Chine

Métropoles confinées, usines à l'arrêt à cause d'une flambée de Covid-19

  • Publié le 14 mars 2022 à 12:32
  • Actualisé le 14 mars 2022 à 17:46

Les 17 millions d'habitants de Shenzhen, le centre technologique du sud de la Chine, étaient confinés lundi en raison d'une flambée record des cas de Covid-19, contraignant une usine de fabrication d'iPhones à suspendre ses activités, tandis que des restrictions ont été imposées dans d'autres grandes villes du pays, dont Shanghai.

Les autorités de Shenzhen ont annoncé dimanche l'entrée en vigueur du confinement au moment où apparaissent dans la ville des foyers épidémiques liés au territoire voisin de Hong Kong, où le virus fait des ravages.

Le géant taïwanais de l'électronique Foxconn, principal fournisseur d'Apple, a annoncé lundi la suspension de ses activités à Shenzhen, le confinement affectant le fonctionnement de ses usines.

Foxconn, qui emploie des dizaines de milliers de travailleurs dans la ville, a précisé avoir transféré sa production sur d'autres sites. Shenzhen est l'une des dix villes de Chine à faire actuellement l'objet d'un confinement.

Les autorités sanitaires ont averti que des mesures encore plus strictes pourraient être prises, au moment où la politique de "zéro-Covid" menée par Pékin semble susciter une lassitude au sein de la population, soulevant des interrogations sur son bien-fondé face au variant Omicron.

Les autorités ont recensé lundi 2.300 nouveaux cas à travers le pays. Près de 3.400 avaient été comptabilisés la veille, le chiffre le plus élevé depuis le début de la pandémie. "Il y a eu de nombreux petits foyers épidémiques dans des quartiers et des usines", a déclaré Huang Qiang, un représentant des autorités de Shenzhen, lors d'un point de presse lundi. "Cela laisse penser qu'il y a un risque élevé de propagation au sein de la population et plus de (mesures) de précaution sont encore nécessaires".

- "Tenir bon" -

Des photos partagées avec l'AFP par un habitant de Shenzhen ont montré les entrées d'un complexe résidentiel bloquées par de larges barrières, alors que les habitants s'amusaient sur les réseaux sociaux de la manière dont ils avaient récupéré précipitamment leur ordinateur portable au bureau avant l'entrée en vigueur du confinement.

Les valeurs technologiques ont dégringolé à la Bourse de Hong Kong lundi, les investisseurs s'inquiétant de l'impact de la propagation du virus à Shenzhen, où se trouvent les sièges des fleurons technologiques Huawei et Tencent ainsi que la plus grande usine de Foxconn.

A Shanghai, métropole la plus peuplée de Chine, des quartiers résidentiels sont bouclés et les autorités mettent tout en oeuvre pour éviter un confinement général. La ville a fait état de 170 nouveaux cas lundi, suscitant l'inquiétude des entreprises quant aux difficultés économiques à venir.

Un restaurateur possédant quatre établissements dans différents quartiers a fait part de la difficulté à faire face aux restrictions. "Les politiques sont différentes en fonction des quartiers", a-t-il raconté à l'AFP, sous couvert d'anonymat. "Je veux en fermer un et garder les autres ouverts, et voir comment cela se passe plus tard. Que puis-je faire d'autre que de tenir bon?" D'autres lieux connaissent une situation encore plus compliquée.

- "Poursuivre la stratégie zéro-Covid" -

La province de Jilin, dans le nord-est, a enregistré plus d'un millier de cas pour la deuxième journée consécutive. Au moins cinq villes de cette province sont confinées depuis début mars, dont le grand centre industriel de Changchun, qui comptabilise neuf millions d'habitants.

Si le nombre de cas demeure faible par rapport à la situation vécue dans d'autres pays, il reste remarquable dans le contexte de la Chine où les autorités n'ont de cesse, depuis 2020, d'appliquer une politique de tolérance zéro face à l'épidémie.

Ces derniers jours, au moins 26 responsables de trois provinces ont été limogés en raison de leur mauvaise gestion de l'épidémie, ont rapporté des médias d'État. Jusqu'à présent, la Chine est parvenue à contrôler les foyers épidémiques sporadiques au moyen de confinements locaux, de dépistages de masse, d'un contrôle de sa population par l'intermédiaire d'applications de traçage alors que les frontières du pays restent pratiquement fermées. Mais l'apparition du variant Omicron met à mal cette approche drastique, au moment où la plupart des autres pays ont fait le choix de vivre avec le virus.

Le prestigieux virologue Zhang Wenhong a affirmé lundi que la Chine ne pouvait pas encore assouplir sa politique "zéro-Covid" malgré le faible taux de mortalité lié à Omicron. "Il est très important pour la Chine de continuer à adopter la stratégie Covid-zéro dans un avenir proche", a écrit M. Zhang sur les réseaux sociaux. "Mais cela ne signifie pas que nous allons adopter de manière permanente la stratégie de confinement et de dépistage massif", a-t-il ajouté.

AFP

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