Catastrophe

Quatorze morts, des dizaines de disparus après un accident minier en Sibérie

  • Publié le 25 novembre 2021 à 21:57
  • Actualisé le 26 novembre 2021 à 05:40

Au moins quatorze personnes - onze mineurs et trois sauveteurs - ont été tuées et des dizaines étaient portées disparues jeudi après un accident dans une mine de charbon de Sibérie, une nouvelle catastrophe qui frappe un secteur régulièrement endeuillé en Russie.

Les opérations de recherches, qui ont duré toute la matinée avant d'être suspendues à cause d'un risque d'explosion, ont coûté la vie à trois sauveteurs, ont indiqué les autorités locales, qui ont ajouté ne pas avoir de contact avec trois autres secouristes dépêchés pour retrouver les mineurs bloqués sous terre.

Au total, 46 mineurs étaient coincés à l'intérieur de la mine après l'accident, dont 11 ont été retrouvés morts. "Trente-cinq personnes, dont nous connaissons les noms, se trouvent actuellement sous terre (...). Onze personnes sont mortes", a déclaré le gouverneur local Sergueï Tsivilev à la chaîne de télévision russe Rossia 1. "Ces 35 personnes sont aussi probablement toutes mortes", a affirmé à l'AFP un porte-parole des autorités locales.

Une quarantaine de mineurs ont été hospitalisés. "C'est une grande tragédie", a déclaré le président Vladimir Poutine à la télévision, rendant hommage aux services de secours qui font "tout leur possible".

Les autorités avaient indiqué avoir reçu une alerte vers 08H35 locales (01H35 GMT) sur la présence de fumée dans la mine de Listviajnaïa dans la ville de Gramoteïno, dans la région sibérienne de Kemerovo, où sont situées de nombreuses mines de charbon.

Selon le service de presse de M. Tsivilev, 285 personnes se trouvaient dans la mine au moment de l'accident, dont les causes n'étaient pas connues dans l'immédiat. Les familles et proches des mineurs, rassemblés devant l'entrée du territoire de la mine n'ont pas souhaité s'exprimer, selon un correspondant de l'AFP sur place. Trois jours de deuil ont été décrétés dans la région à partir de vendredi.

- "Risque élevé d'explosion" -

Un accident dans la mine de Listviajnaïa avait déjà eu lieu en octobre 2004, lorsqu'une explosion de méthane avait tué 13 personnes. Selon les médias russes, une explosion y avait tué cinq personnes en 1981, à l'époque soviétique. Selon un communiqué des autorités locales, 19 équipes de sauvetage spécialisées étaient sur place et tentaient, jusqu'à la suspension des opérations, de parvenir jusqu'à la galerie la plus reculée de la mine, où les personnes manquant à l'appel pourraient se trouver.

En expliquant la suspension, M. Tsivilev a fait état du "risque élevé d'une explosion" en raison d'une forte concentration de méthane dans la mine. "Le travail reprendra dès que la concentration de gaz aura baissé", a-t-il assuré.

Le Comité d'enquête local a annoncé avoir lancé une investigation pour "violation des normes de sécurité". La mine appartient à la société SDS-Ugol, l'un des plus gros producteurs de charbon de Russie. Les accidents dans les mines de Russie, comme ailleurs en ex-URSS, sont souvent liés au laxisme dans l'application des normes de sécurité, à une mauvaise gestion ou à des équipements vétustes remontant à l'époque soviétique.

En mai 2010, un accident avait fait 91 morts et plus d'une centaine de blessés dans la mine de Raspadskaïa, également dans la région de Kemerovo. Plus récemment, en octobre 2019, la rupture d'un barrage dans une mine d'or en Sibérie avait fait 17 morts. Le même mois, trois personnes avaient été tuées dans un accident dans une mine du groupe Norilsk Nickel, premier producteur mondial de nickel et de palladium, dans l'Arctique.

En août 2017, huit travailleurs avaient été portés disparus après une inondation dans une mine de diamants en Sibérie. Premier producteur mondial de diamants, Alrosa avait annoncé l'abandon des recherches après trois semaines d'opérations de secours. Au-delà des bilans humains, parfois lourds, certains accidents attirent l'attention sur les pratiques de l'industrie minière russe, souvent au détriment de l'environnement.

AFP

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