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Présidentielle : campagne au vitriol à l'extrême droite

  • Publié le 4 février 2022 à 17:05
  • Actualisé le 4 février 2022 à 17:14

Le torchon brûle vendredi entre Marine Le Pen et Eric Zemmour, à la veille de meetings importants pour les deux rivaux d'extrême droite engagés dans une guerre de positions qui se joue également à gauche à neuf semaines du premier tour de la présidentielle.

Au-delà des petites phrases au vitriol et accusations de débauchages ou d'entretenir des "liaisons dangereuses" avec des groupuscules néo-nazis, l'enjeu est de taille pour les porte-étendards de l'extrême droite au moment où elle totalise, selon les sondages d'intentions de vote, plus d'un tiers de l'électorat.

Si le président Emmanuel Macron, toujours pas déclaré mais le premier à avoir dépassé les 500 parrainages d'élus nécessaires pour être candidat, reste la cible principale, Mme Le Pen et l'ex-polémiste s'affrontent dans ce qui apparaît de plus en plus comme une primaire sauvage.

Samedi, Mme Le Pen, qui est créditée d'environ 17 à 18% des intentions de vote au premier tour contre 12 à 14% pour Eric Zemmour, réunit quelque 3.000 personnes à Reims pour une "convention présidentielle". L'ex-polémiste attend le même jour environ 8.000 partisans à Lille.

Les deux réunions publiques vont "être un moment intéressant pour savoir si on est en face d'une primaire" entre Marine Le Pen et Éric Zemmour ou "de deux candidatures vraiment différentes", estime le sondeur Jérôme Sainte-Marie. En attendant, l'affrontement entre les deux candidats tourne au règlement de comptes.

Dans un entretien au Figaro jeudi, la candidate du Rassemblement national a dénoncé le "communautarisme" d'Eric Zemmour, autour duquel elle croit retrouver "une série de chapelles", "venues puis reparties" de l'ancien Front national: "Il y a les catholiques traditionalistes, les païens et quelques nazis". "Je suis lassée du bruit et de la fureur", ajoutait celle qui, battue au second tour face à Emmanuel Macron en 2017, a lancé depuis une refondation de son parti et recentré son discours ce dont l'accuse justement le camp Zemmour.

Réponse immédiate dans le camp Zemmour, Gilbert Collard, qui a fait défection du RN, a jugé vendredi sur RTL "extraordinaire de voir que Marine Le Pen utilise contre le mouvement Reconquête! une insulte du type que le Rassemblement national a subi pendant des années".

L'eurodéputé a encore ironisé sur le fait que Mme Le Pen "va finir présidente de SOS Racisme". Pour Eric Zemmour, l'enjeu est d'attirer l'électorat d'extrême droite avec celui situé à la droite des Républicains réunis derrière Valérie Pécresse, où se joue l'autre bataille à droite.

Alors que son mouvement est suspecté d'attirer une ribambelle d'extrémistes dont le Parti de la France, fondé par d'anciens frontistes en 2009, M. Zemmour s'en est défendu cette semaine disant ne pas fréquenter "ces gens-là". "Les gens nazis et antisémites ne me soutiennent pas, ne peuvent pas me soutenir puisque je suis de confession juive", a-t-il estimé mercredi sur LCI.

- Duel Hidalgo vs Taubira -

A gauche, la rivalité s'intensifie aussi, notamment entre la socialiste Anne Hidalgo, qui avoisine les 3% dans les sondages, et l'ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira (autour de 5%).

Malmenée dans les sondages et aux prises avec des dissensions internes au PS, Anne Hidalgo entend poursuivre son chemin coûte que coûte.
"Il ne faut pas se laisser abattre. Il ne faut pas se laisser matraquer par une machine médiatique qui voudrait dire qu'on n'est pas légitime et qui voudrait qu'on retourne se coucher", assurait la candidate à Blois jeudi soir.

Dans un entretien à Libération, Mme Hidalgo estime que les Français "ont attendu tout le quinquennat une avancée de la jambe gauche du chef de l'Etat après la suppression de l'ISF et la baisse des APL. Elle n'est jamais venue". Elle a aussi rejeté toute idée de "rassemblement" avec Mme Taubira, laquelle n'a pas capitalisé sur sa victoire à la primaire populaire et l'échec du rassemblement à gauche.

Pendant ce temps, le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui mène la course en tête à gauche autour de 10% des intentions de vote au premier tour, se rendait au Mans vendredi pour y commémorer la journée nationale des mémoires de la traite et de l'esclavage, tandis que le communiste Fabien Roussel allait en soirée à Marseille à la rencontre de lycéens avant un meeting le weekend.

A ce stade de la campagne, près de 4 Français sur 10 ne savent pas encore pour qui voter au premier tour, et parmi eux 2 sur 10 pourraient s'abstenir, relève une étude Kantar Public-Epoka publiée vendredi.

AFP

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