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Rugby à XIII : le rêve brisé des Dragons catalans

  • Publié le 10 octobre 2021 à 02:00
  • Actualisé le 10 octobre 2021 à 07:06

Dans la mythique enceinte d'Old Trafford, "théâtre des rêves" des footballeurs de Manchester United, les Dragons catalans ont vu le leur se briser samedi en finale du championnat d'Angleterre de rugby à XIII contre St Helens (12-10), sacré pour la troisième fois consécutive.

La franchise basée à Perpignan, qui n'était encore jamais allée aussi loin depuis son intégration dans la prestigieuse Super League, il y a quinze ans, a manqué d'un rien son baptême du feu face aux Saints, davantage habitués à ces grands rendez-vous.

Plus de 2.000 supporters, la plupart drapés de sang et d'or, avaient fait le déplacement depuis la Catalogne pour voir leur équipe - la seule étrangère parmi les 12 de la compétition - tenter de s'imposer au nez et à la barbe des Anglais, dans le Nord ouvrier du pays, où la discipline a vu le jour à la fin du XIXe siècle sur fond de lutte des classes.

Ceux de St Helens, cité industrielle située à une trentaine de kilomètres de Manchester, étaient logiquement plus nombreux et bruyants dans les travées pas tout à fait pleines d'Old Trafford (45.175 personnes).

Mais beaucoup de spectateurs neutres espéraient au fond d'eux une victoire des Français, qui font souffler un vent de fraîcheur et de nouveauté sur la Super League, dont quatre clubs (St Helens, Leeds, Bradford et Wigan) monopolisent les titres depuis 1996.

Après avoir passé la semaine à faire abstraction de la pression, le poids de l'histoire les a sûrement rattrapés à leur arrivée au stade, autour duquel trônent les statues de plusieurs légendes mancuniennes, George Best, Bobby Charlton ou Sir Alex Ferguson.

"Old Trafford porte chance aux Catalans", avait promis dans un message vidéo une autre d'entre elles, Eric Cantona, en rappelant ses origines catalanes.

Pas cette fois. Malgré le retour de l'arrière Sam Tomkins, désigné "Man of Steel", meilleur joueur de la saison, les "Dracs" ont subi la loi des Saints, très agressifs défensivement.

L'essai marqué en deuxième mi-temps par Mike McMeeken et le sans-faute face aux perches de l'ouvreur australien James Maloney, pour sa dernière sortie à ce niveau, n'ont pas suffi dans une finale aussi intense que fermée.

- Une deuxième équipe française? -

Les Dragons ont tout de même indiscutablement franchi un nouveau palier cette année. Qualifiés pour leur première finale de Super League après en avoir été recalés trois fois à la porte (2009, 2014 et 2020), ils ont également dominé la phase régulière, avec 19 succès en 23 matches.

Un temps raillés par les Anglais pour leur manque de régularité, ils en ont définitivement gagné le respect, trois ans après avoir soulevé leur premier trophée, la Challenge Cup, presque par accident.

Cette réussite est celle de plusieurs hommes, à commencer par le président et fondateur Bernard Guasch, chef d'entreprise passionné à la forte personnalité.

Arrivé en 2017 à la tête de l'équipe, Steve McNamara, ancien sélectionneur de l'équipe d'Angleterre, a lui réussi le tour de force de tirer le meilleur parti d'un drôle d'attelage entre stars anglophones et talents français.

La franchise catalane, dont le budget de 11 millions d'euros se situe dans la moyenne de la Super League, va désormais devoir confirmer son nouveau statut.

Elle se sentira peut-être un peu moins seule en 2022: le Toulouse Olympique pourrait la rejoindre dans l'élite en cas de victoire contre Featherstone dimanche au stade Ernest-Wallon en finale du Championship, la deuxième division anglaise, qu'il a survolée toute la saison.

AFP

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