Il a tué cinq personnes

Attaque à l'arc en Norvège: le suspect est un converti soupçonné de radicalisation

  • Publié le 14 octobre 2021 à 15:31
  • Actualisé le 14 octobre 2021 à 19:07

L'auteur présumé d'une attaque à l'arc qui a fait cinq morts à Kongsberg, dans le sud-est de la Norvège, est un homme de 37 ans converti à l'islam suspecté par le passé de radicalisation, a annoncé jeudi la police norvégienne.

De nationalité danoise et résident de cette petite ville sans histoire d'environ 25.000 habitants à quelque 80 kilomètres à l'ouest d'Oslo, le suspect a été arrêté mercredi soir. Peu après cette attaque sanglante au mode opératoire inhabituel, décrite avec des mots d'horreur par des témoins.

L'homme, qui a reconnu les faits lors de son interrogatoire durant la nuit, est un converti à l'islam, a indiqué la police norvégienne. "Il y a eu des craintes liées à une radicalisation précédemment", a expliqué lors d'une conférence de presse jeudi l'officier Ole Bredrup Saeverud, précisant que ces craintes remontaient à 2020 et avant, et qu'elles avaient donné lieu à un suivi de la police.

Cinq personnes ont été tuées et deux autres ont été blessées dans cette attaque qui a choqué le paisible royaume scandinave, déjà meurtri par deux attentats d'extrême droite au cours de la dernière décennie.

L'attaque s'est produite en plusieurs endroits sur une zone étendue de Kongsberg, notamment dans un supermarché. C'est là qu'un policier, qui n'était alors pas en service, a été blessé.

"Nous enquêtons entre autres pour tirer au clair s'il s'agit d'une attaque terroriste", a souligné Ole Bredrup Saeverud. "Nous sommes relativement certains qu'il a agi seul".

Les victimes sont quatre femmes et un homme âgés entre 50 et 70 ans. Quant aux deux blessés, ils ne sont pas dans un état critique. Le suspect doit être présenté à un juge vendredi en vue de son placement en détention provisoire. Selon la procureure en charge du dossier, il doit également subir des examens psychiatriques.

Selon son avocat, Fredrik Neumann, l'homme "s'explique en détails et il parle et coopère bien avec la police". L'attaque s'est produite en plusieurs endroits sur une zone étendue de Kongsberg, notamment dans un supermarché. C'est là qu'un policier, qui n'était alors pas en service, a été blessé.

Alertés à 18H12 (16H12 GMT), les policiers ont arrêté le suspect plus d'une demi-heure plus tard, à 18H47. Ils ont essuyé des tirs de flèches au moment de l'interpellation et ont dû tirer des coups de semonce.

- D'autres armes utilisées -

Sur les premières images du crime publiées mercredi soir, on voit des flèches noires, visiblement de compétition, gisant au sol ou, pour l'une d'entre elles, solidement fichée dans un mur.

Selon la police, le suspect a aussi utilisé d'autres armes, dont la nature n'a pas été précisée. Des témoignages ont illustré le sentiment de terreur qui s'est emparé des habitants de Kongsberg.

"J'ai cru que c'était Kaboul", a confié Thomas Nilsen, qui était chez lui quand il a soudain entendu des cris. "J'ai vu des gens courir pour sauver leur vie. L'un d'eux était une femme qui tenait un enfant par la main", a témoigné Hansine, une habitante interrogée par la chaîne TV2, qui a aperçu le suspect au coin d'une rue "avec des flèches dans un carquois sur l'épaule et un arc dans la main".

L'attaque s'est produit au dernier jour du mandat de la Première ministre conservatrice Erna Solberg, qui doit céder ce jeudi les rênes à un nouveau gouvernement de centre gauche dirigé par Jonas Gahr Støre, vainqueur des législatives du 13 septembre.

Le nouveau chef de gouvernement a déploré jeudi des "actes horribles". "Nous sommes horrifiés par les événements tragiques à Kongsberg", a aussi réagi le roi Harald V, tandis que le chef de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit "choqué et attristé".

En réponse à l'attaque, la police, qui n'est généralement pas armée, va porter des armes à titre temporaire dans tout le pays. Plusieurs projets d'attentats islamistes ont été déjoués en Norvège dans le passé.

Mais la paisible nation scandinave a été endeuillée par deux attaques d'extrême droite au cours des dix dernières années. Le 22 juillet 2011, Anders Behring Breivik avait tué 77 personnes en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, faisant huit morts, avant d'ouvrir le feu sur un rassemblement de la Jeunesse travailliste sur l'île d'Utøya, faisant 69 autres victimes.

En août 2019, Philip Manshaus avait aussi tiré dans une mosquée des environs d'Oslo, avant d'être maîtrisé par des fidèles, sans faire de blessé grave. Il avait auparavant abattu par racisme sa demi-soeur adoptive, d'origine asiatique.

AFP

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