Nombreux problèmes pratiques

Dans les écoles marseillaises, on se débrouille sans attendre le président

  • Publié le 2 septembre 2021 à 20:10
  • Actualisé le 2 septembre 2021 à 20:52

Robinets en panne, toitures qui fuient, manque de personnel: dans de nombreuses écoles marseillaises, les équipes s'efforcent de régler les problèmes pratiques, sans attendre les annonces d'Emmanuel Macron, en visite dans la deuxième ville de France.

Dans une école maternelle d'un quartier populaire, la directrice, Stéphanie* (prénom d'emprunt), se souvient de son arrivée à Marseille en 2004: "En arrivant de région parisienne, j'ai été effarée, maintenant je me suis habituée..." Même le maire de Marseille, le socialiste Benoît Payan, dresse un constat sans appel: "Les écoles sont indignes de la République".

Dès le matin de la rentrée, les problèmes s'accumulent dans l'établissement de Stéphanie, classé Rep+ (réseau d'éducation prioritaire): des "filets d'eau" coulent des robinets et deux agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) manquent car envoyées dans une autre école pour un remplacement.

Le bâtiment de huit classes à l'architecture chaotique est ponctuée de minuscules cours de récréation sans ombre, et régulièrement visitées par des rats. "On a des peintures moisies par endroit, et surtout des classes dans des préfabriqués depuis huit ans, "avec de gros problèmes d'isolation", alors que ça devait être du provisoire", déplore la directrice.

- 35 degrés dans les classes -

Plus au nord de la ville, à l'école Bouge, visitée par Emmanuel Macron jeudi, même problème d'isolation en raison de la structure métallique: "Il fait 35 degrés certains jours l’été. Et l’hiver, on vient en classe avec les blousons", décrit un enseignant au président.

La visite du chef de l'Etat et ses annonces attendues d'une enveloppe conséquente pour les écoles marseillaises, "est forcément une victoire pour nous, on partage enfin notre constat", estime Sébastien Fournier, secrétaire départemental adjoint du syndicat enseignant Snuipp.

"Mais il ne faut pas que ce soit des annonces d'un président candidat, il faut un engagement fort", prévient le représentant syndical. Il préconise "une réforme structurelle pour assurer l'entretien du bâti". "Pas question qu'on mette un milliard puis qu'on réalise dans dix ans que rien n'a été fait", insiste-t-il.

Pour le Snuipp, outre le bâti, "une catastrophe, une honte", il faut aussi agir sur le personnel municipal. Avec un taux d'encadrement d'un agent pour 55 enfants en élémentaire et d'un pour 30 en maternelle, Marseille doit "recruter en urgence", selon M. Fournier.

Jeudi midi, dans son école, Stéphanie a constaté qu'il n'y avait que "deux agents pour soixante enfants, des tout petits qui ne savent pas toujours manger seuls". Elle déplore aussi que, contrairement à Paris, "à Marseille on n'a pas d'aide de la mairie pour des sorties scolaires, rien, encore moins des classes découverte".

Malgré tout, reconnaît-elle, "les rapports avec la mairie se sont bien améliorés" depuis le changement de municipalité en juillet 2020. "Les élus aux écoles viennent aux conseils d'école, ils sont plus réactifs aussi pour les travaux", assure la directrice.

Sur 470 écoles, la mairie de gauche, qui avait voté une enveloppe d’urgence de 30 millions à son arrivée en juillet 2020, a profité de l’été pour rénover des toits, des salles de classes, des sanitaires dans 208 établissements.

"Cette année, nous avons multiplié par trois le budget consacré aux travaux d’entretien des écoles, le passant de 7,5 à 21 millions. Et nous lançons les premiers chantiers de construction ou rénovation, concernant 18 écoles sur la ville", a détaillé Benoît Payan dans le dossier de presse. Il entend aussi s’attaquer à la sécurité routière avec dix écoles qui vont tester des aménagements piétons et des marquages au sol.

Devant l'école Bouge, Amel Fettah, présidente d'une association de parents d'élèves, se félicite d'avoir obtenu "un feu rouge et une poignée de barrières" pour sécuriser le passage des enfants.

Interrogée sur le devenir de cette école, la mairie donne 2024 comme horizon de rénovation. "Imaginez que mon fils aîné vient de rentrer à l'université, vous imaginez depuis combien d'années on se bat ici ?", lance Mme Fettah.

AFP

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