Dix mois de prison avec sursis requis

Procès de la sextape: le "ressenti" de Valbuena au coeur des plaidories de la défense

  • Publié le 22 octobre 2021 à 15:22
  • Actualisé le 22 octobre 2021 à 15:28

Les avocats de la défense, ceux de Karim Benzema en tête, ont dénoncé un dossier médiatique, uniquement basé sur le "ressenti" de la victime présumée Mathieu Valbuena, vendredi lors du dernier jour du procès de "l'affaire de la sextape".

Le parquet a requis dix mois de prison avec sursis contre Karin Benzema, star du Real Madrid et ex-coéquipier de Valbuena en équipe de France, accusé de complicité de tentative de chantage.

Son avocat, Me Antoine Vey, a critiqué lors de sa plaidoirie une "enquête à charge" contre son client et demandé sa relaxe. "L'élément intentionnel de l'infraction" reprochée à l'attaquant de 33 ans n'est pas caractérisé, a-t-il martelé.

Le dossier a été construit sur le "ressenti" de Mathieu Valbuena, a-t-il argué, dénonçant les "hypothèses et les spéculations" avancées par l'accusation. "Il n'est jamais trop tard pour faire du droit, c'est vous le dernier rempart", a demandé au tribunal l'autre avocat de Benzema, Me Sylvain Cormier.

Même argument pour Me Tewfik Bouzenoune, conseil de l'intermédiaire Younes Houass (18 mois de prison avec sursis requis), qui a également regretté que ce soit "le ressenti de la victime qui conditionne les poursuites pénales".

De manière générale, tous les avocats de la défense ont stigmatisé un dossier faible, qui ne méritait pas à leurs yeux un tel traitement de la part de l'accusation et un tel écho dans la presse.

"On peut se demander ce qui intéresse vraiment les Français dans cette affaire. Le sexe ? L'argent ? Le football ? Pas la chose judiciaire en tout cas", s'est demandé Antoine Vey.

Me Cormier a, lui, tonné contre un "cirque médiatico-judiciaire" au cours duquel "on a infligé à Karim Benzema une sorte de 'marche de la honte' à l'américaine" lors de son passage devant la juge d'instruction en 2015.

- "Pression sportive"-

"On n'aurait pas passé autant de temps sur ce dossier s'il n'y avait pas eu Karim Benzema", avait reconnu jeudi lors des réquisitions le procureur Julien Eyraud.

A ses côtés, l'autre procureure, Ségolène Marés, avait estimé que les écoutes prouvaient que la star du Real Madrid "s'inclut dans cette équipe et s'associe dans ce projet" de tentative de chantage autour d'une vidéo intime.

Elle faisait référence à une conversation téléphonique entre Benzema et son ami d'enfance Karim Zenati, au cours de laquelle tous deux se moquent de Valbuena. "Il ne nous prend pas au sérieux", explique notamment Benzema, qui vient de s'entretenir avec Valbuena.

La star du Real Madrid n'était à ce moment "pas dans la contrition la plus absolue", a reconnu vendredi son avocat Antoine Vey. "On n'a jamais dit qu'il était bienveillant (...) mais ce n'est pas une infraction pénale", a-t-il développé.

En plus des dix mois de prison avec sursis, l'accusation a requis une amende de 75.000 euros contre l'attaquant de l'équipe de France, candidat au Ballon d'or et absent du procès.

Une absence qui ne constitue pas "une stratégie judiciaire", a appuyé Me Vey vendredi, mettant en avant la "pression sportive" autour de son client, qui a disputé un match en Ukraine mardi soir et doit préparer le Clasico de dimanche contre le FC Barcelone.

En grande forme, l'attaquant formé à l'Olympique lyonnais fait partie des prétendants au Ballon d’Or, décerné fin novembre. Le sélectionneur Didier Deschamps compte plus que jamais sur lui en vue de la Coupe du monde disputée en novembre et décembre 2022 au Qatar, où les Français défendront leur titre.

Et la décision judiciaire ne devrait pas changer ses plans. A la question de savoir si l'avenir d'international de Benzema était conditionné à son procès, le patron des Bleus avait répondu de manière évasive début octobre. "Si je réponds à ça et que je vous dis oui, ça veut dire qu'avant, ça a pu l'être... Je fais des choix sportifs", a-t-il déclaré avant la Ligue des nations, remportée par Benzema et les Bleus.

Contre les quatre autres prévenus de cette affaire, "une vraie brochette de comédiens" selon les mots du procureur Julien Eyraud, le ministère public a requis des peines allant de 18 mois avec sursis à quatre ans de prison.

Le délibéré devrait être rendu dans l'après-midi.

AFP

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