Inhumer dans sa "ville de coeur"

Marseille rend hommage au "boss" Bernard Tapie, avant d'accueillir ses obsèques

  • Publié le 4 octobre 2021 à 16:23
  • Actualisé le 4 octobre 2021 à 16:50

"Adieu Boss": à l'image du titre de La Provence et de ses 28 pages dédiées au décès de Bernard Tapie, Marseille rendait hommage lundi à l'ex-homme d'affaires, qui a choisi de se faire inhumer dans la cité phocéenne, sa "ville de coeur".

"Une légende, un phénix, un self-made man, un ouvreur de voie, un battant, un mythe", mais aussi "un funambule de la justice": dans ses colonnes, la Provence aborde toutes les facettes de son désormais ex-propriétaire depuis 2014, finalement vaincu dimanche par un cancer, à 78 ans.

A la Une, un Bernard Tapie fringant, tout sourire, loin de l'homme ravagé par ce "crabe" auquel il avait promis de "péter la gueule". Le "boss", le "phénomène", le "battant", le "mystère": comme le quotidien régional, les journaux français rivalisaient lundi de superlatifs, à l'exception de Libération qui se demande "pourquoi une telle indulgence" des Français pour ce "bonimenteur".

A Marseille, c'est l'ancien président de l'OM, celui qui a donné au foot français sa première et toujours unique Ligue des champions, qui est dans les souvenirs. Loin des affaires judiciaires et notamment de l'affaire de l'arbitrage du Crédit Lyonnais, pour laquelle la cour d'appel a annoncé lundi le report de sa décision, initialement attendue mercredi. Si les poursuites pénales sont automatiquement abandonnées à l'encontre de Bernard Tapie, cinq autres personnes sont prévenues dans ce dossier.

"Repose en paix Boss", lance une banderole accrochée par les MTP, un club de supporters de l'OM, sur le pont du cours Lieutaud, au coeur de la ville. Plus loin, cours Michelet, d'autres supporters ont déjà rebaptisé le stade des olympiens en "B. Tapie Vélodrome".

Dans les entrailles du stade, le club a ouvert une salle depuis 09h00 lundi, pour permettre aux supporters et Marseillais de venir adresser un dernier message à celui qui a aussi été député et conseiller général des Bouches-du-Rhône. Le sommet de sa courte vie politique aura été son poste de ministre de la Ville, pendant... moins de deux mois.

Dans le salon officiel, porte 1, deux livres d'or sont à disposition. Juste à côté, dans une vitrine, cette coupe des clubs champions remportée par l'OM en 1993. Sur ses +grandes oreilles+, deux rubans noirs en signe de deuil. Sur un chevalet, un portrait de l'ancien président de l'OM assis dans un fauteuil, en costume-cravate, brandissant un ballon de foot.

- "Un père pour nous" -

"Repose en paix boss. (...) C'est avec grande peine et respect que j'ai l'honneur d'ouvrir ce livre d'or", a écrit le premier visiteur, Lionel Tonini, fondateur des Yankees, l'un des principaux club de supporters de l'OM.

En début de matinée, des Marseillais de tous âges se succèdent, certains très émus. "Merci pour l'étoile (NDLR: européenne), merci pour l'Histoire", témoigne Romain Coquette, 25 ans. "Pour le peuple marseillais, c'est une grosse perte", assure Nathalie: "C'est une transmission marseillaise", explique-t-elle en regardant son fils de 7 ans dessiner de petits coeurs sur le livre d'or, "Bernard, c'était comme un père pour nous".

"Moi, je ne suis pas fan de foot, je suis fan de l'homme", explique Moïse, 56 ans, commerçant, qui retient l'engagement de Bernard Tapie pour les quartiers: "On aurait besoin de lui aujourd'hui pour lutter contre les extrémistes".

La dépouille de Bernard Tapie devrait être exposée dans ce même stade Vélodrome jeudi, a confirmé dimanche soir à l'AFP son épouse Dominique. "La famille souhaitait que Bernard Tapie entre une dernière fois au stade Vélodrome", avait expliqué Benoît Payan, le maire socialiste de Marseille, dès dimanche à l'AFP, en annonçant le premier cette chapelle ardente.

La veille, mercredi, une première messe sera célébrée à Paris, en souvenir de l'ex-homme d'affaires, à 11h00, en l'église Saint-Germain-des-Prés, a précisé lundi matin son petit-fils, Rodolphe Tapie, à l'AFP. Puis, vendredi, ce seront les obsèques officielles, célébrées par l'archevêque de Marseille, en la cathédrale Sainte Marie-Majeure, la Major.

"C'est Marseille qui est émue", a reconnu Mgr Jean-Marc Aveline lundi matin à l'AFP: "On ne va pas le canoniser, mais il y avait une humanité qui force le respect. Il y a eu une histoire d'amour entre cet homme et cette ville. Pour l'homme comme pour la ville, derrière le bagout il y a aussi la pudeur".

L'inhumation, enfin, aura lieu au cimetière de Mazargues, dans les quartiers sud de Marseille, comme l'a révélé le président Macron dimanche soir dans une lettre aux Marseillais, via La Provence, en saluant un homme qui, "par son bagout et son travail, (avait) conquis la France et l'Europe, mais pourtant restera à jamais comme l'homme de Marseille".

AFP

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