Le bilan humain reste inconnu

Kazakhstan: pour le président, les émeutes étaient une "tentative de coup d'Etat"

  • Publié le 10 janvier 2022 à 14:17
  • Actualisé le 10 janvier 2022 à 14:44

Le président du Kazakhstan a assuré lundi que les émeutes meurtrières dans son pays étaient une "tentative de coup d'Etat", avant de promettre que les troupes russes et d'autres alliés, appelées à la rescousse, repartiraient "bientôt".

La vie reprenait, elle, progressivement à Almaty, la plus grande ville de ce pays d'Asie centrale où les troubles ont été les plus graves. Les autorités ont rebranché par intermittence l'internet, mais les façades calcinées de bâtiments publics et les carcasses de véhicules brûlés témoignent encore de la violence des affrontements.

Lors d'une visioconférence, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a fait le bilan des événements devant son homologue russe Vladimir Poutine et ses autres alliés ayant déployé 2.030 hommes dans l'ex-république soviétique. Lui comme le maître du Kremlin ont promis un retrait de ces forces, une fois leur mission accomplie.

Le bilan humain des troubles, les pires qu'a connu cette ex-république soviétique depuis l'indépendance en 1991, reste inconnu. M. Tokaïev a indiqué que le nombre de victimes civiles était "en cours de vérification". Il a rapporté 16 tués et plus de 1.600 blessés au sein des forces de l'ordre, mais le nombre total de morts se compte en dizaines selon les autorités locales.

Pour le président, son pays a été attaqué par des "groupes de combattants armés" qui se sont servis d'un mouvement de colère et de manifestations liées à une hausse des prix du carburant pour agir. "Leur objectif est apparu clairement: saper l'ordre constitutionnel, détruire les institutions de gouvernance et prendre le pouvoir. Il s'agissait d'une tentative de coup d'Etat", a-t-il dit.

La soudaineté et la violences des émeutes ont conduit le président kazakh à appeler la Russie à l'aide. Un contingent multinational de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance pilotée par Moscou, a été déployé le 6 janvier.

Selon M. Tokaïev ces 2.030 militaires et 250 véhicules devraient quitter "bientôt" le Kazakhstan, Vladimir Poutine confirmant que ses soldats étaient sur place "pour une période limitée". Ces propos font écho à des critiques du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken qui avait jugé qu'il serait "très difficile" de faire partir les militaires russes.

- "Terroristes" -

Après des jours de pillages, d'échanges de coups de feu ainsi que l'incendie de la résidence présidentielle et de la mairie d'Almaty, M. Tokaïev a assuré lundi que "l'ordre constitutionnel (avait) été rétabli". Selon lui, le pays a été victime de forces "terroristes" organisées, incluant aussi bien des "islamistes" que "des criminels", des "casseurs" et des "petites frappes". Ceux-ci auraient profité d'un mouvement de colère lié à une hausse drastique du prix du carburant pour tenter de renverser le pouvoir.

Il a assuré que les forces kazakhes "n'ont jamais utilisé et n'utiliserons jamais la force militaire contre des manifestants pacifiques". Le président avait donné vendredi l'autorisation à la police de "tirer pour tuer sans sommation" sur les "bandits armés". Vladimir Poutine a également estimé que le Kazakhstan avait fait face à une "agression du terrorisme international", évoquant lui aussi des "bandes d'hommes armés", disposant "clairement d'une expérience de combat" et qui étaient selon lui formés dans des "centres à l'étranger".

Il a ensuite averti que Moscou ne tolèrera pas de "révolutions colorées" en ex-URSS, formule récurrente pour décrire des révoltes orchestrées selon le Kremlin par l'Occident dans des pays ex-soviétiques depuis les années 2000. Une journée de deuil était en outre observée lundi au Kazakhstan. L'internet, le réseau téléphonique et les transports en commun ont été progressivement rétablis lundi à Almaty.

Les arrestations massives, elles, se poursuivaient avec près de 8.000 interpellations dans tout le pays, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Outre la hausse des prix, la colère des manifestants était également dirigée contre la corruption endémique dans le pays et contre l'ancien président Noursoultan Nazarbaïev, 81 ans, qui a régné sans partage sur le pays de 1989 à 2019, avant de transmettre les rênes du pouvoir à Kassym-Jomart Tokaïev, un fidèle.

M. Nazarbaïev n'est pas apparu publiquement depuis le début des troubles, sur fond de rumeurs de sa fuite à l'étranger. Son porte-parole, Aïdos Oukibaï, a affirmé samedi que l'ancien président appelait la population à soutenir le gouvernement.

AFP

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