
En plein débat houleux à l'Assemblée sur le futur pass vaccinal, c'est donc par des mots crus que le président de la République a assumé de vouloir instaurer "quasiment une obligation vaccinale".
"Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie", déclare sans ambages le chef de l'Etat dans un entretien avec leparisien.fr "La quasi-totalité des gens, plus de 90 %, ont adhéré" à la vaccination et "c’est une toute petite minorité qui est réfractaire", ajoute-t-il.
"Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l’emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder", poursuit-il.
"Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire: à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné…", explique le chef de l'Etat.
Pour lui, "l’immense faute morale des antivax" est de "saper ce qu’est la solidité d’une nation". "Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen", juge-t-il.
Un vocabulaire qui, sans surprise, a aussitôt déchainé ses adversaires et mis en ébullition les députés. Après la suspension surprise des débats la nuit précédente, ils venaient à peine de s'accorder sur l'épineuse question du pass vaccinal pour les mineurs, reporté de 12 à 16 ans pour certaines activités.
- Vague d'indignation -
Le député communiste Fabien Roussel, candidat à l'Elysée, s'est interrogé sur "les intentions réelles du gouvernement". Le projet de loi sur le pass sanitaire "est-il un texte pour plus emmerder ?, ou moins emmerder ?" les Français, a-t-il lancé. Il a réclam" au Premier ministre de venir devant les députés pour "s'expliquer sur le véritable ordre du jour et les intentions du gouvernement". Regardez
Propos d'Emmanuel Macron dans Le Parisien : @Fabien_Roussel réclame au Premier ministre de venir devant les députés pour "s'expliquer sur le véritable ordre du jour et les intentions du gouvernement". #PasseVaccinal #DirectAN pic.twitter.com/8qUgCpgW4J
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"Un président ne peut pas tenir les propos qui ont été tenus", a lancé Christian Jacob, président des Républicains et favorable au pass vaccinal. "Je ne peux pas cautionner un texte qui vise à emmerder les Français", a-t-il ajouté dans un hémicycle survolté, au milieu d'appels à ce que le Premier ministre Jean Castex vienne s'expliquer sur la ligne de l'exécutif. Regardez
Christian Jacob par rapport aux propos de Macron dans le parisien
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"1 Président de la République ne peut pas tenir les propos qui ont été tenus",
"Je ne peux pas cautionner un texte qui a pour objectif d'emmerder les Français"#MacronDestitution #President pic.twitter.com/lcxvbbsucJ
Le ministre de la Santé Olivier Véran a répliqué au milieu du vacarme que "le mal qui ronge notre pays, c'est une vaccination qui bien qu'importante, reste insufisante", avec des "millions" de non-vaccinés. Regardez
Dans un hémicycle survolté, @olivierveran tente de défendre les avantages de la vaccination contre le #Covid.
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> Le président de séance, @marclefur, suspend à nouveau les travaux au vu de la situation qui n'est "pas tenable".#PasseVaccinal #DirectAN pic.twitter.com/IIm1xJmx2b
L'Insoumis Jean-Luc Mélenchon a aussi réagi. "Le Président maîtrise-t-il ce qu'il dit ? L'OMS dit "convaincre plutôt que contraindre". Et lui ? "Emmerder davantage. Consternant", dénonce-t-il dans un tweet.
Le Président maîtrise-t-il ce qu'il dit ?
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) January 4, 2022
L'OMS dit " convaincre plutôt que contraindre ". Et lui ? " Emmerder davantage". Consternant.#Macron
Pour Marine Le Pen, la candidate du RN, "un Président ne devrait pas dire ça. Le garant de l'unité de la nation s'obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction".
La colère soulevée à l'Assemblée nationale à la suite de ses propos du Président de la République a donc conduit à une nouvelle suspension des débats sur le pass vaccinal.
La modification concernant les mineurs avait été adoptée un peu plus tôt à la quasi-unanimité - 386 voix pour, deux contre - lors de l'examen en première lecture au Palais Bourbon du projet de loi instaurant le pass vaccinal.
Le compromis sur cette question touchant à la vaccination des mineurs, qui avait fortement contribué à crisper le débat, s'est fait autour d'un amendement de la socialiste Cécile Untermaier, sous-amendé en séance par le gouvernement.
L'amendement socialiste prévoit "de ne pas appliquer le pass vaccinal pour les mineurs âgés de 12 à 15 ans mais de maintenir le dispositif actuel du pass sanitaire pour ces mineurs".
Ainsi, le pass vaccinal ne serait appliqué qu'à "l'âge à partir duquel un mineur peut se faire vacciner contre le Covid-19 sans l'accord parental", soit 16 ans.
Le sous-amendement présenté par le ministre de la Santé Olivier Véran en limite toutefois la portée, en ajoutant que "seul le pass sanitaire peut s'appliquer aux sorties scolaires, ainsi qu'à l'ensemble des activités périscolaires et extrascolaires".
- Emmanuel Macron a aussi envie d'être candidat à sa succession -
Cash sur le vaccin, c'est avec prudence qu'Emmanuel Macron évoque sa probable candidature en 2022. "J’ai envie. Dès qu’il y aura les conditions sanitaires qui le permettent et que j’aurai clarifié ce sujet, en moi-même et par rapport à l’équation politique, je dirai ce qu’il en est", a-t-il assuré.
Il a en revanche retrouvé une posture d'attaquant pour intervenir - tardivement - dans l'autre polémique de ce début d'année : l'installation du drapeau de l'UE sous l'Arc de Triomphe le 31 décembre, attaquée en choeur par Valérie Pécresse, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Eric Zemmour.
"Le drapeau européen, j'en suis fier, c'est un symbole de paix", a-t-il dit, "cette réaction était disproportionnée et malvenue". Il s'est cependant justifié en expliquant que le drapeau de l'UE avait été placé sous le monument à un moment où "il n'y avait rien".
Emmanuel Macron a aussi répondu sur la taxation des successions, dont l'allègement est défendu par Valérie Pécresse, en plaidant pour "aider à transmettre les patrimoines modestes". Il a aussi reconnu, sans détail, la nécessité d'augmenter les salaires des soignants comme des enseignants mais aussi "repenser" leurs fonctions. Et reconnu un échec: n'avoir pas réussi à éliminer le glyphosate en trois ans, comme il s'y était initialement engagé.
Emmanuel Macron se félicite par ailleurs "qu’il y ait des femmes candidates" mais estime "avoir été plus féministe, il y a cinq ans, que beaucoup de candidates femmes".
Accusé par Valérie Pécresse d'avoir "crâmé la caisse", il défend enfin le "quoi qu’il en coûte", qui représente "15% du PIB" alors que, sans lui, "le coût sur l’ensemble de l’économie serait monté à 45% du PIB". "Cette dette il va falloir la payer. Mais avec de l’activité. Moi, tant que je serai dans mes fonctions, il n’y aura pas d’augmentation d’impôts", assure-t-il.
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