Etats-Unis

Après la tornade : dans les ruines de l'usine de Mayfield, l'espoir d'un improbable miracle

  • Publié le 12 décembre 2021 à 20:48
  • Actualisé le 13 décembre 2021 à 07:31

C'était un bâtiment industriel banal et moderne. Une structure large et basse, avec quelques fenêtres et un sigle fièrement arboré: "MCP, Mayfield Consumer products". Dans cette usine, des dizaines d'employés ont été piégés vendredi soir lorsqu'a déferlé la plus puissante tornade de l'histoire du Kentucky, et peut-être même des Etats-Unis.

Ils étaient 110 à fabriquer des bougies aromatiques et des parfums d'ambiance. Des objets à la mode, à l'approche des fêtes de fin d'année. Et l'usine tournait à plein régime, y compris le soir. Le bâtiment a été rasé, comme une bonne partie de la ville de Mayfield, où dimanche matin de gros engins de chantier déblayaient le centre historique sous le soleil mais dans une température hivernale.

Quarante employés de la fabrique ont pu être secourus, a annoncé le gouverneur du Kentucky Andy Beshear, sans préciser le nombre d'employés ayant réussi à sortir par leurs propres moyens. Pour ceux portés manquants, l'inquiétude est immense et l'espoir de retrouver des survivants est de plus en plus fragile. "Je prie pour cela. Ce serait un miracle incroyable car depuis 03h30 hier matin nous n'avons retrouvé personne vivant", a déclaré M. Beshear sur la chaîne CNN.

- "Expérience terrifiante" -

Le gouverneur a dit déplorer au moins 80 morts dans tout l'Etat du Kentucky. Beaucoup ont péri à Mayfield et l'usine de bougies était en plein dans la trajectoire de la tornade.

Dans cette petite ville de 10.000 habitants, MCP était un gros employeur. Une entreprise familiale créée en 1998 qui avait du succès et avait récemment lancé un plan d'embauches. Une rareté dans une Amérique où les petites industries manufacturières souffrent face à la concurrence internationale.

"Notre usine de Mayfield a été détruite le 10 décembre 2021 par une tornade, et tragiquement des employés ont été tués et blessés", a dit son patron Troy Propes, dans un message posté sur le site internet de l'entreprise. "Notre entreprise est familiale et nos aimons nos employés, pour certains avec nous depuis de nombreuses années", a-t-il ajouté. Des détenus de la prison locale travaillaient aussi dans l'usine.

Depuis vendredi soir, les secours fouillent désespérément les décombres, enchevêtrements de poutrelles et de tôles tordues, empilées sur plusieurs mètres de hauteur. Ils ont été vus évacuant des corps de victimes, et tentant de progresser avec des bulldozers et des grues, tandis que les chiens sauveteurs reniflaient frénétiquement les gravats.

Les quelques témoignages de survivants évoquent des scènes de chaos et d'angoisse. Dans un geste désespéré, une employée, Kyanna Parsons-Perez, a diffusé certains de ces instants sur Facebook live pour appeler à l'aide. Sur ces vidéos, dans une obscurité presque totale, on entend des pleurs et des gémissements. On y entend aussi une voix apaisante, féminine, qui évoque la perspective joyeuse d'un anniversaire prochain. La jeune femme est miraculeusement sortie vivante de cet enfer. "C'était, c'est certain, l'expérience la plus terrifiante de ma vie", a-t-elle dit aux médias locaux.

AFP

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