Touchée par une grenade lacrymo

Mort de Zineb Redouane : pas de sanction administrative pour le CRS mis en cause

  • Publié le 30 octobre 2021 à 17:10
  • Actualisé le 30 octobre 2021 à 17:14

Le CRS mis en cause dans l'affaire Zineb Redouane, décédée fin 2018 à Marseille après avoir été touchée au visage par une grenade lacrymogène, ne sera pas renvoyé en conseil de discipline, sur décision du patron de la police nationale, a-t-on appris samedi de source proche du dossier.

Le directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux a décidé de ne pas suivre l'avis de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui préconisait, dans les conclusions de son enquête administrative, un renvoi devant le conseil de discipline, a-t-on précisé de même source, confirmant une information de France Inter.

Dans son rapport transmis le 20 mai, l'IGPN a estimé que le CRS avait bien réalisé un tir réglementaire sans viser délibérément la victime mais avait manqué à "l'obligation de discernement par une action manifestement inadaptée", selon la source proche du dossier.

Le lance-grenades du CRS avait une portée de 100 mètres tandis que l'immeuble de Zineb Redouane se situait à une trentaine de mètres.

Le DGPN, qui a statué en juillet, a tenu compte dans sa décision de la "fatigue", du "manque de visibilité", de la "tension" et de "la nécessité légalement établie de tirer", mentionnés dans le rapport IGPN, pour dispenser le CRS d'une sanction disciplinaire, selon la source proche.

Le policier qui supervisait le CRS au moment du tir, pour lequel l'IGPN recommandait aussi un passage en conseil de discipline, y échappe également.

Les deux fonctionnaires, "très bien notés" selon la source proche, vont devoir effectuer "un stage" pour se faire "rappeler les consignes en vigueur sur l'emploi des moyens de défense". "Ca ne m'étonne pas, nous n'attendions rien de la hiérarchie policière. Le plus important c'est que le CRS comparaisse devant une cour d'assises pour meurtre", a réagi auprès de l'AFP l'avocat de la famille de Zineb Redouane, Me Yassine Bouzrou.

L'enquête administrative a été versée à l'information judiciaire, dépaysée à Lyon et toujours en cours. La justice n'a communiqué sur aucune éventuelle mise en examen jusqu'à présent.

Zineb Redouane, 80 ans, est décédée le 2 décembre 2018 à l'hôpital, 24 heures après avoir été touchée de plein fouet par une grenade lacrymogène tirée par la police, tandis qu'elle fermait une fenêtre de son appartement dans le centre-ville, où des manifestations se déroulaient.

Un rapport d'expertise remis en mai 2020 dans le cadre de l'information judiciaire avait conclu que le tir policier avait été effectué dans les règles - en cloche - et avait atteint la victime accidentellement.

Une contre-expertise, indépendante menée par le média d'investigation en ligne Disclose et le groupe de recherche basé à Londres Forensic Architecture, avait été publiée fin 2020. Elle concluait au contraire à un tir tendu, pratique interdite face à un immeuble d'habitation.

AFP

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