Voyage

Eurostar échappe à la faillite

  • Publié le 18 mai 2021 à 15:02
  • Actualisé le 18 mai 2021 à 18:03

Eurostar, filiale à 55% de la SNCF, a annoncé mardi avoir conclu un accord de financement avec ses actionnaires et ses banques pour échapper à une faillite imminente, alors qu'elle n'opère plus qu'un aller-retour quotidien entre Paris et Londres au lieu d'une quinzaine avant la pandémie.

La compagnie transmanche, qui n'assure plus également qu'un seul Londres-Bruxelles-Amsterdam par jour en ce moment, devait absolument trouver de l'argent frais avant fin mai-début juin pour éviter le dépôt de bilan. Elle a subi une chute considérable de sa clientèle, plus importante que tout autre opérateur ferroviaire européen ou compagnie aérienne concurrente, a-t-elle relevé dans un communiqué.

Or, Eurostar souffre d'être perçue au Royaume-Uni comme une entreprise publique française tandis qu'elle est souvent vue en France comme une compagnie britannique puisqu'elle est basée à Londres. Elle n'a donc pas réussi à bénéficier d'aides directes ou de prêts garantis par les Etats, contrairement aux compagnies aériennes.

Les financements trouvés, d'un montant de 250 millions de livres (290 millions d'euros), lui permettront "de faire face (aux) obligations financières à court et moyen termes", a indiqué la compagnie. "L'engagement financier fort des actionnaires avec les banques est le facteur-clé qui nous permettra, dans l'immédiat, de remonter l'activité au fur et à mesure des améliorations attendues dans la maîtrise de la pandémie" de Covid-19, a relevé le directeur général d'Eurostar, Jacques Damas.

"La catastrophe est possible", avait-il déclaré à l'AFP en janvier. Le PDG de SNCF Voyageurs Christophe Fanichet a salué mardi "ce refinancement, qui est une étape majeure pour assurer la pérennité d'Eurostar et des voyages entre le Continent et la Grande-Bretagne".

- Fusion avec Thalys -

La compagnie voit des raisons d'espérer: elle doit remonter son offre à deux allers-retours quotidiens sur la ligne Londres-Paris le 27 mai, puis ajouter un troisième service à partir de fin juin. Elle "augmentera la fréquence progressivement au cours de l'été, au fur et à mesure de l'assouplissement escompté des restrictions de voyage".

Eurostar proposait avant la pandémie entre 15 et 18 rotations quotidiennes Paris-Londres et une dizaine sur Londres-Bruxelles (dont trois venaient d'être prolongées jusqu'à Amsterdam). Le directeur général Jacques Damas entend maintenant intensifier ses échanges avec les gouvernements "pour un assouplissement maîtrisé des restrictions de voyage et pour des modalités sûres et fluides de contrôle transfrontalier".

L'accord annoncé mardi comprend l'apport de 50 millions de livres de capitaux propres par ses actionnaires, un emprunt de 150 millions garanti par ces mêmes actionnaires et 50 millions de facilités de crédit existantes restructurées. Le syndicat bancaire venu à la rescousse comprend Export Development Canada, Barclays, Credit Agricole Corporate and Investment Bank, Société Générale, Natwest et BNP Paribas.

Outre la SNCF, Eurostar est détenu à 40% par le consortium Patina Rail --composé pour 30% de la Caisse de dépôt et placement du Québec et 10% du fonds britannique Hermes Infrastructure-- et à 5% par la SNCB belge. Ces actionnaires lui ont déjà apporté 210 millions d'euros.

Eurostar a parallèlement entrepris de réduire drastiquement ses coûts, mis ses effectifs au chômage partiel et a déjà emprunté 400 millions de livres (450 millions d'euros), consommés.

Un autre objectif est la fusion d'Eurostar avec la compagnie franco-belge Thalys --filiale à 60% de la SNCF et de 40% de la SNCB--, annoncée à l'automne 2019 et espérée pour la fin de l'année selon Alain Krakovitch, le directeur général de Voyages SNCF, la branche qui chapeaute les trains grandes lignes, dont les TGV.

Thalys a également souffert de la pandémie et pour la première fois de son histoire cherche cette année un financement externe. La fusion Eurostar-Thalys doit permettre "de chercher des synergies", de faire des économies en optimisant la rotation des rames ou en unifiant l'informatique et les systèmes de distribution, a récemment expliqué M. Krakovitch à l'AFP, l'objectif étant de "se développer en Europe du Nord".

 AFP

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