Elections

Les Canadiens votent, l'avenir de Justin Trudeau en jeu

  • Publié le 21 septembre 2021 à 03:58
  • Actualisé le 21 septembre 2021 à 06:14

Les Canadiens votent lundi pour décider s'ils reconduisent le Premier ministre sortant Justin Trudeau pour un troisième mandat ou choisissent l'alternative avec le conservateur modéré Erin O'Toole, lors de législatives anticipées à l'issue très incertaine.

Dans ce pays qui compte six fuseaux horaires, les premiers bureaux de vote ont fermé leurs portes, mais les électeurs de Colombie-Britannique, sur la côte pacifique, ont jusqu'à 19H00 (02H00 GMT mardi) pour glisser leur bulletin dans l'urne.

Ensuite, il faudra peut-être patienter jusqu'à mardi pour connaître le nom du vainqueur, car le scrutin s'annonce très serré et un grand nombre d'électeurs ont choisi le vote par anticipation ou par correspondance. Le Premier ministre sortant a déclenché des élections anticipées à la mi-août pour tenter de regagner la majorité qu'il avait perdue deux ans plus tôt. Mais l'usure du pouvoir se fait sentir, et la "Trudeaumanie" de 2015 semble bien loin... Il plafonne ainsi autour de 31% d'intentions de vote, au même niveau que son principal rival qui était pourtant encore inconnu du grand public il y a peu.

Pourtant, Justin Trudeau s'est dit "serein" à la sortie de son bureau de vote à Montréal. "On a travaillé très fort pendant cette campagne et les Canadiens sont en train de faire un choix important", a-t-il déclaré à l'AFP entouré de ses enfants et de sa femme Sophie Grégoire. Lors des derniers jours de campagne, il a appelé au vote stratégique, expliquant que le retour des conservateurs serait synonyme de retour en arrière, notamment sur la question climatique.

"Fiers de voter aujourd'hui, assurez-vous de faire de même!", a encouragé de son côté sur Twitter Erin O'Toole, en postant une photo devant l'urne avec son épouse. Ce dernier a promis aux Canadiens d'incarner le renouveau et fait une campagne résolument au centre.

- Longues files d'attente -

Mais devant certains bureaux de vote, il fallait s'armer de patience en fin de journée, notamment dans les grandes villes comme Toronto ou Montréal.
Liliane Laverdière, 67 ans, a tenté quatre fois d'aller voter et a expliqué avoir été surprise par l'affluence. "D'après moi, les gens veulent du changement", a-t-elle déclaré en précisant "n'avoir jamais vu ça" en dix ans.

"En général, ça s'est bien déroulé", indique toutefois à l'AFP en fin de journée Natasha Gauthier, porte-parole d'Elections Canada, l'organisme chargé d'organiser le scrutin, compliqué par la pandémie de Covid-19 et la remontée des cas dans le pays.

A l'entrée de son bureau de vote à Montréal, Douglas O'Hara enrage: "je ne suis pas content de ce scrutin, Justin avait dit qu'il ne déclencherait pas d'élections pendant le Covid et finalement dès qu'il a cru que c'était le bon moment pour avoir une majorité, il les a déclenchées. Donc je pense vraiment qu'il nous a menti".

Pour la première fois de sa vie, ce pompiste à temps partiel de 73 ans ne votera pas pour le parti libéral. Mais d'autres électeurs mettent en avant la façon dont le Premier ministre sortant a géré la crise sanitaire - avec un pays qui affiche l'un des taux de vaccination les plus élevés au monde. "Pour moi, la gestion de la pandémie est l'enjeu le plus important de cette élection. Et je pense que le Premier ministre l'a bien gérée", estime Kai Anderson, 25 ans, électrice à Ottawa, la capitale fédérale.

- Suspense -

Comme en 2019, le pays est fortement divisé et aucun parti ne semble en mesure d'obtenir une majorité. Les quelque 27 millions de Canadiens sont appelés à élire les 338 députés que compte la Chambre des communes. Si aucun des deux grands partis qui alternent au pouvoir depuis 1867 n'est en mesure d'obtenir une majorité des sièges au Parlement, le vainqueur devra composer un gouvernement minoritaire. Et pour cela, il aura besoin de composer avec les plus petits partis pour gouverner à Ottawa.

Comme le Nouveau Parti Démocratique (NPD, gauche), de Jagmeet Singh, crédité de 20% des intentions de vote. Ou le Bloc québécois, formation indépendantiste dirigée par Yves-François Blanchet, qui a semblé reprendre des couleurs en fin de campagne après une polémique sur la place du Québec au sein de la confédération canadienne.

Dernier grand parti en lice, les Verts d'Annamie Paul ont peiné à faire passer leur message d'une urgence climatique, luttant pour leur survie en raison de problèmes d'unité et d'image.

"La question au départ était de savoir si les libéraux méritaient d'avoir un gouvernement majoritaire. Et maintenant, la question est de savoir s'ils méritent de rester au pouvoir", résume Daniel Béland, professeur à l'université McGill.

AFP

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1 Commentaires
Poupette
Poupette
2 ans

En tous cas on n'a rien à envier aux pays totalitaires dans la pays démocratiques les hommes politiques ne veulent pas quitter le pouvoir