Après la sortie du Président

Face aux tempêtes, Castex défend Macron et le pass vaccinal

  • Publié le 6 janvier 2022 à 05:56
  • Actualisé le 6 janvier 2022 à 06:24

Le Premier ministre Jean Castex a appelé mercredi les députés à accélérer l'examen du texte instaurant un pass vaccinal, en assumant les propos controversés d'Emmanuel Macron qui s'est dit prêt à "emmerder" les non-vaccinés.

"Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C'est ça, la stratégie", a clamé le chef de l'Etat dans un entretien au Parisien mardi, provoquant un tollé des oppositions. "Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen", a-t-il ajouté.

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Sommé de s'expliquer, Jean Castex n'a pas répondu sur la forme mais a confirmé devant le Sénat, lors des questions au gouvernement, sa volonté de mettre la pression sur les non-vaccinés. "Qui outrage la nation ? Qui fracture la nation ? Qui conduit les soignants dans nos urgences à faire des choix éthiques dramatiques ? Eh bien c'est une infime minorité", a-t-il tancé.

Puis devant les députés qui débattaient dans un climat tendu du projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal, le Premier ministre les a exhortés à "débattre dans des délais rapides" du texte, compte tenu de la situation sanitaire.

Quelque 332.252 nouvelles contaminations au Covid-19 ont été enregistrées mercredi, un nouveau record, tandis que le nombre de malades hospitalisés a continué d'augmenter, notamment dans les services de soins critiques. Et 66.000 personnes avaient reçu une première dose de vaccin mercredi, un record depuis le 1er octobre, selon le ministre de la Santé Olivier Véran, qui a semblé faire le lien avec la pression exercée par l'exécutif.

Après la Maritinique et La Réunion, l'état d'urgence sanitaire a été décrété dans plusieurs territoires français d'Outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Mayotte, Saint-Martin, Saint-Barthélémy) en raison de l'"augmentation considérable" de cas.

- "Populisme froid" -

"Il y a une difficulté avec ceux de nos concitoyens qui refusent de se faire vacciner. Ce n'est insulter personne, c'est la réalité", a insisté M. Castex, en appelant à "la responsabilité individuelle".

"Nous attendions des excuses et nous avons eu un alibi", a déploré le député LR Julien Aubert quand la patronne des députés PS, Valérie Rabault, a fait remarquer que le chef du gouvernement n'avait "pas prononcé" le nom du président de la République.

Environ 53% des Français ont dit avoir été "choqués" par les propos d'Emmanuel Macron, et 47% "pas choqués", selon un sondage Elabe publié mercredi soir.

Avant que le Premier ministre ne prenne la parole pendant une vingtaine de minutes, les présidents de groupes d'opposition l'ont tour à tour interpellé sur les propos d'Emmanuel Macron, "qui veulent fracturer toujours, encore, tout le temps, la société française uniquement à des buts politiciens" et témoignent d’un "populisme froid et calculateur", selon le patron des députés LR, Damien Abad.

"Assumez-vous ces propos ?", a demandé le communiste Pierre Dharréville. "Excusez-vous de ces propos indignes", a intimé la présidente des Insoumis à l’Assemblée, Mathilde Panot.

La députée et candidate à la présidentielle Marine Le Pen a accusé sur France Info le président de vouloir "persécuter" les non-vaccinés tandis que le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a pointé sur LCI "un contrôle vaccinal à la chinoise".

Christophe Castaner, patron des députés LREM, a appelé à retrouver "la sérénité" quand son homologue du Modem, Patrick Mignola, a égratigné les LR en ironisant sur leur souhait caché que le gouvernement ait recours au 49-3 pour "masquer des divisions" à l'intérieur de leur groupe. "Quand on a annoncé qu’on soutient un texte il faut aller jusqu’au bout", a-t-il tonné.

- Report au Sénat -

A la mi-journée, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avait estimé que les propos d'Emmanuel Macron étaient "très en deçà de la colère d'une très grande majorité des Français". Mais il avait exclu un recours à l'article 49-3 pour faire adopter le projet de loi étant donné qu'une "majorité est prête à le voter".

Les débats à l'Assemblée avançaient lentement mercredi et les députés n'excluaient pas de devoir les poursuivre vendredi, après plusieurs suspensions de séances et des débats houleux ces derniers jours, enflammés par les propos polémiques d'Emmanuel Macron.

Les députés sont parvenus à s'accorder sur l'épineuse question du pass vaccinal pour les mineurs, repoussé de 12 à 16 ans pour les sorties scolaires et activités péri et extrascolaires.

Au Sénat, l'examen du texte, initialement prévu à partir de jeudi, a été reporté à la semaine prochaine, hypothéquant une entrée en vigueur de la loi au 15 janvier.

Le chef de file des sénateurs LR, majoritaires à la chambre haute, Bruno Retailleau, a jugé nécessaire, dans "un climat hystérisé", de "poser le jeu".

Le variant Omicron qui déferle sur la planète a poussé de nombreux pays à multiplier les restrictions sanitaires, dont l'Italie qui a instauré mercredi l'obligation vaccinale pour les plus de 50 ans.

AFP

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