Irak

Du jardin d'Eden à la mort de Soleimani, le Hachd se met en scène

  • Publié le 5 janvier 2022 à 11:55
  • Actualisé le 5 janvier 2022 à 12:14

Du jardin d'Eden aux épisodes fondateurs du chiisme en passant par la mort du général iranien Soleimani, tué par un drone américain: en Irak, les ex-paramilitaires du Hachd al-Chaabi, grands alliés de Téhéran, se mettent en scène dans une pièce de théâtre toute à leur gloire.

"Le Hachd al-Chaabi présente: une production conjointe d'artistes irakiens et iraniens", annonce une voix à l'ouverture de la représentation qui dure deux heures et dont le metteur en scène est iranien. Avec 140 acteurs, l'affiche sur les murs de Bassora, ville du sud, annonce, sans demi-mesure, la "plus grosse production théâtrale en Irak: la résurrection de la Terre".

Créé en 2014, le Hachd a participé aux côtés des forces irakiennes aux batailles contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), avant la victoire proclamée par Bagdad en 2017. Intégrés aux forces régulières, les anciens paramilitaires restent des acteurs politiques majeurs bien que leur vitrine politique, l'Alliance de la conquête, ait encaissé une lourde défaite lors des élections législatives d'octobre 2021 qu'elle a attribuée à des "fraudes".

Mais les détracteurs du Hachd estiment qu'il est le faux-nez de l'Iran en Irak et dénoncent des exactions. L'organisation est pointée du doigt pour son rôle dans la répression sanglante des manifestations antipouvoir de l'automne 2019. Le mouvement a ses chaînes de télévision, produit des films et possède des équipes de football et de basketball.

- "Guerre douce" -

Pour la pièce donnée ce soir-là à Bassora, des millénaires d'histoire défilent à grand renfort d'effets spéciaux, de chants religieux et d'explosions. Elle commence par des scènes religieuses pour se clore sur l'histoire contemporaine irakienne avec la déroute finale des jihadistes de l'EI face à l'armée irakienne et aux combattants du Hachd.

Le metteur en scène, Saïd Ismaïli, explique que sa pièce est centrée sur "le concept du Juste et de l'Injuste", avec leur "cheminement" et des "exemples significatifs de ces concepts au cours de l'Histoire". "Nos armes et nos outils doivent constamment être prêts", dit-il, évoquant une "guerre douce" qui se joue aussi à travers "les espaces culturels et artistiques".

Durant la pièce, des images à l'écran mettent en scène l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani et de l'ex-numéro deux du Hachd, Abou Mehdi al-Mouhandis, tués à Bagdad par un drone américain en janvier 2020. La plupart des acteurs sont des étudiants aux Beaux-Arts. Quelques combattants du Hachd jouent leur propre rôle.

AFP

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