Gaza

42 Palestiniens tués dans des frappes israéliennes, impasse diplomatique à l'ONU

  • Publié le 17 mai 2021 à 01:06
  • Actualisé le 17 mai 2021 à 05:53

Les frappes israéliennes ont tué dimanche 42 Palestiniens à Gaza dont de nombreux enfants dans la journée la plus sanglante de cette semaine d'escalade de violence, tandis que la réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU n'a abouti à aucune avancée.

"Le carnage a continué aujourd'hui. Ce cycle insensé d'effusion de sang, de terreur et de destruction doit cesser immédiatement", a déclaré à l'ouverture de la réunion le secrétaire général Antonio Guterres, redoutant que l'explosion de violence ne provoque "une crise sécuritaire et humanitaire incontrôlable".

Mais cette troisième session virtuelle n'a accouché d'aucune proposition. Selon plusieurs diplomates interrogés par l'AFP, les Etats-Unis, à la position jugée incompréhensible par nombre de ses alliés, continuaient dimanche à refuser toute déclaration conjointe permettant d'aboutir rapidement à un arrêt des hostilités.

Au total, 42 Palestiniens, dont au moins huit enfants et deux médecins, ont été tués dimanche dans des bombardements israéliens sur Gaza, enclave pauvre de deux millions d'habitants sous blocus israélien depuis près de 15 ans, selon le ministère de la Santé local. Il s'agit du plus lourd bilan quotidien depuis le début des violences: au total, depuis le 10 mai, 197 Palestiniens ont été tués, dont au moins 58 enfants, et plus de 1.200 blessés.

Côté israélien, 10 personnes ont été tuées dont un enfant, et 282 blessées après des tirs de groupes armés palestiniens depuis Gaza, dont le Hamas au pouvoir. Ceux-ci ont tiré plus de 3.100 roquettes vers Israël depuis le début des hostilités, le rythme le plus élevé de projectiles jamais tirés sur le sol israélien, a indiqué dimanche l'armée israélienne, soulignant qu'une grande partie avait été interceptée par son système anti-missile.

"L'intensité de ce conflit, c'est quelque chose que nous n'avons jamais vu auparavant, avec des raids aériens incessants sur Gaza qui est densément peuplée, et des roquettes qui frappent des grandes villes en Israël", s'est alarmé Robert Mardini, directeur général de la Croix-Rouge. Relativement épargnée ces derniers jours, Jérusalem a été le théâtre dimanche d'une attaque à la voiture-bélier contre une patrouille israélienne dans l'ultra-sensible quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël. L'attaque a fait plusieurs blessés selon la police israélienne qui dit avoir "neutralisé" l'assaillant sans plus de précisions sur son sort ou son identité.

- "Surréaliste" -

D'après le ministère de la Santé à Gaza, plus de 40.000 personnes ont fui leur logement dans le micro-territoire. Abou Anas Achkanani a raconté avoir perdu dimanche sa belle-soeur et quatre neveux et nièces, dont l'aîné avait 11 ans, qui dormaient au moment d'une des frappes israéliennes sur le quartier Al-Rimal. "J'étais dans la maison à côté (...). Il n'y avait absolument rien, soudain vers 12H00, 12H15, il y a eu la frappe dans la rue et c'était l'enfer! (...). On est descendu voir, c'était surréaliste. On a sorti la mère des décombres avec les enfants".

Franchissant un nouveau palier dans son offensive contre le Hamas, l'armée israélienne a aussi annoncé sur Twitter avoir "attaqué le domicile de Yahya Sinouar et de son frère, un militant terroriste", publiant des images d'une maison pulvérisée dans un nuage de poussière. Des sources de sécurité palestiniennes ont confirmé la frappe mais on ignore le sort du chef du Hamas à Gaza.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a, dans une adresse aux Israéliens avant la fête de Chavouot (Pentecôte) qui a commencé à la tombée de la nuit, réitéré que l'opération allait encore "prendre du temps" et appelé ses compatriotes à limiter leurs "activités en extérieur".

- "Cible légitime" -

Cette fois-ci en anglais et dans un entretien à la chaîne américaine CBS, M. Netanyahu a également justifié la frappe samedi qui a pulverisé la tour de 13 étages abritant les équipes de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera et l'agence de presse américaine Associated Press (AP).

C'était "une cible parfaitement légitime", a répété dimanche le Premier ministre israélien, affirmant se baser sur des informations des services de renseignement. Reporters sans frontières (RSF) a saisi dimanche la Cour pénale internationale (CPI) après plusieurs raids contre des locaux abritant des médias, considérant qu'ils pouvaient relever de "crimes de guerre", a indiqué une porte-parole de l'association à l'AFP.

Les hostilités à Gaza ont éclaté le 10 mai avec un barrage de roquettes tirées par le Hamas sur Israël en "solidarité" avec les centaines de manifestants palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l'origine des manifestations, la menace d'expulsion forcée de familles palestiniennes au profit de colons israéliens.

Ces hostilités se sont étendues à la Cisjordanie, autre territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des heurts avec l'armée israélienne ont fait depuis le 10 mai 19 morts selon un bilan palestinien. Sur son territoire, Israël est également confronté depuis plusieurs jours à des violences inédites et des menaces de lynchages dans ses villes "mixtes", où vivent Juifs et Arabes israéliens.

La dernière grande confrontation entre Israël et le Hamas remonte à l'été 2014. Le conflit de 51 jours avait ravagé la bande de Gaza et fait au moins 2.251 morts côté palestinien, pour la plupart des civils, et 74 côté israélien, quasiment tous des soldats.

AFP

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