Vol d'évacuation

Délivrance pour une centaine de passagers ayant quitté l'Afghanistan

  • Publié le 9 septembre 2021 à 22:06
  • Actualisé le 10 septembre 2021 à 06:32

Ils ont attendu des heures à l'aéroport, ressassant leurs craintes de ne pouvoir quitter un pays désormais dirigé par les talibans et leurs désirs de liberté ailleurs... avant la délivrance. Jeudi, un premier vol d'évacuation a décollé de Kaboul depuis le départ des Américains.

Selon une source proche de l'opération, quelque 113 passagers ont décollé vers 18H30 locale (14H00 GMT) de la capitale afghane pour le Qatar, où leur avion s'est posé 2H45 plus tard. Ils transiteront par l'Emirat avant de rejoindre leur destination finale.

A Kaboul, une mère souriait doucement tout en poussant un enfant en bas âge dans une poussette, tandis que son mari faisait monter leurs deux jeunes garçons excités dans le bus pour un court trajet vers l'avion. "Deutschland, Allemagne", s'est écrié l'homme, quand l'AFP lui a demandé où ils allaient. Un autre passager, Américain d'origine afghane, a déclaré s'envoler pour Washington D.C.

Les six membres de sa famille ont essayé à plusieurs reprises de partir les deux dernières semaines d'août, a-t-il raconté, alors que les talibans avaient pris le pouvoir et que l'armée américaine organisait un gigantesque pont aérien, permettant à plus de 123.000 personnes de quitter le pays. Mais un rideau de combattants talibans empêchait les voyageurs de s'approcher de l'aérodrome, devant lequel des milliers de candidats à l'exil s'amassaient. "J'ai été battu par les talibans le 28 août, et je ne me sens pas très bien", a-t-il assuré à l'AFP, requérant l'anonymat pour ne pas mettre en danger sa famille restée en Afghanistan. "On m'a dit que des gens me recherchaient encore."

"Ce sont des émotions mitigées parce que je laisse ma mère et mes frères ici, et ils ne se sentent pas non plus en sécurité", a poursuivi ce père de famille. Mais pour lui, sa femme et leur quatre enfants, "c'est très émouvant de partir", a-t-il reconnu.

- Aller simple -

Le terminal de l'aéroport que les passagers ont traversé jeudi était méconnaissable par rapport à l'infrastructure saccagée vue par l'AFP le 31 août, au lendemain du départ des troupes américaines. Les cartouches vides jonchant le sol ont été nettoyées. Des cabines en bois ont été installées dans une zone d'immigration immaculée, tandis que deux carrousels à bagages ont été réparés.

Une gigantesque remise à niveau, assurée par une équipe qatarie travaillant 24 heures sur 24, a transformé le complexe délabré en un terminal international fonctionnel.
Dans la zone d'enregistrement, un panneau "Bienvenue à l'aéroport de Kaboul" a été fixé. De nouveaux écrans de télévision ont été placés au-dessus des comptoirs, des sols en marbre brillent désormais et les passagers faisaient la queue derrière des barrières régulières.

La sécurisation des lieux, cruciale, est gérée par un personnel qatari vêtu de noir, aussi amical que lourdement armé. Six hommes montaient la garde durant le chargement de l'avion, tandis qu'à l'intérieur du terminal, leurs collègues faisaient défiler les passagers.

Des talibans avaient de leur côté pris position à d'autres endroits de l'aéroport, principalement près des entrées latérales de la piste. De temps en temps, un pick-up chargé de leurs combattants armés passait en trombe, comme pour montrer qu'ils étaient toujours là.

Alors que l'avion était sur le point de décoller, un groupe d'islamistes, qui s'était avancé sur la piste pour prendre des selfies, a dû être rappelé à l'ordre par le personnel de sécurité qatari. Le vol s'est malgré cela élancé sans encombre dans un ciel sombre. A son bord, 113 passagers qui ne reverront peut-être jamais l'Afghanistan.

AFP

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