Sans véritable concurence

Ouzbékistan : le président réélu sans concurrence avec 80% des voix

  • Publié le 25 octobre 2021 à 19:16
  • Actualisé le 26 octobre 2021 à 02:19

Le président de l'Ouzbékistan Chavkat Mirzioïev a été confortablement réélu dimanche avec plus de 80% des voix à l'issue d'un scrutin marqué, selon des observateurs internationaux, par l'absence de "véritable concurrence" malgré de récentes réformes.

D'après les résultats préliminaires de la Commission électorale fournis lundi, M. Mirzioïev, qui dirige depuis 2016 le pays le plus peuplé d'Asie centrale, a recueilli 80,1% des suffrages exprimés, obtenant ainsi un deuxième quinquennat.

Signe de l'absence de tout suspense, le président russe Vladimir Poutine avait appelé lundi matin son homologue ouzbek pour le féliciter de sa "victoire convaincante", avant même la publication des résultats.

Ses détracteurs accusent M. Mirzioïev d'avoir écarté toute opposition pour l'élection. Dimanche, il a ainsi affronté quatre candidats considérés comme fantoches et qui se sont abstenus de le critiquer pendant la campagne.

L'élection s'est déroulée "sans véritable concurrence", ont constaté lundi des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et du Parlement européen.

Les observateurs ont aussi relevé dans un communiqué des "signes de bourrage d'urnes dans plusieurs bureaux de vote" et noté qu'"un grand nombre d'électeurs" avaient pu voter "sans présenter de document d'identité". La commission électorale ouzbèke a toutefois rejeté les accusations, affirmant que le scrutin avait été organisé "conformément aux normes internationales".

- Réformes en danger -

Après son arrivée au pouvoir, M. Mirzioïev, aujourd'hui âgé de 64 ans, avait pourtant suscité l'espoir d'une démocratisation de l'Ouzbékistan en abolissant le travail forcé, ouvrant l'économie et libérant des opposants torturés par son impitoyable prédécesseur, Islam Karimov.

Mais l'espoir d'une nouvelle ère s'est progressivement estompé, le président ouzbek renouant avec des habitudes du passé, à commencer par la répression de plusieurs personnalités critiques.

En 2016, M. Mirzioïev avait remporté l'élection avec 88,6% des voix et une participation de 87%. Des résultats semblables à ceux d'Islam Karimov, au pouvoir pendant 27 ans et qui avait fait de l'Ouzbékistan l'un des pays les plus autoritaires de la planète.

Frontalier de l'Afghanistan, l'Ouzbékistan est situé dans une région aussi difficile que stratégique, où la Russie et la Chine exercent une forte influence. Cette ex-république soviétique enclavée, qui compte environ 34 millions d'habitants, était autrefois une étape majeure sur l'antique Route de la Soie, une  situation qui a fait la fortune de cités comme Samarcande et Boukhara.

Cinq ans après la mort de Karimov, l'Ouzbékistan a sans aucun doute l'air plus libre. M. Mirzioïev a notamment mis fin au travail forcé dans les champs de coton, y compris de milliers d'enfants, une mesure mondialement saluée.

- Préoccupations économiques -

Dans leur communiqué, les observateurs internationaux ont qualifié les réformes entreprises par l'actuel président de "signe encourageant", mais dénoncé "l'incarcération, l'intimidation et les pressions" à l'encontre de journalistes pendant la campagne.

Les derniers mois du premier mandat de M. Mirzioïev ont été marqués par le musèlement croissant de voix critiques, avec par exemple l'arrestation de blogueurs.

Un universitaire considéré comme l'un de ses rares véritables opposants, Khidirnazar Allakoulov, a en outre été interdit de se présenter à la présidentielle. Cependant, pour la majorité des Ouzbeks interrogés par l'AFP pendant le scrutin, la principale source de préoccupation n'était pas la situation des droits de l'homme, mais le contexte économique de plus en plus difficile.

La pandémie de Covid-19 a enrayé la forte croissance du PIB, plongeant le tourisme dans l'abîme. Ce qui a alimenté le mécontentement populaire, en raison de la nette augmentation du chômage et du coût de la vie.

Fait rarissime, des manifestations ont même éclaté l'an dernier après des pénuries énergétiques. "Nous attendons des changements comme des hausses de salaires. Ils sont faibles et pas toujours versés", explique ainsi Ourazali Ergachev, un étudiant de 20 ans rencontré à Tachkent, la capitale.

AFP

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