Etats-Unis

Plombé par les accusations de harcèlement sexuel, le gouverneur de New York jette l'éponge

  • Publié le 10 août 2021 à 22:17
  • Actualisé le 11 août 2021 à 06:43

La pandémie de coronavirus en avait fait une vedette politique nationale, mais un an plus tard, plombé par les accusations de harcèlement sexuel, le puissant gouverneur de New York Andrew Cuomo a fini par jeter l'éponge et annoncé sa démission mardi.

"Etant donné les circonstances, la meilleure manière de vous aider est de me retirer", a lancé Andrew Cuomo dans une déclaration vidéo depuis son bureau, en présentant aussi ses "profondes excuses" aux femmes qui se sont "senties offensées" par ses actions.

Le gouverneur de 63 ans, qui en était à son troisième mandat à la tête du 4e Etat le plus peuplé du pays (environ 20 millions d'habitants), a fini par lâcher prise, six mois après les premiers appels à sa démission à cause de cette affaire et une semaine après les conclusions accablantes d'une enquête demandée par la procureure générale de l'Etat de New York, Letitia James.

Les investigations, contenues dans un rapport de 168 pages, concluaient qu'Andrew Cuomo avait violé des lois fédérales et de l'Etat de New-York et harcelé sexuellement onze femmes, dont une majorité de collaboratrices et employées, en énumérant de nombreux gestes ou attitudes déplacés. "Les accusations les plus graves ne reposent sur aucune base crédible dans le rapport. Et il y a une différence entre des allégations d'agissements inappropriés et le fait de conclure qu'il y a harcèlement sexuel", s'est encore défendu Andrew Cuomo mardi, peu après une longue intervention de son avocate, qui a renouvelé les accusations de partialité contre l'équipe de Letitia James.

"Mais ça ne veut pas dire que onze femmes n'ont pas été offensées. Elles le sont. Et pour cela, je m'excuse profondément", a ajouté le gouverneur, en assurant ne pas avoir eu conscience de la portée de ses gestes, alors qu'il est accusé dans certains cas d'avoir touché les fesses ou la poitrine de certaines femmes.

- Chute vertigineuse -

Il a précisé que sa démission prendrait effet dans 14 jours et a rendu hommage à la vice-gouverneure Kathy Hochul, "intelligente et compétente", qui va le remplacer dans l'immédiat, et devenir ainsi la première femme gouverneure de l'Etat de New York.

La chute est vertigineuse pour ce descendant d'immigrés italiens, biberonné à la politique par son père Mario Cuomo, qui fut gouverneur de l'Etat pendant trois mandats avant lui (1983-1994), et qui était pressenti pour faire mieux en visant un quatrième mandat en 2022.

A la tête de l'Etat, cet ancien secrétaire au Logement de Bill Clinton, qui fut marié à l'une des filles de Bob Kennedy, a fait adopter plusieurs lois progressistes, comme le mariage homosexuel en 2011, ou le salaire minimum à 15 dollars de l'heure.

C'est surtout au plus fort de la pandémie de coronavirus, au printemps 2020, quand New York était frappée de plein fouet par le Covid-19, qu'Andrew Cuomo a acquis le statut de vedette nationale. Avec ses points de presse quotidiens, rationnels et rassurants, ce politique expérimenté mais réputé dur et autoritaire avait changé de dimension, incarnant l'antithèse de Donald Trump, dont les annonces sur la crise sanitaire étaient vues comme erratique.

Ses échanges répétés, sur un ton badin et complice, avec son frère Chris Cuomo, un journaliste vedette de CNN, avaient également marqué les téléspectateurs confinés.
Mais le bilan du gouverneur avait toutefois déjà été terni par une affaire de sous-estimation du nombre de morts du Covid-19 dans les maisons de retraite, puis par les accusations de harcèlement sexuel, qui avaient émergé au début de l'année.

Se qualifiant volontiers de "combattant" comme il l'a répété mardi, Andrew Cuomo était de plus en plus seul. Depuis une semaine, les appels à la démission venaient de toutes parts et dès la sortie du rapport, le président américain Joe Biden lui avait demandé de quitter ses fonctions.

En outre, les élus du Parlement de l'Etat de New-York semblaient de plus en plus décidés à accélérer les choses pour obtenir un procès en destitution, et la plainte d'une ancienne assistante, déposée la semaine dernière, avait ouvert la voie à de possibles poursuites judiciaires.

Cette ancienne collaboratrice est sortie de l'anonymat lundi en témoignant sur la chaîne CBS pour raconter comment son "poste de rêve" avait "tourné au cauchemar". Parmi les accusations les plus graves, Brittany Commisso accuse notamment le gouverneur d'avoir passé la main sous son chemisier pour lui toucher le sein.

AFP

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