Opération Barkhane (actualisé)

La France, ses alliés européens dans Takuba et le Canada annoncent un "retrait coordonné" du Mali

  • Publié le 17 février 2022 à 12:05
  • Actualisé le 17 février 2022 à 15:50

La France, ses alliés européens dans Takuba et le Canada annoncent un "retrait coordonné" du Mali. Dans une déclaration conjointe, Européens et Canadiens soulignent leur "volonté de rester engagés dans la région" sahélienne. L'Elysée ajoute que les partenaires internationaux souhaitent "étendre leur soutien" aux pays du golfe de Guinée.

La fin des opérations militaires antidjihadistes Barkhane et Takuba est justifiée par la dégradation des relations avec la junte à Bamako : "Les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies".

Des militaires européens présents au Mali seront redéployés au Niger. Le Sahel et le golfe de Guinée sont des "priorités de la stratégie d'expansion" d'Al-Qaïda et Daech, dit Emmanuel Macron.

Le combat contre les groupes jihadistes au Sahel "ne saurait être la seule affaire des pays africains", a estimé Macky Sall, le président sénégalais, "nous sommes heureux que l'engagement ait été renouvelé de rester dans la région et de réarticuler le dispositif".

Barkhane au Sahel, la plus grosse opération extérieure actuelle de la France, a mobilisé jusqu'à 5.500 hommes sur le terrain en 2020. Elle a entamé sa mue à l'été sur décision du président Emmanuel Macron, qui prévoit de réduire le nombre de militaires français au Sahel à 2.500 ou 3.000 d'ici 2023.

Depuis 2013 et le lancement de l'opération Serval, à laquelle à succédé Barkhane l'année suivante, une génération entière de soldats français a foulé les sables sahéliens pour traquer les groupes jihadistes affiliés à Al Qaïda et au groupe Etat islamique.

Un conflit asymétrique dans une zone semi-désertique vaste comme l'Europe, contre un ennemi souvent soucieux d'éviter l'affrontement direct, mobile et capable de se fondre dans la population. L'arme principale des jihadistes au Sahel: les bombes artisanales, première cause de mortalité et de blessures côté français. Les groupes jihadistes ont également recours à des tirs indirects (tirs de mortiers, roquettes) et sont capables de monter des attaques complexes contre des bases isolées ou des convois.

Face à cette menace mouvante, le dispositif français, réparti sur plusieurs emprises (Gao, Ménaka, Gossi au Mali, Niamey au Niger) mobilise d'importants moyens terrestres, notamment des blindés, dont certains modèles vieillissants présentent toutefois des vulnérabilités face aux bombes artisanales. Les armées ont ainsi entrepris de renforcer leurs véhicules blindés légers (VBL), et commencé à déployer à l'automne dernier le véhicule de transport de troupes de nouvelle génération Griffon, pour remplacer le véhicule de l'avant blindé (VAB).

Quelques centaines de forces spéciales basées au Burkina Faso sont chargées des raids antiterroristes. La France bénéficie aussi de capacités aériennes permettant d'agir rapidement: avions de chasse Mirage 2000, hélicoptères de combat Tigre, Caiman et Gazelle et drones Reaper, armés depuis fin 2019 et qui réalisent aujourd'hui plus de la moitié des bombardements aériens.

- Priorité à la haute intensité -

Au Sahel, 80 % des éliminations de jihadistes "sont le fait de ces moyens aériens" combinés, confiait en 2020 l'ancien chef d'état-major de l'armée de l'Air, Philippe Lavigne.

Mais ce modèle de guerre asymétrique, qui occupait depuis l'Afghanistan une place centrale dans la préparation opérationnelle des soldats, n'est plus la priorité des armées françaises, qui se préparent aujourd'hui à des scénarii de conflit majeur, dit de haute intensité.

Le Sahel et le Mali ont "été notre opération symbolique au cours des dernières années", mais "ce n'est pas la quintessence de ce que l'armée de terre doit être capable de faire", prévenait récemment le chef d'état-major de l'armée de terre française Pierre Schill lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de défense (AJD).

Les militaires français doivent "être capables (...) d'être éventuellement opposés à un adversaire qui serait à parité" , estime-t-il, en allusion à un conflit entre Etats.

"La conflictualité est en train de changer, les pays se sont réarmés et n'hésitent plus à employer la force pour exercer leur volonté", renchérit le général Thierry Burkhard, chef d'état-major des armées. "Aujourd'hui, le +niveau d'emploi+ en bande sahélo-saharienne est d'environ 1.000 à 1.200 hommes. Mais demain, la guerre se déroulera au niveau des brigades et des divisions, soit entre 8.000 et 25.000 hommes".

Un changement de paradigme qui impose d'adapter la préparation des soldats, d'investir dans les nouveaux champs d'affrontements - espace, cyber, réseaux sociaux - et de poursuivre la modernisation des matériels, tout en intégrant des robots et de l'intelligence artificielle dans l'espace de bataille à l'horizon 2040.

"On est dans une période de transition vers une ère qui imposera de changer le format de nos forces armées", juge l'historien militaire Michel Goya. "Or la principale faiblesse de notre outil de défense, c'est sa grande vulnérabilité au changement rapide pour faire face à des surprises stratégiques qui viendront forcément dans les prochaines années".

AFP

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1 Commentaires
Titi974
Titi974
2 ans

La France n'est que la victime de son arrogance, de son comportement haineux et belliqueux, se comportant comme les nazis pendant l'occupation, exécutant des civils en représailles à la mort de ses soldats, 53 soldats tués pour combien de civils abattus.Courage aux Maliens