Le retrait total des forces étrangères approche

L'aéroport de Kaboul, élément clé de l'après retrait d'Afghanistan

  • Publié le 19 mai 2021 à 18:16
  • Actualisé le 19 mai 2021 à 18:52

En annonçant le prochain retrait total des forces étrangères d'Afghanistan le mois dernier, le président américain Joe Biden a promis de continuer à soutenir le gouvernement afghan, notamment en maintenant une ambassade à Kaboul.

Les alliés de l'Otan lui ont emboîté le pas mais cette promesse dépend d'un élément de taille: un aéroport suffisamment sûr pour assurer la logistique et la sécurité des ambassades étrangères à Kaboul, regroupées dans la "zone verte", l'enceinte ultra-sécurisée du centre de la capitale qui dispose d'un héliport mais qui dépend de l'aéroport international pour son accès au reste du monde.

Qui va s'en charger après le départ des forces étrangères, prévu d'ici au 11 septembre? C'était un des principaux sujets de discussions des chefs d'état-major de l'Otan qui se sont réunis cette semaine à Bruxelles.

L'aéroport de Kaboul, principal accès à un Afghanistan enclavé et entouré de chaînes montagneuses, "est l'un des éléments clés pour maintenir une présence diplomatique", a déclaré mardi le chef d'état-major américain, le général Mark Milley. "Nous sommes en train de travailler sur la façon de sécuriser l'aéroport, et quels pays pourraient y participer" , a-t-il précisé dans l'avion le ramenant vers Washington après la réunion de Bruxelles.

"Il y a eu beaucoup de discussions à ce sujet, mais rien n'a été décidé", a-t-il ajouté, précisant que les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan prendront des décisions à ce sujet lors de leur prochain sommet à la mi-juin. Questionné à ce sujet par l'AFP, un responsable de l'Otan a confirmé que l'Alliance atlantique "reste engagée envers son partenariat durable avec l'Afghanistan et son soutien aux forces de sécurité afghanes". "Nous examinons en détail la façon de continuer à apporter ce soutien", a ajouté ce responsable ayant requis l'anonymat.

Le Pentagone évalue entre 1.000 et 1.500 soldats les effectifs nécessaires pour assurer la sécurité de l'aéroport, actuellement assurée par l'armée turque, avec le soutien des forces afghanes.

- Condition préalable -

Or après le retrait de la totalité des forces étrangères agréé par les alliés de l'Otan après la décision de M. Biden de retirer tous les Américains du pays, seuls les soldats des forces spéciales afghanes sont suffisamment entraînés pour assumer cette tâche. Si les talibans poursuivent leur offensive contre le gouvernement afghan, ils seront très demandés ailleurs, sans compter que le gouvernement pourrait s'effondrer.

Plusieurs options sont envisagées pour garder le contrôle de l'aéroport et prévenir un tel effondrement des institutions afghanes: faire appel à des sociétés de sécurité privées, confier la mission à un ou plusieurs pays qui agiraient indépendamment de l'Otan, voire faire appel à l'ONU, selon plusieurs responsables européens et américains questionnés par l'AFP.

Mais les Alliés craignent que les sous-traitants étrangers soient perçus comme des mercenaires et que leur présence soit assimilée à une présence étrangère en Afghanistan et menacer un processus de paix déjà très incertain. Lors de la réunion de l'Otan, plusieurs pays ont exprimé la volonté de participer à la sécurité de l'aéroport pour garder une présence diplomatique à Kaboul, selon la délégation américaine, qui n'a pas cité les pays concernés.

La Turquie étudie la question de maintenir une présence militaire à l'aéroport mais elle n'a rien promis, a noté une source militaire occidentale. Une présence américaine est exclue, M. Biden ayant insisté pour qu'il ne reste plus un seul Américain sur le sol afghan au 11 septembre, qu'il soit militaire ou sous-traitant privé.

Les Européens sont soucieux de maintenir des diplomates à Kaboul, notamment pour superviser l'assistance économique au pays et le financement de l'armée afghane, mais un aéroport sécurisé est une condition préalable à toute présence diplomatique. L'UE veut "s'assurer que tous les progrès qui ont été faits depuis 20 ans, et il y en a eu en termes de droits humains, de l'Etat de droit, de démocratisation, que tous ces gains ne disparaissent pas", note un diplomate européen.

Le Pentagone doit procéder au retrait des derniers 2.500 militaires et 16.000 sous-traitants civils d'ici le 11 septembre, jour de l'anniversaire des attentats de 2001 qui avaient provoqué l'invasion américaine. Le retrait n'a pas mis fin aux attaques perpétrées par les talibans contre le gouvernement afghan, son armée mais aussi les civils.

AFP

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