Election présidentielle

La primaire écologiste, au centre de toutes les attentions à gauche

  • Publié le 23 septembre 2021 à 15:17
  • Actualisé le 23 septembre 2021 à 15:32

Le match entre Sandrine Rousseau et Yannick Jadot pour la candidature écologiste en 2022 n'intéresse pas que les Verts: les Insoumis et les socialistes scrutent le résultat de la primaire, conscients des conséquences directes sur leur propre campagne.

Les élections municipales et régionales ont démontré que les écologistes pouvaient être le trait d'union entre militants et cadres insoumis et socialistes, deux mondes qui s'opposent par principe.

Mais l'élimination au premier tour de la primaire du maire de Grenoble Eric Piolle, qui avec son "arc humaniste" proposait d'incarner ce trait d'union jusqu'à la présidentielle, a changé la signification potentielle du résultat de la primaire.

Les deux finalistes incarnent désormais chacun un pôle bien identifié: l'"éco-féministe" Sandrine Rousseau est proche idéologiquement de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, crédité d'environ 11% dans les sondages. L'eurodéputé Yannick Jadot incarne une écologie pragmatique proche de la probable candidate du Parti socialiste, Anne Hidalgo, créditée de 7 à 8% des voix.

"Les Insoumis se feraient un régal de rallier à eux Sandrine Rousseau et rêvent d'un match à gauche contre la seule Anne Hidalgo", souligne le député Matthieu Orphelin, soutien de M. Jadot, auprès de l'AFP.

Ils sont en effet nombreux, chez les militants insoumis, à rêver d'un "ticket" Mélenchon-Rousseau, comme l'a tweeté l'ancien candidat LFI aux législatives et journaliste Taha Bouhafs.

Le directeur de campagne de M. Mélenchon, Manuel Bompard, explique que les Insoumis seraient avant tout satisfaits de la victoire de Sandrine Rousseau pour des raisons de fond: "Cela signerait la victoire de la ligne de rupture, dont l'espace serait élargi" parmi les candidats de la présidentielle.

Mais l'Insoumis voit aussi dans la victoire de M. Jadot une potentielle bonne nouvelle: "Des gens qui cherchaient l'espace de rupture iraient le chercher ailleurs que chez les écolos", c'est-à-dire dans la candidature de Jean-Luc Mélenchon, anticipe l'eurodéputé.

- Déçus du macronisme -

"Dans notre sondage où Sandrine Rousseau ne recueille que 2% des voix en cas de désignation, par rapport aux 6% de Jadot, elle perd des points au bénéfice d'Anne Hidalgo et d'Arnaud Montebourg et cela serait sans effet manifeste sur Jean-Luc Mélenchon", décrypte Jean-Daniel Lévy de l'institut Harris interactive. Malgré sa radicalité affichée, "Sandrine Rousseau désignée serait perçue dans la galaxie social-écologiste et non insoumise", indique-t-il.

Pour Sergio Coronado, au carrefour des Insoumis et d'EELV pour avoir été ancien député Vert et ancien candidat LFI aux européennes de 2019, "Sandrine Rousseau n'abandonnera pas". "Donc le candidat que les Insoumis préfèreraient affronter, c'est plutôt Yannick Jadot et son écologiste institutionnelle, Macron-compatible", juge-t-il.

Côté socialiste, dans le camp d'Anne Hidalgo, on estime qu'il n'existe pas simplement "deux scénarios" en fonction du vainqueur de la primaire. "Tout dépend de la dynamique dans le résultat final, et de l'ampleur du rassemblement des autres candidats de la primaire derrière le vainqueur", analyse un proche de la maire de Paris.

Qui prévoit avec appétit: "Même si Jadot l'emporte, ce sera difficilement, ça ne lui donnera pas d'élan. Et on voit mal Sandrine Rousseau se taire si elle perd".

Cet élu socialiste affirme ne pas craindre M. Jadot, parce qu'"Anne Hidalgo est à la fois social-démocrate et écologiste", représentant donc selon lui un champ électoral plus vaste. Mais il admet qu'une victoire de la radicale Sandrine Rousseau "libèrerait un espace politique" à gauche.

Le sondeur Jean-Daniel Lévy observe que Yannick Jadot et Anne Hidalgo sont "à touche-touche" dans les études, et note le danger du premier pour la seconde dans un espace "social-écologiste pour l'instant limité entre 15 et 20%": "Le potentiel est plus important pour Jadot parce qu'il peut rallier des déçus de Macron qui auraient du mal à revenir vers un candidat socialiste".

 AFP

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