[VIDEO - PHOTOS] Il était venu tourner "La Sirène du Mississippi" à La Réunion

Décédé à l'âge de 88 ans Jean-Paul Belmondo avait la cascade dans la peau

  • Publié le 7 septembre 2021 à 02:58
  • Actualisé le 7 septembre 2021 à 06:20

Avec la mort de Jean-Paul Belmondo, à 88 ans, le 7e art perd une de ses figures les plus populaires, un acteur sachant tout faire, sans se prendre trop au sérieux, des films d'action aux plus belles heures du cinéma d'auteur. Ainsi, suspendu en caleçon à pois à un hélicoptère, virevoltant sur les toits, en équilibre debout sur une rame de métro... Jean-Paul Belmondo a marqué le cinéma par les spectaculaires cascades qu'il effectuait dans ses films, au prix de belles frayeurs. Entre le 2 décembre 1968 et le 28 février 1969 Jean-Paul Belmondo était venu tourner à La Réunion. Il avait donné la réplique à Catherine Deneuve dans le film "La Sirène du Mississippi"

L'interprète aux 80 films  laisse derrière lui des rôles inoubliables, notamment celui de Louis Mahé, dans "La Sirène du Mississippi". Il jouait le rôle d'un riche industriel de La Réunion qui va épouser Julie Roussel (Catherine Deneuve). Le film a été tourné à La Réunion en 1968

Dans les mémoires, c'est le Bébel au sourire ravageur, nez de boxeur et gouaille inimitable, qui restera. Sa carrière commencée sur les planches l'a mené en un demi-siècle aux sommets du box-office français, avec 130 millions de spectateurs cumulés au cinéma. Celui qui était l'une des dernières grandes vedettes populaires de sa génération, avec Alain Delon ou Brigitte Bardot, peut-être encore plus fédérateur, avait quasiment disparu des écrans après un accident vasculaire en 2001.

- "Derniers héros" -

Sa mort tourne une page majeure du cinéma français, Belmondo partant après sa bande d'amis du conservatoire, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Bruno Crémer ou encore Claude Rich... Ces dernières années, il avait dû enterrer ses complices, de Guy Bedos au meilleur ami, Charles Gérard, avec lequel il ne cessait de partager fous rires, gueuletons et matchs à Roland-Garros.

Il restait un modèle absolu pour ses pairs, notamment Jean Dujardin, qui le considérait comme "l'un des derniers héros" du cinéma français. Ses tribulations dans "L'Homme de Rio" ont inspiré jusqu'à Steven Spielberg, pour "Indiana Jones".

Et le public français ne s'est jamais lassé de revoir ses films, sur grand écran, à la télévision ou plus récemment sur Netflix, dans des polars comme chez Godard.

"Déjà à 14-15 ans, je me baladais sur les toits, je n'ai pas le vertige!", confiait l'acteur qui n'a "jamais compris pourquoi on (lui) a tant reproché (ses) cascades". "L'Homme de Rio", "Peur sur la ville", "Le Guignolo", "Le Casse", "Joyeuses Pâques", "Une chance sur deux"... A plus de 60 ans, Jean-Paul Belmondo virevoltait encore dans les airs dans bon nombre de ses films. Seul son accident vasculaire cérébral en 2001 sonnera la fin de ces fameuses cascades, devenues sa marque de fabrique.

"Si je les faisais", plaisantait-il, "c'était parce que ça m'amusait. Le cinéma m'a donné l'occasion de faire des choses que je n'aurais jamais faites. Ca a commencé avec +L'Homme de Rio+ et puis je me suis retrouvé accroché à un hélicoptère au-dessus de Venise, de Paris, du Népal... Où je peux faire ça sans me retrouver au poste?"

Ses premières cascades, il les a réalisées alors qu'il était encore très peu connu. Lors du gala de l'Union des artistes où un funambule yougoslave lui a appris à rouler sur un fil assis sur une moto... Sur les plateaux de cinéma, Bébel, doté d'une excellente condition physique, impressionnait tous ceux qui préparaient avec lui les numéros de voltige.

- "Je prends mon pied" -

"C'est le meilleur cascadeur que j'aie formé. Il est bien meilleur que moi !" s'enthousiasmait Gil Delamare, le professionnel qui l'a secondé sur le tournage de "L'Homme de Rio". Même son de cloche chez Rémy Julienne, le monsieur cinéma de la cascade, qui l'a retrouvé sur les plateaux à 14 reprises: "avec lui, on était obligé de progresser".

Amoureux du risque, Jean-Paul Belmondo s'est parfois fait des frayeurs dans ses numéros et a même eu droit à de sacrés accidents: entorse à la cheville gauche sur "L'Homme de Rio", cuisse déchirée après avoir traversé une fenêtre vitrée dans "Le Magnifique", main droite fracturée lors de la cascade sur les toits des Galeries Lafayette dans "Peur sur la ville".

Dans "L'Animal" (1977), une vilaine déchirure avec entorse après avoir dévalé 80 marches d'escalier ne l'empêche pas de refaire directement la scène... le pied fortement bandé!

L'acteur lui-même plaisantait dans ses mémoires sur le fait qu'on lui ait collé cette "étiquette" de cascadeur. "Les gens aimaient ça mais pour l'intelligentsia parisienne, je ne savais plus jouer la comédie: j'étais devenu un cascadeur". De fait, dans les années 1970 et 1980, à la sortie de chaque "Belmondo", on parlait davantage des cascades que du film lui-même.

Mais lui n'en avait cure: "Je prends mon pied, sans penser au danger. Je calcule toujours les risques avant mais quand c'est parti, je ne recule pas. Si un jour j'en ai assez, alors je dirai les textes de Duras".

Ce bon vivant qui a eu quatre enfants (dont une fille, Patricia, décédée) de deux unions, laisse derrière lui un clan resté proche jusqu'à la fin. Et à qui il aura transmis son amour du cinéma et des sensations fortes: Paul, son fils, a tâté au théâtre et à la télévision, en parallèle d'une carrière de pilote automobile, et Victor, son petit-fils, fait des débuts prometteurs au cinéma.

www.ipreunion.com avec l'AFP / redac@ipreunion.com

 

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2 Commentaires
Jean-Noël
Jean-Noël
2 ans

C'est Albert Ramassamy, pas encore sénateur, qui avait joué le rôle du prêtre célébrant le mariage dans l'église de Sainte-Anne

Jeanbon
Jeanbon
2 ans

Simplement le meilleur !