans la métropole Tel-Aviv et, pour la première fois depuis le début de l'escalade lundi, jusque dans le nord du pays.

Pendant ce temps, l'aviation israélienne frappait des positions du Hamas dans la bande de Gaza, micro-territoire palestinien peuplé de deux millions d'habitants, ciblant entre autres des locaux liés aux opérations de "contre-renseignement" du Hamas et la résidence d'Iyad Tayeb, un commandant du mouvement.

Le mouvement islamiste avait annoncé mercredi le décès de Wael Issa, chef de sa branche militaire pour la ville de Gaza, la principale de ce territoire palestinien, tandis que les services de renseignement intérieurs israéliens ont annoncé le décès de trois autres ténors de l'organisation. L'aviation israélienne a aussi pulvérisé une tour de plus de dix étages abritant des bureaux de la chaîne palestinienne Al-Aqsa, créée il y a quelques années par le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, où le dernier bilan fait état de 67 morts, dont 17 enfants, et près de 400 blessés.

"En représailles au raid sur la tour Al-Shorouk et à la mort d'un groupe de dirigeants", le Hamas a lancé mercredi soir plus d'une centaine de roquettes vers Israël dont plusieurs ont été interceptées par le bouclier antimissiles "Dôme de Fer".

Ces nouvelles frappes ont fait passer à environ 1.500 le nombre de roquettes tirées vers l'Etat hébreu depuis le début de la semaine par différents groupes armés. Et le bilan est passé à sept morts côté israélien, pour un total d'au moins 74 morts et des centaines de blessés en un peu plus de deux jours.

- Biden au téléphone -

Face à cette intensification des combats, une nouvelle réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour vendredi a été demandée mercredi par trois pays, la Tunisie, la Norvège et la Chine. Cette session, qui sera publique et à laquelle devraient participer Israël et les Palestiniens, sera la troisième du Conseil depuis lundi. Lors des deux premières visioconférences, tenues à huis clos, les Etats-Unis se sont opposés à l'adoption d'une déclaration commune du Conseil de sécurité visant à faire arrêter les affrontements, la jugeant "contre-productive" à ce stade, selon des diplomates.

Washington a toutefois annoncé mercredi soir l'envoi d'un émissaire en Israël et dans les Territoires palestiniens pour exhorter une nouvelle fois à la "désescalade", tandis que la Russie a appelé à une réunion d'urgence du Quartet sur le Proche-Orient (UE, Russie, USA, ONU).

Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui s'est entretenu au téléphone en soirée avec le président Joe Biden, a dit vouloir "continuer" à frapper et affaiblir les "capacités militaires" du Hamas.
Le président palestinien Mahmoud Abbas - qui siège en Cisjordanie, théâtre de manifestations, de heurts et d'attaques contre les forces israéliennes ayant fait trois morts mardi - s'est aussi entretenu avec Joe Biden mais pour lui demander de faire "cesser les attaques israéliennes".

Israël et le Hamas se dirigent vers une "guerre à grande échelle", a alerté l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland: "Une guerre à Gaza serait dévastatrice et ce sont les gens ordinaires qui en paieraient le prix", dans ce territoire palestinien de deux millions d'habitants, miné par un taux de chômage avoisinant 50%.

En coulisses, l'ONU, le Qatar et l'Egypte s'activent aussi pour faciliter une médiation, le chef de la diplomatie égyptienne ayant contacté son homologue israélien pour tenter en vain pour l'instant de le convaincre de cesser les frappes sur la bande de Gaza. Le Hamas avait lancé une première salve de roquettes vers Israël en guise de "solidarité" avec les plus de 700 Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l'Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l'islam situé à Jérusalem-Est, portion de la ville sainte conquise par Israël en 1967.

- Lynchage en direct -

Si, à quelques heures de la fin du ramadan, mois du jeûne musulman, l'Esplanade des Mosquées semblait avoir retrouvé des airs de calme jeudi, de nombreuses villes en Israël ont, elles, été le théâtre "d'émeutes". Des militants d'extrême droite ont manifesté mercredi soir à travers le pays, provoquant des affrontements avec les forces de l'ordre, et parfois des Arabes israéliens. La police a indiqué "réagir aux incidents violents dans plusieurs villes, notamment Lod, Acre et Haïfa".

Et le pays accusait le choc de la diffusion, en direct à la télévision, et à une heure de grande écoute, du lynchage d'un homme, considéré arabe par ses agresseurs, par des militants d'extrême droite près de Tel-Aviv. Ces images insoutenables montrent un homme sorti de force de sa voiture puis roué de coups par une foule de plusieurs dizaines de personnes, jusqu'à ce qu'il perde connaissance. "Ce qu'il se passe depuis ces derniers jours dans les villes d'Israël est insupportable... rien ne justifie le lynchage d'Arabes par des juifs et rien ne justifie le lynchage de juifs par des Arabes", a déclaré dans la nuit Benjamin Netanyahu, disant qu'Israël était confronté à un "combat sur deux fronts".

AFP

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