Economie

Le Portugal, premier pays à recevoir l'aval de l'UE pour son plan de relance post-Covid

  • Publié le 16 juin 2021 à 17:26
  • Actualisé le 16 juin 2021 à 18:09

Le Portugal est devenu mercredi le premier pays de l'Union européenne à recevoir le feu vert de Bruxelles pour son plan de relance financé par un emprunt commun inédit destiné à surmonter les conséquences économiques de la pandémie.

"C'est le premier plan de relance national soutenu par la Commission, ici au Portugal", a déclaré à Lisbonne la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui doit se rendre ensuite à Madrid pour approuver le plan espagnol avant de continuer sa tournée jeudi à Athènes et Copenhague. Le Portugal, qui assure la présidence semestrielle de l'UE, avait déjà voulu donner l'exemple en devenant en avril le premier pays à soumettre à Bruxelles ses projets d'investissements dans le cadre du plan de relance de 750 milliards d'euros, âprement négocié par les 27 jusqu'à son adoption en juillet 2020.

La présidente de la Commission a ainsi remercié Lisbonne pour avoir "joué un rôle crucial pour faire du mécanisme de relance une réalité". La plupart des autres Etats membres ont eux aussi rendu leur copie et recevront à leur tour une visite de Mme von der Leyen, qui a voyagé pour la première fois mercredi avec le "pass sanitaire" européen, qui entrera en vigueur officiellement le 1er juillet.

- Economies dévastées -

Après le Portugal, le périple de Mme von der Leyen passera par l'Espagne, deuxième bénéficiaire de ces fonds européens derrière l'Italie. Madrid doit toucher quelque 140 milliards d'euros au total, dont 70 milliards d'euros en subventions directes et autant sous forme d'emprunts. Le Portugal et l'Espagne, "deux pays du Sud de l'Europe, qui dans le passé ne se sont pas sentis accompagnés, ont bénéficié cette fois-ci d'un soutien et d'une générosité extraordinaire de la part de leurs partenaires du Nord", a commenté à l'AFP Toni Roldan, directeur du centre de recherche en politique économique EsadeEcPol de Madrid.

L'Espagne a été l'un des pays les plus touchés par la première vague de la pandémie de Covid-19, au printemps 2020, tandis que le Portugal a lui été durement touché en début d'année. Très dépendantes du tourisme, leurs économies ont été dévastées. Depuis la crise de la dette de 2011, Lisbonne et Madrid se sont souvent retrouvés en première ligne face aux attaques des pays dits "frugaux" qui rechignaient à financer les dépenses de pays du sud de l'Europe, selon eux moins vertueux dans la gestion de leurs finances publiques.

- "Ambition réformiste" -

Alors qu'un certain flou persiste sur les conditions attachées à ces plans de relance, l'Espagne et le Portugal auraient pu faire preuve d'"une plus grande ambition réformiste", a estimé Toni Roldan. "Je comprends que ce soit difficile pour la Commission, dans ce contexte très compliqué, avec la montée du populisme, toutes les souffrances post-pandémie, d'exiger des réformes très profondes, mais en même temps c'est le meilleur moment", a ajouté l'analyste.

A Lisbonne, Mme von der Leyen a visité un centre pédagogique consacré aux sciences pour illustrer la volonté de ce pays, qui doit recevoir 16 milliards d'euros à fonds perdus, d'investir dans l'innovation et l'éducation. Elle sera dans la foulée reçue à Madrid par le chef du gouvernement Pedro Sanchez au siège du gestionnaire national du réseau électrique alors que l'Espagne entend consacrer la plus grosse part de son plan à la transition écologique.

Pour financer ces investissements, l'UE a dû s'accorder sur un mécanisme inédit qui lui a permis de réaliser mardi une première émission de dette commune, d'un montant de 20 milliards d'euros, saluée par Mme von der Leyen comme "la plus grande opération" de ce type jamais réalisée en Europe. La Commission prévoit de lever d'ici la fin de l'année 100 milliards d'euros en obligations à long terme pour financer les plans nationaux.

AFP

guest
0 Commentaires