Cinq morts et deux blessés

Attaque à l'arc en Norvège : le profil du suspect se dessine, ses motivations encore inconnues

  • Publié le 14 octobre 2021 à 10:53
  • Actualisé le 14 octobre 2021 à 11:08

Au lendemain d'une attaque inédite et meurtrière à l'arc à Kongsberg, la police norvégienne a partiellement levé le voile jeudi sur l'auteur présumé, un Danois de 37 ans résidant dans cette ville du sud-est de la Norvège, mais des zones d'ombre demeurent, en particulier sur ses motivations.

Cinq personnes sont mortes et deux autres ont été blessées dans cette attaque qui a choqué le paisible royaume scandinave, déjà meurtri par deux attentats d'extrême droite au cours de la dernière décennie.

Tout en restant prudente sur les possibles mobiles de ce nouvel épisode sanglant, la police n'a pas exclu un acte terroriste. Le suspect a vraisemblablement agi seul, selon elle.

Interpellé peu de temps après les faits, il s'agit d'un ressortissant danois de 37 ans résidant à Kongsberg, petite ville d'environ 25.000 habitants à environ 80 kilomètres à l'ouest d'Oslo, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

"Nous avons décidé de confirmer cette information car beaucoup de rumeurs circulent sur les réseaux sociaux autour de l'auteur de l'attaque, certaines [mettant en cause] des personnes n'ayant aucun lien avec les actes graves commis", a-t-elle expliqué.

Entendu par les enquêteurs dans la nuit, il doit être présenté devant un juge dans la journée en vue de son placement en détention provisoire. Selon son avocat, Fredrik Neumann, le suspect se montre coopératif. "Il s'explique en détails et il parle et coopère bien avec la police", a-t-il déclaré à la presse.

Selon TV2, il a reconnu les faits. Toujours selon la chaîne, le suspect est un homme qui s'est converti à l'islam et qui a des antécédents médicaux -- ce que les autorités n'ont pas voulu confirmer.

La police a convoqué une conférence de presse à 10H00 (08H00 GMT). L'attaque s'est produite en plusieurs endroits sur une zone étendue de Kongsberg, notamment dans un supermarché. C'est là qu'un policier, qui n'était alors pas en service, a été blessé.

"Vu le déroulement des faits, il est naturel d'évaluer s'il s'agit d'une attaque terroriste", a déclaré un responsable de la police, Øyvind Aas, mercredi. Des zones d'ombre demeurent. Outre le mobile de l'attaque, aucune information n'a été fournie sur les victimes. Et les médias norvégiens demandaient aussi pourquoi il a fallu à la police plus d'une demi-heure après les premières alertes pour arrêter le suspect.

- Flèches de compétition? -

La presse a publié des photos de flèches noires, visiblement de compétition, gisant au sol ou, pour l'une d'entre elles, solidement fichée dans un mur. Et des témoignages commencent à émerger.

Une femme, Hansine, qui a en partie assisté à l'attaque, a dit à TV2 avoir entendu du vacarme et vu une femme se mettre à l'abri ainsi qu'"un homme au coin de la rue avec des flèches dans un carquois sur l'épaule et un arc dans la main". "Après, j'ai vu des gens courir pour leur vie. L'un d'eux était une femme qui tenait un enfant par la main", a-t-elle témoigné auprès de la chaîne.

L'attaque, au mode opératoire inhabituel, s'est produit au dernier jour du mandat de la Première ministre conservatrice Erna Solberg, qui doit céder ce jeudi les rênes à un nouveau gouvernement de centre gauche dirigé par Jonas Gahr Støre, vainqueur des législatives du 13 septembre. "Ces événements nous ébranlent", a dit Mme Solberg lors d'une conférence de presse tard mercredi.

En réponse à l'attaque, la direction norvégienne de la police a décidé que les agents, qui ne sont généralement pas armés, porteraient des armes à titre temporaire dans tout le pays.

Nation traditionnellement paisible, la Norvège a dans le passé été la cible d'attaques d'extrême droite. Le 22 juillet 2011, Anders Behring Breivik avait tué 77 personnes en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, faisant huit morts, avant d'ouvrir le feu sur un rassemblement de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utøya, faisant 69 autres victimes.

En août 2019, Philip Manshaus avait aussi tiré dans une mosquée des environs d'Oslo, avant d'être maîtrisé par des fidèles, sans faire de blessé grave. Il avait auparavant abattu par racisme sa demi-soeur adoptive, d'origine asiatique. Plusieurs projets d'attentats islamistes ont par ailleurs été déjoués.

AFP

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