Après six jours d'exposition

Le Prix Bayeux des correspondants de guerre décerné samedi

  • Publié le 9 octobre 2021 à 06:14
  • Actualisé le 9 octobre 2021 à 07:09

Le Prix Bayeux des correspondants de guerre sera décerné samedi soir après six jours d'expositions, projections et débats témoignant de la violence de la répression par les dictatures et des atteintes à la liberté qui gagnent l'Europe.

"Il y a deux dangers dans notre métier. Il y a la guerre. Mais le danger plus grand ce sont les régimes dictatoriaux qui ne veulent pas qu'on soit là, qu'on raconte la vérité", a souligné le président du jury Manoocher Deghati jeudi lors d'une cérémonie d'hommage aux journalistes tués dans l'exercice de leur métier, au Mémorial des reporters de Bayeux.

"L'Iran, c'est aujourd'hui la plus grande prison pour les journalistes et aussi pour tous les activistes des droits de l'homme", a ajouté le grand reporter franco-iranien qui a dû quitter son pays d'origine en 1985 "parce que je savais que si je restais, je ne serai pas ici parmi vous".

A quelques centaines de mètres du Mémorial, l'exposition "Myanmar Printemps 2021" témoigne, jusqu'au 31 octobre dans une chapelle, de la répression sanglante des manifestants birmans, pendant et après le coup d'Etat militaire. Les photos parfois difficiles à regarder sont signées par douze jeunes photojournalistes, anonymes pour préserver leur sécurité. "Depuis le coup d'Etat militaire, nos journalistes n'ont pas été en sécurité une seconde. Je vis dans une cachette depuis le 1er février", selon un témoignage écrit de l'un d'eux.

La terreur exercée par les autorités sur un peuple en mal de liberté, en l'occurence les Syriens, est aussi au coeur du film projeté en avant-première à Bayeux, avant sa sortie en salles le 13 octobre, "Le Traducteur".

- Presse menacée en Europe -

"C'était important pour nous de dire que ce n'est pas quelque chose (la répression de manifestations ndlr) qui ne se passe qu'au Moyen-Orient", a averti toutefois lundi soir la franco-syrienne Rana Kazkaz, sa co-réalisatrice, avec Anas Khalaf. Un passage du film évoque des répressions de manifestations dans l'histoire récente des cinq pays membres permanents du conseil de sécurité de l'Onu.

La liberté de la presse est menacée en Europe, au sein même des démocraties, a souligné de son côté Renske Heddema, présidente de la Dutch Association of Journalists NVJ jeudi lors de la cérémonie au Mémorial des reporters.

Aux Pays-Bas, où le Parlement vient pourtant de renouveler le financement de mesures importantes de protection de la presse, le journaliste Peter R. de Vries a été "abattu en plein jour dans le centre" d'Amsterdam le 6 juillet, après "avoir depuis des dizaines d'années, avec ses émissions à la télé, résolu tant de crimes et assisté tant de victimes". Il est mort neuf jours après.

"Les collègues de la télé publique NOS ont dû enlever leurs logos de leurs camions et de leurs micros. Les reporters sont accompagnés par des agents de sécurité pendant leur travail. D'autres collègues se sont vus attaqués avec des coktails molotov à leur domicile même", a-t-elle poursuivi.

Vendredi, à Oslo, le Prix Nobel de la Paix a été attribué à deux journalistes d'investigation, la Philippine Maria Ressa et le Russe Dmitri Mouratov, consécration d'une liberté de la presse menacée de toutes parts.

Les organisateurs du Prix Bayeux (la ville de Bayeux, le département du Calvados et la région Normandie) annoncent la présence d'environ 300 reporters, contre 200 l'an passé, en raison du Covid-19, et près de 400 les années précédentes.

Côté compétition, cinquante reportages ont été pré-sélectionnés sur les 350 reçus. Beaucoup portent sur Gaza. Plusieurs sont en immersion avec les talibans, avant leur conquête de Kaboul puisque les reportages en compétition ont été réalisés avant le 1er juin.

Manoocher Deghati préside un jury d'une quarantaine de membres. Il décernera sept prix (presse écrite, télévision, radio, photo, télévision grand format, jeune reporter et image vidéo), de 3.000 à 7.000 euros. S'y ajouteront le prix Ouest-France-Jean-Marin (presse écrite), le prix du public et le prix des lycéens (télévision).

AFP

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