Trois personnes décédées

Attaque meurtrière en Allemagne : les enquêteurs n'excluent pas une radicalisation

  • Publié le 26 juin 2021 à 19:47
  • Actualisé le 26 juin 2021 à 21:05

Les enquêteurs allemands n'excluaient pas samedi qu'une radicalisation islamiste ou des troubles psychiatriques aient poussé un jeune homme à tuer trois personnes dans une brutale attaque au couteau vendredi à Wurtzbourg, dans le Sud de l'Allemagne.

L'homme, de nationalité somalienne et arrivé en Allemagne comme demandeur d'asile en mai 2015, a pu être maîtrisé grâce à l'intervention de passants dont plusieurs responsables politiques ont loué le courage civique.

Vendredi peu après 17h00 locales (15h00 GMT), il a tué trois femmes, dont une vendeuse, dans un grand magasin de cette ville bavaroise de 130.000 habitants.

Il s'en est pris ensuite à d'autres personnes dans une caisse d'épargne voisine puis dans la rue, blessant six personnes grièvement, dont l'une est entre la vie et la mort.

Lors d'une conférence de presse samedi à Wurtzbourg, le ministre bavarois de l'Intérieur, Joachim Herrmann a estimé que "les indices d'une possible radicalisation vers l'islamisme" et ceux montrant que le jeune homme de 24 ans souffrait "de possibles problèmes psychiatriques ne s'excluaient pas entre eux". Selon un témoignage rapporté par M. Herrmann, l'agresseur, qui vivait dans un centre d'hébergement pour sans domicile fixe, a crié "Allah Akbar" (Allah est le plus grand) en perpétrant l'attaque.

- Propagande -

Le parquet national anti-terroriste n'a pas été saisi à ce stade et les enquêteurs ont dit ne pas pouvoir confirmer si du matériel de propagande de l'organisation Etat islamique (EI) avait été retrouvé au foyer de l'agresseur, comme l'affirmait des médias.

L'analyse de deux téléphones portables est par ailleurs en cours. En revanche le jeune homme, qui dispose d'un titre de séjour en Allemagne, a eu maille à partir à deux reprises depuis le début de l'année avec la justice qui avait ordonné son internement provisoire en hôpital psychiatrique.

Lors du dernier incident, ce mois-ci, il était sorti de l'établissement au bout de 24 heures, a précisé Wolfgang Gründler, procureur de Bamberg. L'Allemagne était sous le choc après ces "assassinats brutaux", selon Joachim Herrmann.

Le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, a souligné que l'enquête révèlerait ce qui a motivé l'agresseur. "Mais ce qui est certain, c'est que cet acte horrible est dirigé contre toute l'humanité et toutes les religions", a-t-il twitté.

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a dit être "choqué" alors que l'agresseur a fait preuve "d'une extrême brutalité".

La coquette cité de 130.000 habitants s'est réveillée hébétée: des résidents venaient déposer des fleurs et des bougies sur les lieux de l'attaque, a constaté une journaliste de l'AFP. "Je suis triste et sous le choc, c'est pour cela que je suis venue ici aujourd'hui. C'est la moindre des choses que l'on puisse faire", témoignait une habitante, Franziska.

Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est saisi de l'affaire pour dénoncer "les meurtres islamistes au couteau en plein cœur de l'Allemagne", selon un tweet de son co-président, Jörg Meuthen.

L'AfD, qui a bâti une grande partie de son discours sur le rejet de l'islam et de l'immigration, a également vu dans cette attaque "une nouvelle preuve de l'échec de la politique migratoire d'(Angela) Merkel".

Le candidat des conservateurs et possible successeur d'Angela Merkel à la chancellerie Armin Laschet a, lui, fait part de son "grand respect" à l'égard "des courageux citoyens qui sont rapidement intervenus" pour stopper l'agresseur.

- 'Citoyens courageux'-

La candidate des Verts, Annalena Baerbock, a elle aussi adressé "un grand merci" aux équipes de secours et "aux citoyens courageux" qui se sont interposés.

Des vidéos amateurs diffusées dès vendredi soir sur les réseaux sociaux montraient des scènes d'une grande violence. L'agresseur, pieds nus et portant un masque de protection, titubait, long couteau en main, dans la rue alors que des passants tentaient de le stopper en se saisissant de chaises des terrasses de café et de bâtons. L'homme a finalement été arrêté par la police qui lui a tiré une balle dans une cuisse.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive concernant la menace islamiste pesant sur l'Allemagne, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique qui avait fait douze morts en décembre 2016 à Berlin. Cette attaque jihadiste est la plus meurtrière jamais commise sur le sol allemand.

AFP

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